vendredi 31 mai 2013

:: 27 mai 1943, création du Conseil national de la résistance : l'allégeance du PCF à De Gaulle et à l'ordre bourgeois


Le 27 mai 1943, dans un Paris occupé par l'armée allemande, les délégués de tous les mouvements de résistance, ceux des partis politiques opposés au régime de Vichy ainsi que ceux des syndicats, se réunissaient sur l'initiative de Jean Moulin. Il s'agissait, suivant le vœu de de Gaulle, dont Jean Moulin était le représentant en France occupée, de constituer un organisme officialisant le ralliement de l'ensemble des forces politiques au général réfugié à Londres. En particulier, cette réunion et la création du Conseil national de la résistance qui en découla, concrétisaient le ralliement du Parti communiste français à de Gaulle.

Le PCF, seul parti réellement présent dans la population et particulièrement dans la classe ouvrière, organisateur de différents mouvements de résistance et formé de militants nombreux et dévoués, donnait ainsi à de Gaulle le crédit nécessaire auprès des Alliés d'abord, de la population française ensuite, pour pouvoir prétendre incarner le nouveau pouvoir politique au moment de l'écroulement prévisible du régime de Vichy. Mais pour faire quoi ?

La peur de mouvements révolutionnaires

Au mois de mai 1943, la défaite de l'Allemagne se dessinait et, pour les états-majors et les hommes politiques bourgeois, il s'agissait de préparer la transition. Le souvenir de la fin de la Première Guerre mondiale était encore bien présent. En 1917, après trois années de guerre, les mutineries au front, les grèves à l'arrière, la colère et la haine des fauteurs et profiteurs de guerre, avaient conduit à la révolution en Russie, puis en Allemagne et en Hongrie, et dans nombre d'autres pays à de puissants mouvements contestant le pouvoir de la bourgeoisie. Ce souvenir venait d'ailleurs d'être ravivé, en mars 1943, par les grèves ouvrières d'Italie. Il fallait empêcher que la fin de la guerre entraîne de nouveau de tels mouvements révolutionnaires.
À la question générale du maintien de son ordre social, la bourgeoisie française ajoutait celle du maintien de son empire colonial, source d'une bonne partie de sa richesse. Passer du camp des vaincus, celui de l'Allemagne, au camp des vainqueurs, celui des États-Unis, et retrouver le statut de grande puissance pouvait s'avérer délicat.

Il allait falloir pour cela que l'État, son administration, son armée, soient capables d'assurer l'ordre après le retrait de l'armée allemande et la fin du régime de Vichy. Il allait aussi falloir continuer la guerre, faire repartir l'économie, intervenir immédiatement le cas échéant dans les colonies. Pour tout cela, de Gaulle avait besoin en particulier de l'allégeance du PCF et de son engagement à ne pas mener, à la fin de la guerre, une politique révolutionnaire. Staline, à la tête de l'URSS, avait assuré aux Alliés que les Partis communistes sous sa coupe collaboreraient au rétablissement de l'ordre bourgeois. Ceux-ci avaient d'ailleurs déjà largement montré, dans les années trente, leur rupture totale avec une politique révolutionnaire.

Le programme bourgeois du CNR...

Évidemment, rien ne pouvait se faire sous le simple mot d'ordre du retour à l'ordre ancien, ne serait-ce que parce que la guerre et son cortège d'horreurs étaient justement sortis de celui-ci. Il fallait, particulièrement pour le PCF, un programme, un discours permettant de prétendre que rien ne serait plus jamais comme avant. Le CNR allait donc établir un programme, adopté officiellement le 15 mars 1944, ne proposant rien moins que « l'éviction des grandes féodalités économiques et financières de la direction de l'économie ». Cela devait se faire par la nationalisation des transports, de l'énergie, d'une partie des finances ; l'existence d'une presse libérée des pressions financières ; la création d'un système de Sécurité sociale et de retraite ; une extension des droits politiques des peuples coloniaux.
Aux travailleurs qui avaient souffert du rationnement, on promettait une amélioration, non chiffrée et qui allait mettre des années à venir. Aux capitalistes, on annonçait « l'établissement d'un impôt progressif sur les bénéfices de guerre et plus généralement sur les gains réalisés au détriment du peuple et de la nation pendant la période d'occupation ».Pour une classe composée dans sa totalité et par nature de profiteurs de guerre ce n'était pas cher payé.

... et son application

Les nationalisations allaient être effectives après la fin de la guerre sous le gouvernement de de Gaulle auquel participèrent des ministres PCF. Mais, loin d'être une mesure « sociale », elles étaient une nécessité pour le redémarrage de l'économie capitaliste et eurent lieu dans tous les pays, en Europe comme au Japon. Les entreprises furent d'ailleurs payées rubis sur l'ongle à leurs propriétaires.

Pour tous droits politiques, les peuples coloniaux eurent dès le 8 mai 1945 les massacres de Sétif, en Algérie, puis encore près de vingt ans de guerres coloniales.

En France, les quelques mesures sociales, comme la mise en place de la Sécurité sociale, ne coûtèrent en fait pas grand-chose à la bourgeoisie et ne furent que le prix à payer pour donner l'illusion d'un progrès social et permettre au PCF de brandir cet alibi.

