Le
12 septembre 1977 Steve Biko, leader du Mouvement de la Conscience
Noire (Black Consciousness Movement), mouvement anti-apartheid qu'il
avait fondé, était froidement assassiné dans sa cellule par les
tortionnaires du régime sud-africain. Le gouvernement tenta de faire
croire qu'il était mort à cause d'une " grève de la faim ". Le ministre
de la Justice de l'époque déclara même, avec cynisme, que sa mort " le
laissait froid ". L'assassinat de ce dirigeant du mouvement
anti-apartheid (Nelson Mandela était en prison) ne fit pas taire la
contestation. Au contraire, celle-ci s'amplifia, d'abord au sein du
pays, mais aussi au niveau international. Les instances internationales
telles que l'ONU, qui avaient jusqu'alors marqué une certaine
bienveillance à l'égard du régime raciste sud-africain, furent
contraintes, pour la première fois, de prendre des sanctions.
La vie militante de Steve Biko, médecin de 30 ans, se confond avec celle des masses sud-africaines en lutte contre le régime de l'apartheid et pour leur émancipation sociale. Cette politique de ségrégation raciale, mise en place par le Parti National en 1948 en Afrique du Sud, prétendait se justifier par le développement séparé des races : les Blancs, minoritaires, descendants des colons blancs, dirigeaient le pays, occupaient les postes politiques, détenaient les usines, les grandes propriétés foncières, tandis que les Noirs, majoritaires, étaient considérés comme des citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Ils étaient parqués dans des ghettos (les townships) et des réserves appelées " bantoustans ".
Le pouvoir réprimait violemment le moindre signe de contestation et de révolte. Le Parti Communiste mais aussi l'ANC (l'African National Congress) étaient interdits. Leurs dirigeants étaient arrêtés, emprisonnés, voire assassinés. Bien que la répression du régime sud-africain fût féroce, comme à Sharpeville en 1960 où les forces de répression tirèrent sur la foule, les Noirs d'Afrique du Sud s'organisaient et contestaient de plus en plus le régime raciste blanc. Le mouvement ouvrier s'organisait. Des syndicats se formaient dans la clandestinité. La jeunesse scolarisée se politisait.
Steve Biko prit part à toutes les luttes anti-apartheid de l'époque et devint l'un des leaders nationalistes de la population noire des plus en vue. Il fut plusieurs fois arrêté et jeté en prison.
En juin 1976, le gouvernement décida d'imposer aux élèves noirs l'afrikaans, c'est-à-dire la langue des colonisateurs boers (les premiers colons hollandais). Cela fut à l'origine des émeutes de la jeunesse scolarisée dans le ghetto noir de Soweto, situé dans la banlieue de Johannesburg.
Cette humiliation supplémentaire poussa la jeunesse dans la rue, tant la haine accumulée contre le régime était profonde. La répression des émeutes de Soweto fut sanglante. La police tira sur les jeunes, lâcha les chiens, tandis que tanks et hélicoptères quadrillaient les quartiers pauvres. Le bilan de la répression fut de 1 000 blessés et 1 300 arrestations et environ 600 morts selon les chiffres officiels, sans doute près d'un millier. Le gouvernement accentua la répression en jetant en prison les militants politiques et syndicaux afin de tenter de décapiter le mouvement de contestation populaire. Arrêté et torturé, Steve Biko fut parmi les victimes. Mais les luttes contre le régime de l'apartheid n'en continuèrent pas moins, jusqu'à son abolition en 1991.
Le gouvernement sud-africain, auquel participent désormais Blancs et Noirs, vient de célébrer en grande pompe le trentième anniversaire de la mort de Steve Biko et lui rend hommage. Mais, malgré les changements politiques de ces dernières années, la population noire d'Afrique du Sud est toujours frappée dans sa très grande majorité par la pauvreté, le chômage et la misère. Soweto reste un ghetto comme il y en a encore tant d'autres. 87 % des terres cultivables sont toujours aux mains des grands propriétaires fonciers blancs. Si la ségrégation raciale officialisée fait désormais partie du passé, la ségrégation sociale subsiste pour les masses noires pauvres.
