lundi 16 février 2009

:: Guadeloupe : il y a 57 ans, la police massacrait les ouvriers en grève

Tandis que la grève générale en Guadeloupe se poursuit depuis le 20 janvier 2009 et que le gouvernement français joue le pourrissement du mouvement pour éviter de devoir satisfaire les revendications des travailleurs mobilisés, il est bon de rappeler que l'Etat français, pour défendre les intérêts de la bourgeoisie locale et métropolitaine, peut se révéler capable de massacrer let de terroriser les gréviste. Les ouvriers en grève, aujourd'hui, en Guadeloupe, en Martinique, demain à La Réunion et en Guyane Française, s'en souviennent…

[Extrait de Combat Ouvrier du samedi 23 février 2002] 

“Ce jour-là [14 février 1957], la soldatesque coloniale assassinait quatre personnes et en blessait quatorze autres. Elle l'a fait pour se venger, car les ouvriers agricoles en grève avaient, à Blanchet, osé mettre en déroute les CRS.En effet, il faut savoir que les ouvriers agricoles des champs de canne à sucre qui avaient entrepris une grève générale depuis la mi-janvier, luttaient pour empêcher l'ouverture de la récolte cannière que les usiniers blancs voulaient démarrer pour un salaire de 76F/heure , alors que les ouvriers réclamaient 100F/heure.Les patrons devaient aussi aux planteurs les ristournes sur les cannes livrées en 1950 et 1951.C'est le gouvernement PLEVEN qui avait fixé ce salaire minimum en Guadeloupe alors que la Chambre de Commerce évaluait l'augmentation du coût de la vie entre 1938 et 1950 à plus de 187%. Les salaires ouvriers, eux n'avaient pas changé durant la même période. La grève s'est vite étendue.L'ensemble des syndicats : la CGT, la CGTC, syndicat autonome, celui des médecins hospitaliers, le syndicat des enseignants et d'autres …, outrés par la situation se sont regroupés en cartel afin de populariser la grève.Le conseil général présidé alors par NININE (ex maire de Petit Bourg) refusa de voter le budget du préfet si les revendications des ouvriers n'étaient pas satisfaites. Certains maires de gauche interdirent le passage dans leur commune des «chars» (les gros camions) transportant la canne. Ces soutiens aux ouvriers en lutte renforça la détermination des grévistes. Toutes les habitations sucrières (les propriétés) furent bloquées de Ste Rose à Moule en passant par Capesterre B/E, Petit Bourg, Beauport , Etc. Les CRS stationnaient dans les champs et s'affrontaient aux grévistes à coup de grenades lacrymogènes d'un côté, de conques de lambi, de bâtons et de pierre de l'autre.
Mais voilà , après la déroute des CRS à Blanchet, ils occupèrent la ville, le 11 février sillonnant les rues, invectivant et insultant les femmes. Ce siège dura jusqu'au 14 février.

Ce jour là, au petit matin , les CRS arrêtèrent un jeune Moulien du nom de Abouna, ce qui provoqua un ras le bol de la population qui érigea des barricades à la sortie du boulevard Rougé. Vers 11 heures les fusillades éclatèrent. Les CRS tirèrent sur tout ce qui bougeait sans sommation. Quatre personnes furent tuées : Constance Dulac ,Justinien Capitolin, Edouard Dernon, et François Serdot .

Cette tuerie du Moule restera gravée à tout jamais dans la mémoire collective.
A la suite de cette tuerie, le salaire horaire a été fixé par l'administration coloniale à 88 Francs.

Soulignons qu'au cours de ces événements l'administration coloniale représentée par le préfet d'alors, VILLEGER, le gouvernement colonialiste français de René PLEVEN a choisi sans sourciller le camp des patrons”.