Dans ces conditions, l'union sacrée de tous les partis derrière de Gaulle pour éviter des troubles révolutionnaires, assurer la continuité de l'État et conserver l'empire, put fonctionner. Et, comme on peut le constater aujourd'hui aux coups qu'elles portent aux travailleurs, les « féodalités économiques et financières » dirigent toujours l'économie, et par là toute la société. Elles n'ont jamais été menacées, ni en 1945 ni après. Et elles doivent d'avoir coulé ces jours heureux, après avoir mis la planète à feu et à sang dans deux guerres mondiales, au fait que la classe ouvrière n'a pas contesté leur pouvoir politique. Par l'intermédiaire des Partis communistes et en particulier en France du PCF, le mouvement ouvrier a été domestiqué et mis au service de la bourgeoisie et de son État. Les prétendues « conquêtes de la Libération » ne furent que le maigre pourboire versé par la bourgeoisie aux appareils politiques et syndicaux encadrant les travailleurs, sous la forme de places dans ses institutions.

C'est ce reniement de toutes les traditions révolutionnaires, cet asservissement volontaire des partis et syndicats ouvriers, qui ont été présentés pendant soixante-dix ans comme un titre de gloire par les dirigeants du PCF et d'une partie de la gauche. Ceux-ci continuent de célébrer le Conseil national de la résistance et son programme comme l'exemple même d'une politique sociale. Mais, s'il démontre quelque chose, c'est surtout leur belle constance dans la tromperie à l'égard des travailleurs.

Paul GALOIS (LO, mai 2013)

jeudi 30 mai 2013

:: 28 mai 1871, fin de la "Semaine sanglante", la Commune de Paris est morte

Cadavres exquis, La Semaine Sanglante, 1870En 1871, le 28 mai était, comme cette année, un dimanche. Ce jour-là était le dernier de la Commune de Paris, la dernière barricade, celle de la rue Ramponeau, tombait.
Quatre-vingt dix années de luttes et de souffrances ont pu passer, des milliers de Varlin et de Louise Michel ont pu donner leur vie, mais le Parti Communiste Français ose encore aujourd’hui, devant ce Mur des Fédérés, où il va insulter les « Communards » chaque année, se faire le chantre des libertés démocratiques et mettre au premier rang de ses préoccupations la défense de la République bourgeoise. Qu’y a-t-il de commun entre nos modernes apôtres de la démocratie « rénovée » et les hommes qui moururent sous les balles toutes « républicaines » de Monsieur Thiers ?
Si, durant l’hiver 1870-71, le prolétariat parisien avait combattu contre l’envahisseur allemand, ce n’était que le prélude à un combat plus fondamental, celui qu’il allait mener contre l’ennemi « dans son propre pays ». Conservant leurs armes et leur Garde Nationale, les ouvriers parisiens transformèrent les provocations du Gouvernement et de son M. Thiers en une victoire prolétarienne, consacrée par la proclamation de la Commune de Paris.
Dès lors, il ne s’agit plus pour l’avant-garde révolutionnaire, internationalistes et blanquistes, de « transformer », de « rénover » l’Assemblée Nationale et la République. D’ailleurs celle-ci, à peine née, n’eut que le temps de dévoiler son véritable visage : celui de la dictature de la bourgeoisie. En effet, peu à peu, toutes les illusions engendrées par la tradition de 1789 et de la Grande Commune de 1792, parmi les ouvriers, vont s’évanouir et les mesures que prirent les membres de la Commune portent la marque de la lutte à mort qui s’était engagée, car elles visaient quelque chose de plus fondamental qu’un Ministère ou qu’une Assemblée : l’État bourgeois. Toute l’administration fut soumise au suffrage universel, juges et fonctionnaires furent éligibles et révocables à tout moment, les salaires des membres de la Commune ne devaient pas être supérieurs à ceux des autres travailleurs.
La Commune décida la suppression de la conscription, et la dissolution de l’armée permanente, remplacée par le peuple en armes.
C’est cela qui fit trembler la bourgeoisie, unie dans sa terreur et dans sa haine aux envahisseurs d’hier, c’est ce prolétariat armé et organisé, déjà sûr de sa force. Elle devint dès lors d’autant plus féroce qu’elle avait vu sa fin toute proche ; elle se ressaisit, et les ouvriers de Paris durent affronter ses mercenaires, au bout d’à peine deux mois d’existence.
Le 21 mai, les troupes versaillaises entraient dans Paris ; elles avancèrent à peu très sans encombre à travers les quartiers Ouest, puis dès le Centre se heurtèrent à la résistance du prolétariat. La Commune ne veut pas mourir, les Fédérés combattent avec acharnement. Ils luttent jusqu’au dernier moment ; tout Paris combat, et les hommes de M. Thiers massacrent hommes, femmes et enfants. Pierre à pierre, les Fédérés défendent leurs quartiers. Sans illusions. Le 28 mai, les pentes de Belleville et le Père-Lachaise voient mourir les derniers Communards. Mais il en reste encore beaucoup trop pour les bourgeois, et ils s’acharnent alors en fusillades de prisonniers, en arrestations et en déportations..
Les ouvriers parisiens avaient proclamé la commune dans un esprit de fraternité, ils avaient respecté la sacro-sainte banque de france, ils n’avaient fusillé d’otages que contraints. la commune n’a usé de la violence que lorsqu’elle y était acculée par la sauvagerie des bourgeois et leur acharnement à reprendre le pouvoir entre leurs mains. ce sont en grande partie leurs généreuses illusions qui ont perdu les communards.
La bourgeoisie, elle, a montré qu’elle ne faisait pas de cadeaux, que pour maintenir sa domination, elle était prête à employer tous les moyens : la parure démocratique lorsqu’elle peut s’en offrir le luxe, la terreur sanglante autrement.
Dans ces conditions, toute concession à l’idéologie démocratique et républicaine devient une trahison pure et simple et le prolétariat n’a qu’une seule ressource : celle d’instaurer sa propre dictature, pour préparer la construction d’une société où régnera la seule démocratie possible, celle d’une société sans classes.
Telle est la leçon que nous ont léguée les Communards. Ils l’ont payée de leurs souffrances et de leur vie. Et ceux qui, aujourd’hui, contribuent à répandre des illusions qui ont coûté et qui coûtent encore si cher ceux qui se font les apôtres des Fronts Populaires, de l’Union Sacrée et de la démocratie dont ils veulent nous persuader qu’elle est « rénovante », ces hommes qui ont le front de revendiquer la tradition et le drapeau de la Commune de 1871, n’agissent une nouvelle fois que comme des détrousseurs de cadavres.

