jeudi 13 avril 2017

:: Le programme de Lutte Ouvrière (présidentielle 2017) - Le camp des travailleurs avec Nathalie Arthaud


Interdiction des licenciements,
répartition du travail entre tous

Il faut en premier lieu stopper l’hémorragie d’emplois en interdisant les licenciements et les suppressions d’emplois, en commençant par les entreprises qui font des bénéfices.

Le chômage est une catastrophe sociale, qui touche déjà six millions de personnes dans le pays et qui menace tous les travailleurs. Ce chômage de masse entraîne vers la misère, exclut et marginalise une partie des familles populaires. Il pèse sur l’ensemble de la société, pousse à l’individualisme en mettant les travailleurs en concurrence entre eux. La pression du chômage entraîne aussi la multiplication de formes d’emploi de plus en plus précaires, de l’intérim généralisé aux travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs condamnés à des paies de misère sans même les quelques garanties attachées au salaire.

Le chômage n’a rien d’inévitable. Ce n’est pas le travail qui manque. Le chômage résulte de la guerre que livre le patronat pour maintenir et augmenter ses profits. Le trust pharmaceutique Sanofi vient de distribuer 6,6 milliards d’euros à ses actionnaires, après avoir supprimé 4 000 emplois en sept ans, et il annonce la suppression de 650 emplois de plus  Il faut retirer leur pouvoir de nuisance à ces grands groupes, en les contraignant à ne supprimer aucun emploi, sous peine de réquisition s’ils ne s’y plient pas.

Parallèlement, il faut aussi créer des millions d’emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et pour tous ceux qui n’ont droit qu’à quelques heures de boulot ici et là. C’est possible immédiatement, en imposant que le travail soit réparti entre tous. Ce serait une mesure salutaire pour l’ensemble du monde du travail.

En utilisant l’argent actuellement versé à fonds perdus aux entreprises, l’État devrait embaucher massivement dans tous les services publics où le personnel manque cruellement, dans les hôpitaux, dans l’éducation, les transports… Il manque des millions de logements dans ce pays. L’État devrait les construire en embauchant lui-même le personnel nécessaire, sans passer par les capitalistes du bâtiment. Il devrait ainsi les louer à prix coûtant et garantir des loyers accessibles aux classes populaires.

Dans toute la société, il y a un grand nombre de besoins à satisfaire et donc autant d’emplois à créer. Faire disparaître le chômage, c’est possible et nécessaire 

PME, un prétexte pour protéger les gros 

Quand Nathalie Arthaud défend des mesures vitales pour les travailleurs, interdire les licenciements ou augmenter les salaires, les journalistes lui objectent la situation des petites entreprises qu’elle « pousserait vers la faillite ». Le fait que des millions de travailleurs privés d’emploi, ou qui survivent avec des salaires ou des retraites de misère, soient en faillite chaque mois, ne les émeut pas. Pour eux, il est dans l’ordre des choses que les classes populaires fassent tous les sacrifices et soient servies en dernier. L’argument des petites entreprises est fallacieux. S’il y a 3,5 millions d’entreprises en France, 95 % d’entre elles ont moins de 10 salariés. À l’inverse, moins de 5 000 entreprises emploient la moitié des salariés du privé de ce pays. Et, parmi elles, 243 grandes entreprises emploient le tiers des salariés. Celles-ci dominent l’économie, les autres n’étant que leurs sous-traitants, fournisseurs et prestataires. Ces entreprises, LVMH, L’Oréal, PSA, Bonduelle, etc. appartiennent à des familles richissimes, comme Arnault, Bettencourt, Peugeot, qui ont accumulé, année après année, des fortunes invraisemblables, fruit de la sueur et de la compétence des travailleurs. Selon une récente enquête du Monde, 143 familles bourgeoises françaises contrôlent 22 % de la Bourse de Paris, avec un capital cumulé de 445 milliards d’euros. Il faut commencer par le haut ! En piochant dans ces fortunes, on pourra embaucher des millions de travailleurs, augmenter les salaires, les pensions, financer les écoles ou les hôpitaux. En contrôlant les comptes de toutes les entreprises, on vérifiera laquelle est réellement indépendante et laquelle est une filiale d’une plus grosse. Si une PME a une trésorerie si maigre qu’elle ne peut augmenter les salaires, il faut imposer que sa maison mère, son donneur d’ordres ou sa banque soient mis à contribution à sa place. C’est en faisant payer l’ensemble de la classe capitaliste qu’on évitera à celle des travailleurs de plonger dans la misère.


Augmentation des salaires

Pas un salaire et pas une pension de retraite à moins de 1 800 euros

300 euros d’augmentation pour tous !

L’autre mesure indispensable est l’augmentation des salaires et des pensions. Le patronat, relayé par le monde politicien, explique que les entreprises ne peuvent augmenter le smic. Et pour cause, cela voudrait dire faire passer les besoins vitaux des travailleurs avant leurs profits, avant la fortune personnelle de leurs patrons et actionnaires, avant les sommes invraisemblables que tout ce petit monde considère comme un minimum pour vivre.

Ceux qui nous prêchent la modération salariale, ce sont ces grands PDG dont les salaires ont augmenté de 65 % en dix ans pendant que le smic progressait de 15 % seulement  ou ces politiciens à l’image de Fillon, qui a largement entretenu sa petite famille avec des sommes qu’un ouvrier ne gagne pas dans toute sa vie.

N’importe quelle famille ouvrière au smic peut le constater en faisant ses comptes  après avoir payé les frais fixes, loyer, transport, gaz, électricité, assurances, impôts, etc., il ne reste presque rien pour la nourriture, les vêtements, les loisirs.

