mercredi 30 novembre 2011

:: L'avenir communiste

Le prolétariat parvenu au pouvoir devra en premier lieu exproprier la grande bourgeoisie, les grands groupes capitalistes. Ce ne sera pas, contrairement à ce que disent ceux qui caricaturent le communisme, la fin de la propriété personnelle. Au contraire ! Car, dans notre société aujourd’hui, c’est le grand capital qui prive la majorité de la société de toute propriété, y compris, pour la majorité des hommes, celle de leur propre personne.
La socialisation mettra immédiatement fin à la concurrence et à la rivalité entre les différentes grandes entreprises. Elle réunifiera, par l’intermédiaire d’un plan unique, les éléments épars de la production. Elle recensera les besoins, établissant démocratiquement des priorités pour satisfaire d’abord les besoins les plus urgents. Elle arrêtera les fabrications inutiles ou nuisibles comme celle des armes, pour convertir les entreprises qui les produisent dans la produisent dans la production civile.
Le plan mettre au travail ceux qui aujourd’hui vivent en parasites sur la société, en répartissant le travail entre tous.
Le prolétariat au pouvoir supprimera immédiatement toute frontière, toute barrière, empêchant la circulation des hommes et des biens. Mais il assurera en même temps à tous les peuples, et pas seulement aux peuples disposant aujourd’hui d’un Etat, le droit plein et entier de vivre une existence nationale qu’ils le souhaitent et tant qu’ils le souhaitent. La planification à l’échelle d’un continent, voire du monde entier, peut coexister avec la décentralisation et les plus grandes démocraties et libertés locales et régionales.
Les réalisations sociales impossibles deviendront alors possibles, mettant le développement scientifique, technique, industriel à la disposition de toute l’humanité. Elles permettront de nourrir immédiatement tous les hommes de la terre et de faire sortir de la misère physiologique ce quart de l’humanité, et peut-être plus, qui est détruit par la malnutrition et les maladies et mis au ban de la vie digne d’un être humain de notre époque. Elles permettront de les vêtir, de les loger, de leur assurer une éducation correcte. Débarrassée du gâchis capitaliste, la capacité de production de l’humanité, tout en exigeant moins de travail de chacun des hommes, se limitera à la satisfaction des besoins réels, sans en créer d’artificiels, respectant de ce fait la nature et l’environnement comme jamais la recherche de profit ne pourra le faire.
Soulagés de la dure nécessité de consacrer toute  leur existence à gagner leur vie, comme du désespoir de ne pas la gagner faute de travail, les êtres humains pourront enfin bénéficier du progrès et consacrer davantage de temps à l’éducation.
Car c’est l’organisation capitaliste de la société qui rend la culture, la connaissance, l’instruction élémentaire, même les comportements civilisés, inaccessibles pour l’écrasante majorité de l’humanité.
C’est la possibilité pour ces milliards d’hommes, l’écrasante majorité du genre humain aujourd’hui écartée de tout, d’accéder à l’activité créatrice, à l’initiative, à la responsabilité, qui sera la source d’une évolution inimaginable de l’humanité.
Les Mozart ou les Einstein ne seront peut-être pas plus nombreux, mais plus personne n’en sera très loin.
Alors pourraient disparaître les multiples formes des rapports d’oppression qui découlent de l’inégalité fondamentale entre riches et pauvres, entre savants et ignorants, bourgeois et prolétaires, les rapports d’oppression entre hommes et femmes, entre pays riches et pays pauvres, entre nations puissantes et nations faibles, entre « races ». Ce ne sera pas la fin de l’histoire mais son début véritable, le début de la civilisation. 
Ce n’est pas un rêve, ce n’est pas une utopie, cela l’est en tout cas infiniment moins que de croire en la capacité du capitalisme à devenir meilleur.

Extrait de l'intervention d'Arlette Laguiller du vendredi 14 février 1992 à la Mutualité : "Le communisme est toujours l'avenir du monde !"

Lire les autres extraits :

:: Le communisme, seul avenir de la société #5

:: La capacité du prolétariat à prendre la direction de la société #4

:: Le remplacement de l'économie capitaliste, une nécessité inscrite dans son propre développement #1