La « Semaine Sanglante ». Extraits de « HISTOIRE DE LA COMMUNE DE 1871 - LISSAGARAY 
« Depuis les grandes pestes, on n’avait vu de telles charretées de viande humaine. Aux contorsions de la violente agonie, il fut aisé de reconnaître que beaucoup, enterrés vifs, avaient lutté contre la terre. Des cadavres étaient si putréfiés qu’il fallut en wagons clos les conduire à grande vitesse dans des fosses à chaux ».
« Les victimes mouraient en silence, sans fanfaronnade. Beaucoup se croisaient les bras, d’autres commandaient le feu. Quelques femmes et des enfants suivaient leur mari, leur père, en criant : « Fusillez-nous avec eux ! ». On vit quelques femmes, étrangères à la lutte, mais affolées par ce carnage, tirer sur les officiers et ensuite se jeter contre le mur dans l’attente de la mort ».
« Il n’y eut plus qu’un gouvernement : l’armée qui assassinait ».
« Dans les fossés se déroulent des combats à l’arme blanche. Les ennemis roulent et meurent dans les tombes. L’obscurité n’empêche pas le désespoir ».
« La lutte terminée, l’armée se transforma en un vaste peloton d’exécution ».
« Les hécatombes asiatiques peuvent seules donner une idée de cette boucherie de prolétaires ».
Le sang courait dans les ruisseaux de la prison ».
« Le mur était taché de matière cérébrale et les soldats barbotaient dans le sang ».
« Aux portes, les femmes des ouvriers, assises, la tête entre les mains, regardaient fixement au loin, attendant un fils ou un mari qui ne reviendraient jamais... ».

Voix ouvrière, Lutte de classe, n°15 (30 mai 1961)

mercredi 22 mai 2013

:: La situation intérieure - Allocution de Nathalie Arthaud le dimanche 19 mai 2013 à la fête de Lutte Ouvrière