Il faut un minimum de 1 800 euros net par mois pour les salaires et les pensions et une augmentation de 300 euros de tous les salaires. Cela ne représenterait qu’un rattrapage après des années de blocage. Quant aux allocations, aux minima sociaux, ils doivent être transformés en salaire. Chacun a droit à un travail utile à la société, adapté à ses capacités. Ce n’est pas une aumône pour vivoter en marge de la société que les travailleurs réclament  c’est au contraire la possibilité d’y trouver leur place, de contribuer à son fonctionnement et de pouvoir en retirer de quoi vivre dignement, sans se priver et sans compter chaque sou.

Et, pour que ce rattrapage ne soit pas réduit à rien par l’augmentation des prix, il faut imposer l’indexation des salaires et des pensions sur le coût de la vie.


Contrôle des travailleurs sur les entreprises

Quand les patrons prétendent ne pas avoir les moyens d’embaucher ou d’augmenter les salaires, ils mentent. Ces mêmes PDG qui imposent aux travailleurs des plans de compétitivité avec blocage des salaires, heures supplémentaires gratuites, ne se gênent pas pour s’accorder des salaires extravagants.

Il faut imposer la transparence des comptes des entreprises, lever le secret bancaire et le secret des affaires que le patronat défend bec et ongles parce qu’ils lui permettent de travestir la réalité ou de cacher aux travailleurs des décisions qui menacent leur avenir, des agissements contraires à l’intérêt des populations ou de l’environnement.

Le groupe Vivarte a annoncé que les enseignes André et Naf Naf étaient à vendre, que La Halle aux vêtements et La Halle aux chaussures allaient fermer des dizaines de magasins et que 2 000 emplois pourraient disparaître. Qu’est-ce qui est responsable de cela ? Sûrement pas les salaires  Un gérant de magasin y est payé 1 400 euros net, tous les autres employés sont autour du smic. Ce qui a tué Vivarte, ce sont des fonds capitalistes qui ont siphonné les bénéfices et ont forcé le groupe à leur emprunter de l’argent à un taux d’intérêt de 11 ou 12  %. Et maintenant ces mêmes fonds veulent détruire le groupe, vendre ce qui peut l’être et empocher l’argent pour continuer ailleurs leurs sales opérations.

Si les salariés du groupe Vivarte avaient connu ces manœuvres financières, ils auraient pu davantage anticiper, s’organiser pour les dénoncer et se défendre.

Il faut permettre aux comptables, aux secrétaires, aux magasiniers, à tous les travailleurs, de communiquer et de centraliser les informations dont ils disposent. Ils pourraient ainsi constater que les licenciements et les suppressions d’emplois sont le plus souvent le résultat d’une politique et d’un choix, celui des capitalistes de privilégier leurs profits au détriment des emplois et des salaires. Les travailleurs pourraient alors imposer que soient préservés les emplois et les salaires, en prenant sur les profits des entreprises et sur les dividendes des actionnaires. Avec les 56 milliards de dividendes versés par les 40 plus grosses entreprises en 2016 à leurs actionnaires, il aurait été possible de créer 1,5 million d’emplois payés 1 800 euros net par mois, cotisations sociales comprises.

En imposant une véritable transparence de tous les comptes, il serait possible de suivre la circulation de l’argent et de mettre en évidence la façon dont les fortunes d’une minorité de riches bourgeois sont alimentées par l’exploitation des travailleurs.

Pour créer les emplois nécessaires et augmenter les salaires, il faudra prendre sur ces fortunes, se saisir de leurs comptes en banque, de leurs patrimoines immobiliers, de leurs châteaux, de leurs hôtels particuliers, de leurs forêts domaniales. Priver de quelques dizaines de milliards Bernard Arnault ou Liliane Bettencourt ne les réduirait pas à la famine. Par contre, ces milliards pourraient servir à financer la répartition du travail entre tous, sans diminution des salaires.

Le secret commercial, le secret bancaire et le secret des affaires font partie des armes du grand capital pour imposer sa domination sur l’ensemble de la société. La levée de ces secrets doit faire partie du programme des travailleurs.


Un programme pour les luttes à venir

Notre programme n’est pas un catalogue de promesses qu’un vote suffirait à faire appliquer. Constitué des objectifs nécessaires à la survie des travailleurs, sa mise en œuvre nécessite de s’en prendre aux profits de la bourgeoisie et de remettre en cause sa domination sur l’économie. C’est un programme de lutte.

Contrairement aux autres candidats, nous ne considérons pas le marché et la concurrence comme des lois de la nature, mais comme les bases d’un système qui ne fonctionne que pour une minorité.

Nous sommes pour mettre fin, par l’expropriation de la grande bourgeoisie, à la dictature que cette minorité capitaliste exerce sur l’économie. La société devrait être organisée sur des bases collectives. Les grands moyens de production, les usines, les banques, devraient appartenir à l’ensemble de la société, afin de les faire fonctionner dans l’intérêt de tous et pas pour le profit d’une petite minorité.

Il ne suffit pas d’un programme pour déclencher les luttes nécessaires pour renverser le rapport de forces dans la guerre sociale que la bourgeoisie mène contre les travailleurs. Mais, lors des prochains coups de colère, lors des prochaines mobilisations, les travailleurs devront avoir des objectifs communs, une politique permettant d’unifier leurs combats. Populariser un tel programme, discuter des moyens d’imposer nos intérêts vitaux, se mettre en ordre de marche, au moins dans nos têtes, c’est le début du combat.