jeudi 30 octobre 2008

:: Les portails francophones d'information "alternative"

Il existe quelques portails francophones (ou "agrégateurs de news") qui permettent d'accéder directement à tout ce qui se dit sur la toile en dehors des circuits mainstream de l'information. Le premier d'entre eux, et aussi le plus ancien, est Rezo.net (dit aussi "le portail des copains"). Lancé, je crois, par les animateurs de feu [uZine] et du Magazine de l'Homme moderne, mais surtout tenu aujourd'hui par des personnes de sensibilités différentes qui indexent leurs trouvailles quand elles le jugent nécessaire, ce portail est probablement le meilleur moyen de penser les réalités de notre monde sans se contenter des grands médias. Il puise ses sources dans les publications de la gauche alternative classique (écologiste ou réformiste radicale : Le Monde Diplomatique, Le Plan B, etc.) et dans celles, bien que moins nombreuses, de la gauche révolutionnaire (WSWS, CQFD, voire parfois Lutte Ouvrière), mais il fait également référence aux sites, toujours décalés et souvent contestataires, tenus par des chercheurs ou des journalistes indépendants. Un site incontournable, en somme, dont on regrettera simplement la maquette verdâtre qui commence à se faire un peu vieillotte.

Plus récent, et venu de Belgique : Mouvements.be. Dans un esprit semblable à celui de Rezo, une très bonne adresse (l'ergonomie du site est assez impressionnante) qui partage de nombreuses sources avec le Portail des copains.

A noter aussi l'Autre Reseau qui, en dépit de l'objectif affiché par son titre, ne parvient pas réellement à se distinguer de Rezo.net. Une différence à la rigueur : il s'était manifesté à son lancement en reprenant avec gourmandise les papiers de El Burlador et de Jacques-Marie Bourget contre SinéHebdo...

Je vous donne ici leur fil RSS (feed) à installer dans votre agrégateur :
- Rezo (la sélection) et Rezo (la totale)
- Mouvements.be
- L'autre Réseau

mercredi 22 octobre 2008

:: Shifd, un carnet de notes online ::

Les offres en ligne de carnets de notes (ou de Post-it Notes) sont nombreuses, mais je dois dire que Shidt, la solution proposée par le New York Times, est assez convaincante. Voilà six mois que je l'utilise et je n'ai pas ressentis la nécessité d'en changer.
De quoi s'agit-il ? D'abord, une application Adobe Air (pour Mac and Windows). Vos notes sont accessibles (donc consultables et modifiables) sans passer par votre navigateur : Shifd s'ouvrira dans une petite fenêtre sur votre bureau et c'est de là que vous pourrez conserver toutes les bonnes idées qui vous passent par la tête. La synchronisation est automatique et a lieu environ toutes les cinq minutes.
Bien sûr, vous pouvez également utiliser Shifd dans votre navigateur ou sur n'importe quel autre ordinateur : il vous suffit pour cela d'accéder à votre compte utilisateur. Qui plus est, il est possible de placer dans votre barre personnelle un bouton "shifd this", un bouton qui vous permetttra de mettre directement en notes vos sélections de pages internet, mais également de conserver les liens et les adresses (avec cartes). J'ajoute que Shifd, évidemment, est utilisable sur tous les appareils mobiles : d'ailleurs, officiellement, ce n'est pas un vulgaire "carnet de notes", mais un "service de synchronisation de contenus Mobile-to-PC"...
Enfin, en vrac :
  • vous pouvez partager vos notes ou vos liens sur Facebook, Digg, Reddit ou Delicious ;
  • un moteur de recherche est intégré qui vous permettra de vous retrouver dans vos notes ;
  • deux modes de visualisation sont proposés : "grid" (par catégories) et "list" (par ordre chronologique).
  • les moteurs de recherche Yahoo et Google peuvent être lancés de l'application
Seules réserves : Shifd est encore trop américain (il ne reconnait pas les numéro de téléphone portable européens). Et évitez de mettre des notes de trois pages : il n'en retiendra qu'une partie seulement...

lundi 20 octobre 2008

:: NTIC : des gadgets en pagaille, mais un progrès très relatif ::

Ils sont nombreux, décidément, ceux pour qui les progrès technologiques constitueraient nécessairement un progrès pour la société. C'est énervant.

En fait, le postulat sur lequel s’appuient tous ces ahuris tient dans un rejet frénétique de toute analyse d’ordre social, dans le rejet obsessionnel de toutes idées mettant en avant les rapports sociaux de production pour expliquer la marche des choses. Ce déni permet d’éviter de penser l’histoire en termes de contradictions de classes, ça rassure... Une révolution technologique, ça fait quand même moins désordre qu'une révolution tout court.

Une illusion obscurantiste, en fait. Car penser les forces productives (dont les nouvelles technologies d’information et de communication font partie) comme le moteur autonome de l'histoire, loin d’éclairer les spécificités de notre époque, c'est se mettre le doigt dans l'œil jusqu'au coude. A l’instar, par exemple, de tous ceux qui se pâment devant le « capitalisme cognitif », un supposé nouveau système de production dans lequel l’intégration, le développement et la médiatisation toujours plus poussée des connaissances (l’activité cognitive) constitueraient une composante à part entière de la production de valeur (de la plus-value sans la sueur, c’est pratique)...