Travailleuses, travailleurs, camarades et amis, je vous souhaite la bienvenue à la fête de Lutte Ouvrière. La journée est pluvieuse mais j’espère que la fraternité et la bonne humeur la rendent plus chaleureuse.
Le gouvernement Hollande a un an et il a perdu tout crédit dans les classes populaires. Tous ceux qui croyaient qu’avec Hollande, cela ne pouvait pas être pire qu’avec Sarkozy, ne peuvent que se rendre à l’évidence : c’est pire. Ce n’est pas une question de caractère ou de personnalité, et ce n’est même pas une question de politique, car la politique de Hollande et celle de Sarkozy se ressemblent comme deux gouttes d’eau ; c’est que la crise économique s’aggrave, et les attaques du patronat aussi.
La politique menée par le grand patronat est celle que l’on connaît depuis que la crise a éclaté : l’aggravation de l’exploitation, le blocage des salaires, la multiplication des petits boulots, les suppressions d’emplois, les fins d’intérim, le renvoi des CDD. Pour sauver leurs profits, les grands groupes ferment des usines, se délestent de leurs filiales les moins rentables, stoppent leurs contrats avec les sous-traitants, dont on ne compte plus les liquidations judiciaires.
Depuis près de deux ans, il y a chaque jour 1 000 chômeurs supplémentaires qui vont pointer à Pôle emploi. Vous l’avez peut-être entendu, Hollande, pour faire du zèle vis-à-vis du patronat, a décidé d’enseigner l’esprit d’entreprise aux collégiens ; eh bien il ferait mieux de leur apprendre la condition de chômeurs, parce que c’est ça, l’avenir qu’il réserve à la jeunesse !
Bien sûr c’est le grand patronat qui licencie et qui sème la désolation dans le pays, mais le gouvernement en est le complice, le serviteur fidèle. Est-il intervenu auprès de la direction de PSA pour qu’elle révise sa position de fermer l’usine d’Aulnay ? Non ! Et Petroplus, Goodyear, Doux ou Virgin ?
Hollande ne s’était pas engagé à grand-chose vis-à-vis des travailleurs, mais même sur le peu qu’il avait promis, on l’a vu aller de reniement en capitulation.
Enterrée, la promesse faite devant les ouvriers d’Arcelor Mittal qu’il ferait tout pour trouver un repreneur pour les hauts-fourneaux de Florange ! Oubliés, ses grands mots contre la finance ! Trahie, la promesse qu’il n’augmenterait pas la TVA !
Quant à la réforme de Sarkozy sur les retraites qui était, disait-il, injuste, il va l’aggraver en essayant d’y associer les confédérations syndicales.
Oui, il y a de quoi être écoeuré par ce double langage et de quoi être en colère. On a dit pis que pendre de Cahuzac, et il le méritait ! Mais si le mensonge de Cahuzac a suscité l’indignation générale, qui s’indigne de ce que Hollande a menti pour se faire élire, qui s’indigne de ce que, une fois élu, il fait le contraire de ce qu’il avait promis ?
Ce sont là des mensonges plus lourds de conséquences pour nous tous, mais ils sont excusés. Au Parti socialiste, tout le monde les justifie, en expliquant que c’est la crise, que l’arriéré laissé par Sarkozy était pire que ce qu’ils croyaient…Mais Hollande n’a pas découvert à l’Elysée les projets de Mittal, il n’a pas découvert non plus l’état d’endettement du pays !
Il y a un an, au moment de la présidentielle, nous avons dénoncé la mascarade électorale en disant : « Si futur gouvernement socialiste il y a, il fera ce que la finance imposera. Si Hollande est élu, les coups au lieu de venir de la droite, viendront de la gauche (…). Il ne peut pas y avoir un « bon » gouvernement de gauche en cette période de crise ! La bourgeoisie ne laissera de place qu’à un gouvernement de combat contre la classe ouvrière. »
Après un an de gouvernement Hollande-Ayrault, la démonstration est faite.
Lorsque la bourgeoisie a de bonnes affaires en vue, elle peut consentir aux dirigeants politiques de gauche des concessions pour les travailleurs.
Par temps de crise, c’est l’inverse. Ce que le marché n’est plus capable de rapporter au grand patronat, il le prend sur les travailleurs, sur les salaires, sur les conditions de travail. Il ne peut pas y avoir de miracle, moins il y a de production, moins il y a de perspectives de profits, moins de miettes tomberont de la table capitaliste.
Hollande prêche le compromis, la négociation entre les travailleurs et le patronat. Comme s’il était possible de ménager la chèvre et le chou ! La classe capitaliste mène une guerre d’autant plus féroce contre les travailleurs qu’elle est affolée par la crise de sa propre économie.
La seule politique qu’elle accepte de la part de ceux qui gouvernent, c’est celle qui lui permet de préserver ses profits et sa fortune en écrasant les conditions d’existence des travailleurs. Et c’est cette politique-là que Hollande met en œuvre.
La bourgeoisie et le gouvernement Hollande, qui est son bras armé, ne nous laissent pas le choix ! C’est leurs profits ou nos salaires ! Leur compétitivité ou notre santé ! Nos retraites ou leurs fortunes ! C’est leurs sinécures ou notre peau ! C’est la guerre sociale.
Dans cette guerre sociale, les travailleurs ne disposent pas d’autres moyens que leur lutte collective, avec leurs armes : les grèves, les manifestations, pour défendre leurs intérêts de classe.
En France la guerre sociale n’a pas encore la brutalité de celle menée en Grèce, en Espagne, au Portugal ou en Italie. La France part de plus haut, c’est un pays économiquement plus puissant, qui a accumulé au fil du temps plus de richesses notamment en pillant et en colonisant une grande partie de l’Afrique.