R.C. (LO n°2042)
Le film Le Cri de la Liberté (Cry Freedom), du réalisateur Richard Attenborough, sorti en 1987, retrace la vie militante de Steve Biko et son assassinat par les forces de l'ordre ségrégationnistes. Il met en évidence toute la période de montée des luttes anti-apartheid du peuple sud-africain, évoquant notamment les émeutes de Soweto en 1976.
La vie militante de Steve Biko, médecin de 30 ans, se confond avec celle des masses sud-africaines en lutte contre le régime de l'apartheid et pour leur émancipation sociale. Cette politique de ségrégation raciale, mise en place par le Parti National en 1948 en Afrique du Sud, prétendait se justifier par le développement séparé des races : les Blancs, minoritaires, descendants des colons blancs, dirigeaient le pays, occupaient les postes politiques, détenaient les usines, les grandes propriétés foncières, tandis que les Noirs, majoritaires, étaient considérés comme des citoyens de seconde zone dans leur propre pays. Ils étaient parqués dans des ghettos (les townships) et des réserves appelées " bantoustans ".
Le pouvoir réprimait violemment le moindre signe de contestation et de révolte. Le Parti Communiste mais aussi l'ANC (l'African National Congress) étaient interdits. Leurs dirigeants étaient arrêtés, emprisonnés, voire assassinés. Bien que la répression du régime sud-africain fût féroce, comme à Sharpeville en 1960 où les forces de répression tirèrent sur la foule, les Noirs d'Afrique du Sud s'organisaient et contestaient de plus en plus le régime raciste blanc. Le mouvement ouvrier s'organisait. Des syndicats se formaient dans la clandestinité. La jeunesse scolarisée se politisait.
Steve Biko prit part à toutes les luttes anti-apartheid de l'époque et devint l'un des leaders nationalistes de la population noire des plus en vue. Il fut plusieurs fois arrêté et jeté en prison.
En juin 1976, le gouvernement décida d'imposer aux élèves noirs l'afrikaans, c'est-à-dire la langue des colonisateurs boers (les premiers colons hollandais). Cela fut à l'origine des émeutes de la jeunesse scolarisée dans le ghetto noir de Soweto, situé dans la banlieue de Johannesburg.
Cette humiliation supplémentaire poussa la jeunesse dans la rue, tant la haine accumulée contre le régime était profonde. La répression des émeutes de Soweto fut sanglante. La police tira sur les jeunes, lâcha les chiens, tandis que tanks et hélicoptères quadrillaient les quartiers pauvres. Le bilan de la répression fut de 1 000 blessés et 1 300 arrestations et environ 600 morts selon les chiffres officiels, sans doute près d'un millier. Le gouvernement accentua la répression en jetant en prison les militants politiques et syndicaux afin de tenter de décapiter le mouvement de contestation populaire. Arrêté et torturé, Steve Biko fut parmi les victimes. Mais les luttes contre le régime de l'apartheid n'en continuèrent pas moins, jusqu'à son abolition en 1991.
Le gouvernement sud-africain, auquel participent désormais Blancs et Noirs, vient de célébrer en grande pompe le trentième anniversaire de la mort de Steve Biko et lui rend hommage. Mais, malgré les changements politiques de ces dernières années, la population noire d'Afrique du Sud est toujours frappée dans sa très grande majorité par la pauvreté, le chômage et la misère. Soweto reste un ghetto comme il y en a encore tant d'autres. 87 % des terres cultivables sont toujours aux mains des grands propriétaires fonciers blancs. Si la ségrégation raciale officialisée fait désormais partie du passé, la ségrégation sociale subsiste pour les masses noires pauvres.
R.C. (LO n°2042)
Le film Le Cri de la Liberté (Cry Freedom), du réalisateur Richard Attenborough, sorti en 1987, retrace la vie militante de Steve Biko et son assassinat par les forces de l'ordre ségrégationnistes. Il met en évidence toute la période de montée des luttes anti-apartheid du peuple sud-africain, évoquant notamment les émeutes de Soweto en 1976.
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