Le blog de @recriweb - "Les éléments authentiquement révolutionnaires disposent encore d'un certain délai, vraisemblablement assez bref, pour prendre conscience, pour se rassembler, pour préparer l'avenir" [Trotsky, 22 avril 1936]
Il
y a vingt ans, le 12 septembre 1980, les habitants d'Istanbul et des
grandes villes turques étaient réveillés par un fracas de chars occupant
la rue. L'armée, avec à sa tête le chef de l'état-major, le général
Kenan Evren, venait de prendre le pouvoir. Le gouvernement était démis,
l'Assemblée nationale était dissoute, de même que l'ensemble des partis
politiques, dont les dirigeants étaient arrêtés et les biens saisis, les
syndicats et les grèves étaient interdits. La radio officielle
annonçait que l'armée contrôlait la situation et que le calme régnait
dans l'ensemble du pays. Le général Evren indiquait qu'une nouvelle
Constitution serait mise en place dès que possible et que, après avoir
accompli son oeuvre, l'armée transmettrait au plus vite l'administration
du pays " à un régime démocratique, fondé sur les principes de la
laïcité et du droit ".
Dans l'immédiat cependant, la prise de pouvoir de l'armée se
traduisit par une vague de répression. Selon le bilan fait plus tard par
la presse turque, 650 000 personnes furent arrêtées, 230 000 passèrent
en jugement, dont 7 000 pour lesquelles la peine de mort fut requise.
Celle-ci fut prononcée dans 517 cas, et cinquante personnes
effectivement exécutées. Et ce bilan chiffré ne dit rien des
innombrables exactions, des tortures et des violences en tout genre qui
accompagnèrent l'action de l'armée, des vies brisées, des militants ne
trouvant plus de travail et forcés de s'expatrier.
Instabilité politique et sociale
Le coup d'Etat militaire n'était certes pas une surprise. Depuis que
le fondateur de la Turquie moderne, Mustafa Kemal, s'est appuyé sur
l'armée pour prendre le pouvoir au lendemain de la Première Guerre
mondiale, l'armée turque n'a jamais été bien loin du gouvernement, même
si le régime s'est souvent affublé d'une façade parlementaire. En 1960
et 1971 déjà, l'armée était intervenue pour mettre fin aux jeux
parlementaires et exercer elle-même le pouvoir. Encore une fois, en
cette année 1980, le but de l'armée était, par son coup d'Etat, de
mettre fin à une instabilité politique et sociale qui pouvait devenir
dangereuse pour la bourgeoisie.
Les années soixante et soixante-dix avaient été marquées, en
particulier, par le développement de la combativité ouvrière. Le
développement numérique de la classe ouvrière, sa jeunesse, sa situation
proche de la misère, l'inflation de l'ordre de 100 % par an, tout cela
entraînait le développement de ses luttes. On avait assisté au
développement d'un nouveau syndicat, la DISK (Confédération des
Syndicats Ouvriers Révolutionnaires), formé entre autres par des
dirigeants syndicaux proches du PC turc, et plus combatif que le vieux
syndicat officiel Türk-Is.
A ces luttes répondait souvent la répression, voire l'action armée de
milices d'extrême droite ou bien les provocations des services secrets.
Le 1er mai 1977, place Taksim à Istanbul, des tireurs postés sur les
toits avaient tiré sur les manifestants ouvriers, faisant 34 tués. En
décembre 1978, dans la ville de Kahramanmaras, des milices d'extrême
droite avaient accompli une véritable expédition punitive contre la
population locale, faisant des centaines de morts. Mais ces actions, et
d'autres comportant parfois l'intervention directe de l'armée pour
affronter des grévistes, n'avaient pas entamé la combativité ouvrière.
En même temps, sur le plan politique, l'instabilité dominait, marquée
par l'alternance au pouvoir du Parti Républicain du Peuple du
social-démocrate Bülent Ecevit (aujourd'hui de nouveau au gouvernement)
et du Parti de la Justice, de droite, de Demirel. Mais ces gouvernements
montraient, surtout, leur incapacité à mettre fin à la crise politique,
économique et sociale.