La bourgeoisie a donc pu, dans le passé, concéder aux exploités toute une série de droits, mais ils sont en train d’être démolis. Regardons vingt ans en arrière : quand on était embauché, sauf accident ou choix personnel, c’était pour la vie. Aujourd’hui, quel jeune imagine décrocher un CDI ? Le CDI est devenu un privilège extraordinaire, la norme maintenant c’est le travail à la commande, le travail à la tâche comme au 19ème siècle !
Il reste encore des amortisseurs sociaux, comme ils disent, mais jusqu’à quand ? Les aides familiales, les allocations logement, les pensions d’invalidité, sont plus restrictives. Les services publics fonctionnent de moins en moins bien, ils sont de plus en plus payants, de moins en moins publics.
Alors que tout le monde, à droite comme à gauche, s’est toujours gargarisé du modèle français de protection sociale avec la sécurité sociale, voilà que de plus en plus de voix se font entendre pour la remettre complètement en cause.
Quant aux droits à la retraite, ils reculent depuis trente ans, et le vol de nos retraites va continuer avec Hollande. Avec la loi sur la flexibilité, le gouvernement Hollande en a déjà fait plus pour aggraver les conditions de travail qu’en dix ans de droite.
Du nord au sud de l’Europe, ce sont les mêmes reculs, les mêmes sacrifices contre les travailleurs, que le gouvernement soit de droite, de gauche, une coalition gauche-droite ou droite-extrême-droite. A chaque élection, les uns comme les autres cherchent à se différencier, à s’opposer mais quand ils gouvernent, ils mènent la même politique : celle que la bourgeoisie leur dicte.
Les chefs d’Etat ne sont que des pantins dans les mains de la bourgeoisie. Aujourd’hui Hollande est un pantin dans les mains de Mittal, de la famille Peugeot, Bettencourt. Mitterrand, Chirac, Sarkozy, l’ont été dans le passé. Mélenchon, s’il devenait président, le serait aussi, parce que le pouvoir qui s’impose à eux est le pouvoir des grands groupes capitalistes, dont la politique se résume à exploiter toujours plus les travailleurs et à mettre les caisses publiques en coupe réglée.
Par les temps qui courent, le gouvernement ne peut qu’être le bras armé de la bourgeoisie contre les exploités. Comprendre cette vérité-là est le début de la conscience de classe.
La défense des intérêts des travailleurs n’est pas une question de jeu politique, d’élections et de premier ministre, c’est une question de rapport de force entre la bourgeoisie - la grande bourgeoisie - et les travailleurs. Contrairement à la propagande qui consiste à faire croire que la lutte de classe fait partie du passé, elle est là, elle est féroce, et surtout elle est à sens unique. Dans cette lutte, il n’y a que la bourgeoisie qui donne des coups. C’est cela qu’il faut changer.
Pour inverser le rapport de force, les travailleurs ne pourront faire l’économie d’une lutte massive, explosive, qui fasse peur à la bourgeoisie comme elle a eu peur en juin 1936 avec les occupations d’usine, comme elle a eu peur en mai 1968.
Nous sommes des militants et nous savons qu’on ne peut pas déclencher les luttes en appuyant sur un bouton. Personne, aucun parti, aucune confédération syndicale, ne peut décréter la mobilisation générale des travailleurs.
Mais les luttes se préparent, dans les têtes et dans les consciences. Dévoiler la politique de la bourgeoisie, dénoncer le jeu de ses serviteurs politiques, dire la vérité aux travailleurs, les armer politiquement, moralement, c’est ce que les directions syndicales pourraient et devraient le faire.
Au lieu de cela, les dirigeants syndicaux passent leur temps en conciliabules avec le gouvernement et le patronat. Je ne parle pas des militants syndicalistes, qui se démènent comme ils peuvent sur le terrain. 
L’encre des accords sur la flexibilité n’est pas encore sèche que le gouvernement et le patronat ouvrent déjà un nouveau cycle de conférences sociales sur les retraites.
Alors que tout le monde a compris que le patronat n’est pas disposé à faire de cadeaux et qu’il ne veut négocier que des reculs pour les travailleurs, pourquoi cautionner ces négociations bidon ?
Ceux qui entrent dans le jeu du gouvernement et du patronat ne sont que des bureaucrates qui croient pouvoir monnayer leur signature contre quelques avantages mineurs pour les travailleurs ou pour leur boutique syndicale. Mais quand ils finissent par signer des reculs honteux pour les travailleurs en les faisant passer pour des avancées, comme cela a été le cas pour les accords compétitivité, c’est une trahison des intérêts matériels des travailleurs mais c’est aussi une trahison morale.
On ne peut reprocher à personne, et pas même aux directions syndicales, de ne pas réussir à stopper les attaques patronales. Mais appeler un recul une avancée, c’est désorienter les travailleurs, c’est les tromper et les désarmer pour l’avenir.
C’est en étant fermes et déterminées elles-mêmes sur les objectifs, en disant la vérité, que les directions syndicales pourraient redonner confiance aux travailleurs. En ne le faisant pas, elles montrent qu’elles ne sont pas dans leur camp.
Les directions syndicales ne veulent pas impulser les luttes ni les préparer par une politique volontariste. Elles peuvent y être entraînées par la pression des travailleurs eux-mêmes, pour ne pas perdre tout crédit aux yeux des ouvriers. Mais on ne peut pas compter sur les directions syndicales pour préparer les luttes indispensables à venir, pour inspirer confiance.
En tant que communistes révolutionnaires, nous avons la ferme conviction que les travailleurs, les exploités, sont capables de diriger, démocratiquement, la société ! Infiniment mieux en tout cas que le grand capital, la bourgeoisie et leurs serviteurs politiques. Eh bien nous pensons, à plus forte raison, que les travailleurs sont capables de diriger eux-mêmes, démocratiquement, leurs propres luttes !