En fait, les techniques ne sauraient entraîner à elles seules, de manière autonome, une nouvelle phase de progrès pour l’humanité. Quand rien ne s’oppose à ce que les nouvelles technologies ne servent qu’à gonfler le capital et divertir (et distraire) les consommateurs, le progrès ne peut être que tout à fait relatif. A plus forte raison quand cela fait déjà plus de trente ans que le capitalisme se révèle incapable de développer, à l’échelle mondiale, une industrie productrice de richesses et capable de satisfaire les besoins élémentaires de l’humanité (et accessoirement de reproduire son capital hors la bulle financière).

Oh bien sûr des investissements en biens d’équipement productifs, il y en a, mais, hors remplacement et modernisation du matériel ou rachat d’entreprises déjà existantes, ça ne représente pas grand chose. Parait même que l’impact sur la productivité des « nouvelles technologies » (ordinateurs, semi-conducteurs, puces électroniques, réseaux, téléphones mobiles, etc.) est, somme toute, accessoire...

Tout ça pour dire que le capitalisme qui se cache derrière nos beaux gadgets de l' "économie numérique" (internet, téléphonie mobile, réseaux sociaux, etc.) n’a pas fondamentalement changé de nature depuis un siècle. Il consiste toujours en l’application des bonnes vieilles recettes classiques d’intensification du travail et d’aggravation de l’exploitation (réduction et mise en jachère massive de la force de travail, pression du chômage de masse, intensification du travail, généralisation de la précarité et de la flexibilité, offensive contre les protections sociales, etc.). En fait de « société de l’information », c’est donc bien d’un capitalisme qui, dans un contexte de récession généralisée, s’emploie à durcir ses bonnes vieilles méthodes, qui domine. Un capitalisme qui, loin de muter – quelque soit l’ampleur remarquable des innovations dans le secteur des technologies de l’information et de la communication qu’on a connu ces dernières années –, n’a jamais cessé, partout, d’accentuer la violence sociale exercée sur le monde du travail.

Il ne s’agit donc pas, pour moi, de contester le fait que les nouvelles technologies de production du savoir, du traitement de l’information et de la communication des informations peuvent améliorer les pratiques à travers lesquels les hommes tentent de vivre ensemble. Mais pour que cela devienne réalité, il faudrait que les rapports sociaux s'inversent, que les hommes et les femmes qui travaillent et créent les richesses ne laissent pas les industriels leur imposer partout leur logique du profit à tout prix. C’est à cette condition que les nouvelles technologies pourraient réellement constituer un progrès : quand les moyens disponibles, aussi géniaux les uns que les autres, seront mobilisés pour débarrasser l'humanité de sa misère (tant physique qu'intellectuelle)...

D'accord, ce n'est pas demain la veille. Mais qu'espérer d'autre ?

mercredi 15 octobre 2008

:: bigspy ou de la veille avec un écran de veille ::

Bigspy est un site de visualisation, en temps réel, de l'ensemble du flux Digg : sur fond noir, les articles défilent au rythme des votes qu'ils reçoivent ; et plus l'article est "diggé", plus grande est sa police de caractère. C'est particulièrement bien foutu.
Ceci dit, il faut être un peu marteau pour aller se planter volontairement devant ce type de spectacle, aussi impressionnant soit-il : Digg charrie pas mal de superflu et il n'y est donc pas si fréquent d'y débusquer des informations pertinentes.
Il existe toutefois un moyen de l'utiliser sans se forcer et de laisser faire la chance : installer Bigspy en "screensaver" (écran de veille ou économiseur d'écran : le logiciel est téléchargeable en haut à droite de votre écran bigspy). Après la pause et avant de reprendre votre activité normale, un petit passage en revue de ce qui se dit sur la toile (en particulier aux Etats-Unis, c'est le problème), et hop ! "Echap" pour retourner aux choses sérieuses.

Vous verrez, il y a d'autres formes de visualisation possibles : arc, pics, swarm et stack...

mardi 14 octobre 2008

:: BHL, un "personnage relativement accessoire" # 1 ::

Mais un personnage qui témoigne assez bien (tant par ses ouvrages que par les enthousiasmes qu'ils suscitent) de la particulière vacuité intellectuelle de notre époque. C'est donc une bonne idée du Monde Diplomatique de sortir sur son site un dossier complet sur BHL : "Bernard-Henri Lévy, qui aime beaucoup l’Amérique, connaît sans doute l’expression « work in progress ». Elle signifie, grosso modo, chantier en construction. Chacun des ouvrages de cet auteur suscite un déluge d’articles louangeurs présentant ses propos ou analyses comme autant de fulgurantes transgressions de l’idéologie dominante. Plutôt que de s’obliger à commenter chaque année cet invraisemblable tintamarre qui a pour mérite involontaire de rappeler à intervalle régulier le caractère mafieux de la critique « littéraire » en France, Le Monde diplomatique a constitué un dossier. Davantage que sur un personnage relativement accessoire, il espère informer ainsi sur un épiphénomène significatif de la vie intellectuelle. Son acteur principal et ses très nombreux complices".

L'occasion pour moi de proposer quelques liens sur l'inénarrable :

A écouter aussi sur le site non officiel de Là-Bas si j'y suis, l'émission de Daniel Mermet :