Les actions de l'armée et celles de l'extrême droite étaient une
annonce claire. L'état de siège avait été proclamé dans de nombreux
départements. En janvier 1980 l'état-major avait lancé un premier
avertissement aux " civils " disant qu'elle ne laisserait pas le
désordre s'installer dans le pays. En juillet 1980, l'extrême droite
avait assassiné Kemal Türkler, un des fondateurs de la DISK et dirigeant
du syndicat de la métallurgie. Mais ni les syndicats, ni les
organisations de gauche, ni même celles d'extrême gauche souvent
d'inspiration maoïste ou guevariste, n'étaient prêtes à préparer la
classe ouvrière à faire face à un coup d'Etat.
L'armée contre la classe ouvrière
Pour plusieurs années, celui-ci allait donc faire tomber une chape de
plomb sur la Turquie. Bien sûr l'armée se présentait comme un arbitre
au-dessus des classes, voulant éviter au pays une guerre civile et
notamment stopper le développement du terrorisme dont était responsable
essentiellement l'extrême droite. La répression en Turquie n'atteignit
pas non plus le degré de férocité que l'on avait connu lors des coups
d'Etat des années soixante-dix au Chili, en Argentine. Mais malgré tout,
la répression visait essentiellement la classe ouvrière. L'armée, la
bourgeoisie, l'appareil d'Etat voulaient mettre un coup d'arrêt au
développement de sa combativité et de sa confiance en elle-même, à
laquelle on assistait depuis des années. Le résultat du coup d'Etat fut
de geler pour quelques années toutes les réactions ouvrières, et
notamment ses réactions de défense face à l'inflation, qui n'en continua
pas moins. Ainsi, en quelques années, les salaires ouvriers réels
furent pratiquement divisés par deux. La " stabilisation économique "
que les militaires disaient rechercher fut ainsi payée d'abord par les
travailleurs et la population pauvre.
Dans la période suivante, l'armée allait quitter peu à peu le devant
de la scène politique, mais cela non sans avoir mis en place une
nouvelle Constitution. Un nouveau système électoral à logique
majoritaire limita les possibilités des petits partis d'avoir des élus
au Parlement. Une nouvelle législation sur le droit de grève plaça
celui-ci dans le cadre d'une réglementation très stricte renforçant
énormément le pouvoir des bureaucraties syndicales. Enfin, le rôle
politique de l'armée fut institutionnalisé par la création du MGK, le "
Conseil National de Sécurité ", sorte de super-gouvernement dans lequel
les ministres durent siéger aux côtés des chefs de l'armée.
A partir du milieu des années quatre-vingt cependant, l'emprise de
l'armée allait peu à peu se relâcher. Les anciens dirigeants politiques,
les Demirel et les Ecevit, refirent peu à peu surface. Une certaine
effervescence politique se manifesta de nouveau. Dès 1986 on assista à
de premières grèves. En 1989, il y eut une multiplication des luttes,
les travailleurs bravant l'interdiction de faire grève en déclarant que,
s'ils quittaient le travail en masse, c'était " pour se rendre chez le
médecin "... En 1990-1991, ce fut la grande grève des mineurs de
Zonguldak qui, à plusieurs dizaines de milliers, entamèrent une marche
sur Ankara. Dix ans après le coup d'Etat du général Evren, la classe
ouvrière turque démontrait ainsi qu'elle n'était nullement brisée.
Depuis, les gouvernements qui ont remplacé le pouvoir direct des
militaires se succèdent en se discréditant rapidement. L'inflation qui
oscille entre 80 et 100 % l'an, les scandales de corruption, la
pourriture d'une armée et d'une police gangrenées par l'extrême droite,
l'arbitraire, la torture qui est monnaie courante dans les prisons, tel
est le visage du régime turc même après son retour à la " démocratie "
parlementaire. L'armée a quitté le devant de la scène politique, mais
elle n'en adresse pas moins périodiquement ses remontrances aux
gouvernements civils. Pendant plus de dix ans, c'est elle qui a dicté
pratiquement seule la politique de terre brûlée menée contre la guérilla
du Kurdistan.