Alors oui, ce sera aux travailleurs eux-mêmes d’impulser leurs luttes, de les organiser et de les diriger ! Ils en ont la capacité et, lorsqu’ils en ont la volonté, tout devient possible.
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Cela fait des années qu’il n’y a pas eu de grandes luttes collectives. Mais il y a toujours ici et là, des luttes, des grèves, des manifestations.
Ces luttes sont d’autant plus difficiles qu’elles sont isolées, menées entreprise par entreprise. Ce sont des luttes où les travailleurs se retrouvent à se battre dos au mur, mais ils se battent quand même ! Ils se battent parce qu’ils veulent dire non ! Parce que s’il y a une chose qu’ils peuvent préserver, c’est leur conscience et leur dignité !
J’en profite ici pour rendre hommage aux ouvriers de l’usine PSA d’Aulnay qui ont fait grève pendant quatre mois. Pendant leurs quatre mois de grève, ils ont eu, face à eux, la famille Peugeot, une des familles bourgeoises les plus riches et les plus rapaces du pays, et ils ont montré qu’ils pouvaient lui tenir tête.
Ils n’ont pas réussi à empêcher la fermeture d’Aulnay mais, déterminés et organisés comme ils l’étaient, ils ont arraché à la direction des garanties qu’ils n’auraient pas eues sans la grève. Et, au-delà de qu’ils ont obtenu, ils ont gagné le respect de bien des travailleurs, et ils ont montré le chemin à suivre.
Alors oui, ils peuvent être fiers car ils ont représenté la combativité de la classe ouvrière, la dignité des travailleurs et la conscience de classe, ce qu’il y a de plus précieux pour les travailleurs !
Le gouvernement agit toujours en tant que commanditaire des intérêts généraux de la bourgeoisie, mais les mesures qu’il prend sont des mesures politiques. Les travailleurs doivent donc s’ériger en force politique pour peser et sur la politique du gouvernement et sur celle du grand patronat.
Bien des travailleurs sont écœurés par les dirigeants politiques, et ils le montrent par l’abstention aux élections, et cela se comprend. Si la gauche et la droite n’ont pas tout à fait le même langage, une fois au gouvernement elles mènent la même politique favorable au grand patronat.
Aujourd’hui, la politique est faite par les bourgeois, pour les bourgeois. Même quand le gouvernement parle de combattre le chômage, ce n’est jamais pour être favorable aux chômeurs, c’est toujours pour aider le patronat ! On nous explique du matin au soir que la politique menée l’est dans l’intérêt de tous, mais ce sont les banquiers et la bourgeoisie petite et grande qui imposent leurs propres intérêts et qui en tirent les bénéfices. Sous couvert d’une politique favorable au peuple, ils font une politique de classe.
La bourgeoisie n’a que faire de l’abstention des classes populaires ; ce qui commencerait à lui poser problème, c’est que s’impose sur la scène politique une force qui incarne les intérêts des travailleurs, et exclusivement leurs intérêts.
Il faut un parti qui oppose à la politique de classe de la bourgeoisie la politique de classe des travailleurs. Ce parti est indispensable pour défendre au quotidien les intérêts des travailleurs. Il est indispensable pour donner à la classe ouvrière l’instrument pour accomplir sa tâche historique, celle de renverser la domination de la bourgeoisie et de la remplacer par un gouvernement des travailleurs pour les travailleurs.
Tant que l’on ne touche pas à la toute puissance économique des grands groupes capitalistes, au système basé sur le profit et exclusivement sur le profit, la société tournera de plus en plus mal.
Gouvernement et patronat nous disent qu’il faut être compétitif, flexible, mais tout cela pourquoi ? Ils restructurent, ils ponctionnent, ils nous demandent d’attendre, d’accepter le chômage mais pourquoi accepter tous ses sacrifices ? A quoi servent les milliards retirés des services publics ? Si encore cela améliorait la situation économique, mais c’est tout le contraire ! C’est toujours et encore la finance qui prospère, les paradis fiscaux et la spéculation.
Tout le monde sait que la finance tue la croissance, que le paiement de la dette tue toute perspective de relance économique. Mais le capitalisme est un tout, on ne peut pas le découper en tranches. Il n’y a pas d’un côté la bonne bourgeoisie industrielle, qui veut la relance de l’économie, et de l’autre la méchante bourgeoisie financière, qui ne s’intéresse qu’à la spéculation.
Ce sont les mêmes bourgeois qui sont tiraillés par ces deux objectifs contradictoires. Bouygues ou Peugeot n’ont rien contre la relance, ils sont pour ! Mais ils ont aussi des intérêts financiers et c’est d’ailleurs leur capital placé dans la finance qui leur rapporte le plus !
Alors oui, c’est contradictoire mais le capitalisme est un système perclus de contradictions. À commencer par celle qui pousse chaque capitaliste individuel à aggraver l’exploitation, à payer le moins possible de salaire, alors que c’est précisément cela qui limite, voire fait reculer la consommation des classes exploitées et donc le marché.
La crise elle-même a révélé toute la folie du capitalisme. Si nous sommes en crise aujourd’hui, c’est que le système est capable de trop produire, c’est parce qu’on est en surcapacité par rapport à la consommation solvable. C’est en quelque sorte l’abondance qui crée la misère : eh bien, il n’y a pas de système plus aberrant.
Il n’y aucune raison de se résigner à une économie aussi stupide et d’accepter la domination de la bourgeoisie qui en est à la tête. Il faut supprimer sa domination sur l’économie, c’est-à-dire la propriété privée des moyens de production.
