lundi 10 janvier 2011

:: alignement de la gauche derrière la social-démocratie [opération en cours]

Extrait de l’article consacré à la "situation intérieure" dans la Lutte de classe 132 (Congrès LO, décembre 2010)

Le « tout sauf Sarkozy » est cependant le dénominateur commun de tout ce qui se réclame peu ou prou de la gauche et de la « gauche de la gauche ». Il est évident que le seul candidat qui ait une chance de l’emporter au deuxième tour contre le candidat de la droite, quel qu’il soit, ne pourra sortir que des rangs du Parti socialiste. Mais dans la foulée de l’élection présidentielle auront lieu les élections législatives où, compte tenu du mode de scrutin, les ambitions des unes et des autres formations se réclamant de la gauche ne pourront être satisfaites qu’à travers des accords avec ce parti, le nombre de députés que pourront espérer les compagnons de route du PS dépendant du nombre de circonscriptions gagnables que celui-ci leur abandonnera.

Les Verts, mis en appétit par leurs succès lors des élections européennes et régionales, n’ont pas l’intention de se contenter des trois sièges qu’ils avaient obtenus en 2007. Cohn-Bendit en revendique 50. Yves Cochet, le député Vert de Paris, 80. Mais à supposer que la direction du PS accepte, il n’est pas sûr que plusieurs dizaines de députés socialistes soient prêts à se faire hara-kiri pour satisfaire les ambitions des écologistes.

Du côté du Parti communiste, la situation est encore plus complexe du fait de son partenariat avec le Parti de gauche de Mélenchon au sein du Front de gauche. Le PCF a certes déjà annoncé lors de la fête de l’Humanité la candidature d’un député du Puy-de-Dôme inconnu du grand public, mais c’est seulement une manière de dire qu’il pourrait présenter un candidat au cas où… et ni son nouveau secrétaire national, Pierre Laurent, ni Marie-George Buffet n’ont fait acte de candidature. En fait la direction du PCF, douchée par le résultat de Marie-George Buffet en 2007 (moins de 2 % des voix), n’a aucune envie de récidiver. Mais elle ne veut pas disparaître – du moins jusqu’à l’approche des élections – derrière Mélenchon, d’autant que la base militante du parti est loin d’être unanime sur la politique consistant à se fondre dans le Front de gauche.

Mélenchon, sénateur de l’Essonne (depuis 1986) et ancien ministre de Jospin (de 2000 à 2002) a certes le vent en poupe. Il peut espérer rassembler sur son nom au premier tour les voix de tous ceux qui, dans l’électorat social-démocrate ou à « la gauche de la gauche », reprochent au PS d’être trop peu radical. Mais il l’a dit, il est toujours prêt à participer à un gouvernement « de gauche », comme il l’a fait dans le passé… pourvu que le PS fasse appel à lui.

Quant au NPA qui est déchiré par des querelles internes, non seulement à cause de l’affaire du voile, mais aussi entre ceux qui pensent qu’aucun accord avec le Parti socialiste n’est possible, et ceux qui sont partisans d’une collaboration avec tous les courants de gauche, il n’a dans cette affaire qu’une importance marginale.

D’une manière ou d’une autre, sans que l’on puisse aujourd’hui en préciser les modalités et les limites, c’est une nouvelle mouture de l’union de la gauche ou de la gauche plurielle que ces gens-là nous préparent aujourd’hui, même s’ils ont assez d’imagination pour trouver une nouvelle appellation pour cet alignement derrière la social-démocratie.