Mais depuis des années aussi, c'est ce même régime qui, pour
gouverner contre la classe ouvrière, a largement besoin du secours des
bureaucraties syndicales et de la législation, mise en place par les
militaires, qui renforce celle-ci face aux travailleurs. Et c'est l'aveu
qu'au fond, malgré tout, la classe ouvrière reste une force dont les
dirigeants turcs sont contraints de tenir compte.
Le
peuple palestinien se trouve toujours aujourd'hui dans une situation
tragique. Le processus que l'on appelle " de paix " avec Israël n'a
évidemment rien résolu. Il a permis surtout à Israël de se sortir -
momentanément du moins - du bourbier sanglant dans lequel se débattait
son armée du fait de l'Intifada. Arafat et ses proches, qui ont pesé de
tout leur poids pour mettre un terme à cette " guerre des pierres ", ont
obtenu en échange quelques confettis de territoires en Cisjordanie,
ainsi que le contrôle de ce vaste bidonville que constitue Gaza. Mais la
population palestinienne n'a vu en rien son sort s'améliorer.
Des potentialités révolutionnaires
Pourtant, il y a trente ans, dans les années soixante-dix, de tout
autres perspectives semblaient exister pour le peuple palestinien. Les
organisations nationalistes palestiniennes étaient au sommet de leur
force. Quelques années auparavant, en 1967, la guerre des Six Jours
entre Israël et les pays arabes s'était terminée par la débâcle
militaire de ces derniers. L'occupation de la Cisjordanie par Israël
avait entraîné un nouvel exode massif de population palestinienne, en
particulier vers la Jordanie toute proche. Cette défaite modifia considérablement les rapports de force dans la
région. Elle renforça bien sûr Israël, mais ébranla aussi profondément
tous les régimes arabes qui s'étaient montrés aussi militairement
impuissants. En particulier, la population palestinienne perdit
confiance dans la capacité de ces régimes à résoudre ses problèmes et se
tourna vers les organisations nationalistes, jusque-là très
minoritaires.
C'est ainsi que des dizaines de milliers de réfugiés, jeunes et moins
jeunes, affluèrent dans les organisations palestiniennes, en
particulier vers le Fath de Yasser Arafat ou le FPLP de Georges Habache,
qui proposaient de poursuivre la lutte armée.
La Jordanie, qui possède la frontière la plus longue avec Israël,
devint dès lors le fief de ces organisations. Dans ce pays
semi-désertique, les Palestiniens étaient désormais majoritaires. Les
commandos armés palestiniens avaient pignon sur rue et comptaient plus
de 40 000 combattants, les " fedayins " ; l'armée jordanienne elle-même
était composée en majorité de Palestiniens. De fait, les dirigeants de
l'OLP, l'Organisation de Libération de la Palestine, apparaissaient
comme les futurs maîtres du pays.
Cette montée en puissance du mouvement palestinien posait bien sûr un
sérieux problème au roi de Jordanie, mais il en posait aussi à tous les
régimes arabes, ainsi qu'à l'impérialisme américain et à ses alliés.
Depuis la fondation de l'Etat d'Israël en 1948, les dictateurs arabes
utilisaient la tragédie du peuple palestinien pour justifier les
malheurs de leur propre peuple, et présentaient le problème palestinien
comme celui de tous les Arabes. Ils encourageaient ainsi eux-mêmes les
fellahs égyptiens, syriens, irakiens ou jordaniens à se sentir
totalement solidaires du réfugié palestinien, à partager ses aspirations
et ses espoirs, à se sentir, en un mot, palestiniens.