Oui, nous sommes communistes, « communistes » dans le vrai sens du terme, avec cette conviction que l’on peut débarrasser la société de la dictature de l’argent et des crises. Oui, l’avenir de l’humanité, c’est une société sans le marché, sans la loi aveugle du profit, sans la concurrence et sans exploitation, et nous sommes convaincus que c’est la classe ouvrière qui en sera le moteur !
Même pour mener les combats quotidiens des travailleurs et surtout pour les mener à la victoire il faut avoir confiance dans la classe ouvrière. Pour ne pas faillir face aux chantages patronaux et s’arrêter en chemin, il faut être convaincu que les travailleurs peuvent se passer de la bourgeoisie. Il faut montrer que les patrons qui menacent de mettre la clé sous la porte ne nous font pas peur, parce qu’on se passera d’eux ! Etre convaincu que ce n’est pas la bourgeoisie qui est irremplaçable, mais les travailleurs, qui font tout tourner dans la société.
Ces perspectives peuvent paraître très éloignées de ce que les travailleurs sont capables de faire aujourd’hui, et pourtant il est d’une nécessité brûlante de les défendre dès maintenant auprès des nôtres. Parce que c’est maintenant que la crise fait ses ravages, que l’état d’esprit de millions de femmes et d’hommes change, et que les certitudes tombent.
Il suffit de regarder ce qui se passe en Italie, en Grèce ou en Espagne, pour voir comment le discrédit des partis au pouvoir modifie les rapports de force électoraux ou pousse à la mobilisation.
En France, l’alternance classique a fonctionné : le Parti socialiste a pris la place de l’UMP, mais qui aurait pronostiqué qu’après seulement huit mois de gouvernement socialiste il y aurait des manifestations de droite réunissant des dizaines de milliers de personnes remontées comme des pendules contre Hollande ?
Oui, ici aussi, la situation change. Et pour l’instant, elle change en faveur de la droite. Les manifestations contre le mariage homosexuel lui ont permis de se renforcer. Les manifestants se sont certes cantonnés à dénoncer le mariage homosexuel et la filiation au nom de leurs valeurs conservatrices, mais ils constituent un terrain de recrutement, un terrain d’entraînement pour des courants d’extrême droite profondément anti-ouvriers, anti-grèves, anti-syndicats. Ils sont politiquement et socialement des ennemis des travailleurs, et c’est ceux-là qui sont aujourd’hui renforcés par l’arrivée de la gauche au pouvoir.
Parmi eux, il y a le Front national, dont on voit que l’influence grandit, y compris dans l’électorat populaire.
Comme tout démagogue, le Pen sert aux uns et aux autres le discours qu’ils veulent entendre. Il y en a pour les catholiques, pour les racistes, et il y en a aussi de plus en plus pour les chômeurs, pour les ouvriers et pour les retraités.
Mais derrière ces œillades aux classes populaires, Le Pen prépare un régime autoritaire anti-ouvrier.
Dans bien des pays d’Europe, sans être au gouvernement ses amis d’extrême droite pèsent déjà sur la politique des gouvernements pour une politique plus autoritaire, toujours plus dure contre les chômeurs et les pauvres.
Un des principaux arguments du Front national est qu’il n’a jamais été au pouvoir, qu’il ne s’est jamais compromis, contrairement aux grands partis de la droite qui alternent au gouvernement.
Certes, Marine Le Pen n’a jamais été au pouvoir, son père non plus, mais des gens de leur acabit, l’Europe en a connus, du Portugal de Salazar à la Grèce des colonels, en passant par l’Espagne de Franco. Voilà les modèles pour l’extrême droite, voilà le régime qu’elle voudrait imposer.
Certaines des bandes d’extrême droite qui s’agitent dans l’ombre du Front national prennent même leurs références chez Mussolini et Hitler.
Les régimes fascistes de Mussolini ou de Hitler, avant d’être des dictatures brutales qui détruisaient les organisations ouvrières et assassinaient les militants ouvriers, se disaient « national socialistes », ils dénonçaient « le capitalisme financier », ils prétendaient combattre le chômage et donner un travail à tout le monde. Sauf que leur monde à eux excluait les juifs, les tsiganes, les homosexuels, les noirs, et bien entendu, les communistes !
Même s’il reste pour le moment sur le terrain électoral, la perspective politique du Front national est un régime de ce genre.
Il n’y a pas encore en France de milices armées qui font leur loi sur la population, mais il y en a en Hongrie et en Grèce. Même en France, on peut déjà voir agir le matériau humain qui pourra les constituer. On les a vus, en marge des manifestations contre le mariage pour tous, s’en prendre aux homosexuels. Demain, ils pourraient s’en prendre aux Roms et aux travailleurs immigrés, comme en Grèce.
Quand le Pen s’attaque verbalement aux travailleurs immigrés, ce ne sont pour l’instant que des mots, mais demain son parti, ou d’autres de la même espèce, passeront aux actes. Ils commenceront peut-être par s’en prendre aux travailleurs sans papiers, mais ceux avec papiers suivront, et ensuite ce sera le tour de ceux, français, qui auront le défaut d’être syndiqués ou de gauche.
La perspective politique de l’extrême droite est de s’attaquer au mouvement ouvrier, de limiter ou d’interdire les grèves, d’éliminer toute conscience de classe et, à plus forte raison, toutes les idées communistes. Le Pen fait des appels du pied à l’électorat populaire et même aux chômeurs, aux salariés, mais elle creuse la tombe des classes exploitées.
Oui, une course de vitesse est engagée de fait entre les travailleurs conscients et l’extrême droite anti-ouvrière. Et il se peut que les travailleurs soient amenés à se battre sur le terrain politique en même temps qu’ils se battent pour défendre leurs conditions d’existence, leur emploi, leur salaire.