Tant que les organisations palestiniennes étaient pratiquement
inexistantes, cette démagogie n'avait pas trop de conséquences. Mais
avec leur développement, il en allait différemment. Présents dans de
nombreux pays arabes, les réfugies palestiniens, devenus des combattants
organisés militairement de façon autonome à l'égard des régimes arabes,
étaient désormais un symbole pour tous les pauvres de la région. Et
eux, qui n'étaient que quelques dizaines de milliers dans leurs
organisations, pouvaient devenir un point de ralliement pour des
dizaines de millions d'hommes, pour tous les peuples de la région.
C'était là une énorme force, potentiellement révolutionnaire, qui
constituait une menace, non seulement pour Israël et pour l'impérialisme
mais aussi pour les régimes arabes corrompus, et qui aurait pu
permettre d'affronter l'impérialisme avec des moyens bien différents.
Les Palestiniens n'en avaient sans doute guère conscience et en tout
cas leurs dirigeants ne voulaient pas d'une telle perspective. Au
contraire, Arafat, tout comme Habache qui se présentait pourtant
volontiers comme marxiste, répétaient à tout-va que leurs ambitions
étaient purement palestiniennes et qu'il n'était pas question pour eux
de s'ingérer dans les affaires intérieures des Etats arabes.
Hussein passe à l'action
Mais pour les dirigeants de ces pays, comme pour l'impérialisme, ce
n'était pas suffisant. Les uns comme les autres ne se fiaient que
partiellement à Arafat et à ses compagnons pour contrôler les
Palestiniens.
Le roi Hussein de Jordanie, le plus immédiatement concerné, se
chargea donc de la répression. Pour passer à l'action, on saisit
l'occasion du plan Rogers, un prétendu plan américain de paix qui fut
accepté durant l'été 1970 par l'URSS, les pays arabes, et dont Israël
fit mine de bien vouloir discuter. A ce moment, le Fath et surtout le
FPLP de Habache menaient une campagne de détournements d'avions et
d'attentats. Les organisations palestiniennes furent présentées comme
les saboteurs de toute tentative de paix. Et c'est avec la bénédiction
du monde entier - du leader égyptien Nasser, de l'Américain Nixon ou du
Russe Kossyguine - que Hussein lança ses troupes contre les fedayins.
Le 17 septembre 1970, l'armée jordanienne utilisa ses blindés et son
aviation au sein même des principales villes du pays, pilonnant les
positions des organisations palestiniennes. La direction de l'OLP laissa
les groupes de fedayins complètement livrés à eux-mêmes, sans
directives. Ils furent vaincus les uns après les autres. Leur combat fut
cependant héroïque et, malgré des milliers de morts, les troupes
jordaniennes ne purent en venir à bout rapidement. Cette résistance
acharnée obligea d'ailleurs les Etats arabes, tous complices, à
condamner verbalement Hussein, et celui-ci dut conclure un accord de
cessez-le-feu avec Arafat.
Le leader palestinien, fidèle à sa politique, chercha surtout à
retrouver le soutien de ces dirigeants arabes qui venaient pourtant de
laisser massacrer ses troupes. Il accepta les conditions de Hussein et
fit évacuer progressivement ses combattants hors de Jordanie (en partie
vers le Liban, où un drame similaire allait se jouer quelques années
plus tard).
L'OLP avait laissé les fedayins se battre seuls, sans même les
préparer, et elle venait d'essuyer son premier désastre. Mais surtout,
en refusant de combattre les régimes arabes, qui se révélaient aussi des
ennemis du peuple palestinien, tout comme Israël et l'impérialisme,
elle s'engageait dans une logique de capitulations successives qui
n'allait plus se démentir par la suite, dégradant toujours plus la
situation du peuple palestinien et de ses leaders. On le vérifie plus
que jamais aujourd'hui.
Le
5 septembre 1960 débutait devant un tribunal militaire, à Paris, le
procès de militants algériens du FLN et d'un réseau métropolitain de
soutien à ce dernier, le " réseau Jeanson ", du nom de son initiateur.
Francis Jeanson avait organisé des militants qui se donnaient comme
objectif d'" organiser l'hébergement en France des responsables du Front
et faciliter l'acheminement vers l'extérieur des sommes versées à cette
organisation par les travailleurs algériens ". On les appelait " les
porteurs de valises ".
Le jour même où le procès commençait, fut annoncée la " Déclaration
sur le droit à l'insoumission dans la guerre d'Algérie " dit " Manifeste
des 121 ". 121 personnalités des arts, du spectacle, de la science ou
de l'université, et des plus connus tels Sartre, André Breton, Théodore
Monod, Pierre Boulez, Simone Signoret, y affirmaient courageusement non
pas un soutien de pure forme avec les accusés, mais leur solidarité avec
le combat du FLN. Ils justifiaient également le refus de combattre en
Algérie et la désertion de soldats français.
Cet appel fit grand bruit. Depuis le début de la guerre en Algérie,
en 1954, individuellement ou collectivement, des intellectuels s'étaient
déjà élevés contre tel ou tel crime et méfait de la guerre, en
particulier contre la pratique de la torture. Mais le Manifeste des 121
était le premier du genre à avoir une telle ampleur et surtout un tel
contenu. Venant d'un milieu habituellement peu enclin, sauf exceptions
individuelles, à contester la loi et l'Etat, cette incitation de fait à
la désertion était un camouflet pour celui-ci, pour ses gradés, ses
juges et le gouvernement de Gaulle. Leur réaction ne se fit pas
attendre. Ainsi, certains signataires fonctionnaires furent révoqués,
tel l'universitaire Pierre Vidal-Naquet, ou le mathématicien Laurent
Schwartz, professeur à l'ƒcole polytechnique dont le fils fut même
enlevé par l'extrême droite.
Bien sûr, l'initiative des 121 eut un impact limité, touchant surtout
les enseignants et les étudiants dont bon nombre n'avaient pas la
moindre envie de partir faire la guerre en Algérie. La guerre allait
durer près de deux années encore.
De leur côté, les forces qui en France disposaient alors du crédit et
des militants nécessaires pour tenter de mobiliser collectivement les
masses contre la guerre, le PCF et la CGT, se gardaient bien de le faire
ou ne le firent que de façon très limitée. Jamais elles n'en appelèrent
à la force collective des travailleurs pour refuser à l'Etat et à
l'armée les moyens de leur guerre contre le peuple algérien. Jamais
elles ne tentèrent par exemple de convaincre les travailleurs de refuser
les impôts, le transport des armes ou la fabrication du matériel de
guerre. Le PCF et la CGT critiquèrent même l'incitation à l'insoumission
du Manifeste des 121 sous prétexte que c'était un geste individuel. Or
ces organisations, elles, auraient eu l'occasion de tenter d'organiser
le refus collectif de la guerre en 1955 et 1956, lorsque les
gouvernements de l'époque ordonnèrent le rappel des réservistes puis
l'envoi du contingent en Algérie. En effet, des recrues, des " rappelés "
principalement, tentèrent alors dans plusieurs endroits de bloquer les
trains pour ne pas partir, avec souvent la participation de membres du
PCF ou de la JC. Mais le PCF ne fit rien alors pour essayer d'en faire
un mouvement général et politique contre la guerre coloniale. Pire, en
mars 1956, il vota les pouvoirs spéciaux au socialiste Guy Mollet qui
les utilisa pour étendre la guerre et envoyer justement en Algérie les
appelés du contingent. La principale opposition à la guerre d'Algérie se
manifesta donc dans les milieux intellectuels et étudiants. Le
manifeste des 121, de 1960, puis un peu plus tard les manifestations de
l'UNEF allaient contraindre PCF et CGT à manifester à leur tour. Mais
c'était après six ans de guerre durant lesquels ils étaient restés
passifs, quand ils n'avaient pas carrément apporté leur caution à des
gouvernements qui accentuaient la guerre, comme celui de Guy Mollet.