C’est en menant leurs luttes sur le terrain de classe que les travailleurs prendront conscience à quel point leurs intérêts matériels et leurs intérêts politiques sont intimement liés, et qu’ils apprendront à faire le tri entre leurs ennemis, leurs faux amis et leurs amis.
Les travailleurs deviendront une force politique capable de peser quand ils opposeront à « l’union nationale » et au poison de la « préférence nationale », la préférence de classe. Quand ils diront : les exploités d’abord ! Quand ils se battront pour les travailleurs d’abord ! Quand ils se battront pour leur emploi, pour leur salaire, et surtout pour le contrôle des exploités sur les entreprises, sur les banques, afin que les décisions économiques cessent d’être le monopole d’une minorité de riches parasites !
Le discrédit de Hollande renforce la droite et l’extrême droite, mais elle provoque aussi du mécontentement parmi les électeurs habituels du Parti socialiste. Ils ont tendance à se regrouper autour de Mélenchon et du Front de gauche.
Au Front de gauche, la direction du PC et Mélenchon n’ont pas la même stratégie électorale en particulier dans les municipales, mais ils ont fondamentalement la même politique et la même préoccupation d’attirer les « déçus du socialisme » et de représenter l’alternative à gauche.
Après avoir aidé dans le passé Mitterrand à se donner une image d’homme de gauche, la direction du PC amène la force militante et le crédit qui lui reste de son passé de parti ouvrier à Mélenchon. Il aide ainsi l’ancien sénateur et ministre socialiste à se donner une allure de révolutionnaire du verbe et d’ami des travailleurs.
La sauce de Mélenchon est un drôle de mélange qui concilie la prise de la Bastille avec une candidature au poste de Premier ministre.
Après Hollande, c’est lui qui nous explique maintenant qu’il est possible d’avoir un « bon » gouvernement de gauche, qu’il est possible d’en faire ravaler aux plus riches et de concilier les intérêts des travailleurs et de la bourgeoisie.
Le croire serait aller d’illusions en illusions ! Quand bien même Mélenchon serait Premier ministre, il serait non seulement sous l’autorité de Hollande, mais surtout à la tête d’un appareil d’Etat entièrement construit pour servir les intérêts de la bourgeoisie.
Un appareil d’Etat composé de centaines, de milliers de hauts fonctionnaires, des préfets aux directeurs de cabinet des ministères, qui incarnent la continuité de l’Etat pendant que les ministres passent. Un appareil d’Etat avec la hiérarchie militaire, la hiérarchie policière, dressées pour défendre l’ordre bourgeois sur l’économie.
Un gouvernement Mélenchon devra, comme n’importe quel autre gouvernement sous la domination sociale de la bourgeoisie, obéir à la classe riche. Dans cette période de crise, cela le mettra dans l’obligation de faire une politique anti-ouvrière.
Les mots d’ordre que Mélenchon met en avant sont toujours d’apparence radicale, mais ils sont politiquement creux et ils sont étrangers aux intérêts des travailleurs.
Mélenchon a compris que l’alternance ne faisait plus rêver personne, il propose donc de changer de Constitution. La solution miracle serait de bâtir une nouvelle République la 6e République, qui deviendrait démocratique et sociale par la grâce de nouveaux textes constitutionnels. Comme si l’exploitation était inscrite dans la Constitution !
Ce n’est pas une Constitution qui permet aux capitalistes de s’enrichir sur notre dos, c’est le droit de propriété capitaliste, c’est le monopole que la bourgeoisie a sur l’argent, sur les entreprises et sur toute l’économie. C’est ce monopole là qu’il faut supprimer, mais renverser la domination de la bourgeoisie, ce n’est pas le programme de Mélenchon.
À tous ceux qui sont convaincus par nos idées mais qui regrettent que nous ayons moins d’influence que Mélenchon, nous disons : « rejoignez-nous ! » Car s’il y a bien des choses que nous ne pouvons pas faire, il y en a toujours une que pouvons faire : dire ce que nous pensons, affirmer notre politique communiste révolutionnaire, faire vivre nos idées et préparer l’avenir .
Les révolutionnaires n’ont pas à se mettre à la remorque de politiques étrangères aux intérêts des travailleurs, il faut qu’ils s’attèlent à la tâche de construire un parti. Ils doivent être présents et se battre pour donner aux luttes politiques, qui ne manqueront pas dans les années à venir, la seule orientation positive, la lutte de classe.
L’existence d’un parti, riche des expériences de l’ensemble du mouvement ouvrier et présent à l’échelle du pays manque aujourd’hui cruellement. Il faut œuvrer pour qu’il renaisse au plus vite.
Nous ne partons pas de rien. Nous avons derrière nous toute l’histoire du mouvement ouvrier, ses trahisons, ses échecs mais aussi son expérience et ses victoires.
Le mouvement ouvrier d’hier comme celui d’aujourd’hui est porteur de valeurs morales aux antipodes des valeurs de la société bourgeoise. Contre l’individualisme et le chacun pour soi de la société capitaliste, il est porteur de la solidarité et de la fraternité ! Contre l’adoration de l’argent, il porte les intérêts collectifs ! Contre le nationalisme, l’internationalisme !
Nous ne doutons pas que demain ces valeurs attireront tous ceux révoltés par l’exploitation et son cortège d’injustices. Les idées communistes, la perspective de la révolution sociale, nos idées, attireront les plus révoltés, les plus combatifs, les plus dévoués à la cause ouvrière.
Il faut s’adresser à tous ceux-là et leur donner envie de se joindre à nous.
Alors, camarades, je vous souhaite une bonne fête et bon courage pour poursuivre le combat !