lundi 18 décembre 2017

:: La crise du monde capitaliste. Nos tâches et perspectives (Lutte Ouvrière, octobre-novembre 2017)

Le numéro 188 de Lutte de classe rassemble les textes et les interventions du 47e congrès de Lutte ouvrière, qui s’est tenu les 2 et 3 décembre 2017 en région parisienne.
Quatre textes étaient soumis à la discussion :
Ces textes ont été largement discutés dans les assemblées préparatoires de militants et soumis aux votes ; ils ont été adoptés à l’unanimité, ce qui témoigne de la cohésion politique de notre courant. Le premier texte (Les débuts à la présidence de l’homme du capital financier) analyse la situation politique en France à l’issue des élections présidentielle et législatives de 2017 ; il a déjà été publié dans Lutte de classe n° 186 (septembre-octobre 2017) et nous ne le reproduisons pas ici. Nous publions les trois autres textes, consacrés respectivement à la crise économique mondiale, à la situation internationale et à la construction d’un parti communiste révolutionnaire.
Nous publions enfin de larges extraits des interventions de militants de groupes qui partagent les orientations de Lutte ouvrière et de l’Union communiste internationaliste (UCI), que ce soit outre-mer (Martinique et Guadeloupe, La Réunion) ou à l’étranger (Allemagne, Belgique, Côte d’Ivoire, Espagne, États-Unis, Grande-Bretagne, Haïti, Italie et Turquie). Nos camarades reviennent sur différents problèmes qui se sont posés aux travailleurs au cours de l’année : répression par le régime d’Erdogan en Turquie ; crise catalane en Espagne ; montée de l’extrême droite en Allemagne ; démagogie xénophobe de Trump aux États-Unis... Ils évoquent aussi des luttes ouvrières menées dans des régions aussi diverses que la Guadeloupe, la Côte d’Ivoire ou la Belgique.
Enfin, le congrès a élu la direction de Lutte ouvrière : comité central et comité exécutif. Lundi 4 décembre, Nathalie Arthaud a tenu une conférence de presse pour rendre compte des principales décisions de notre congrès. Nos lecteurs peuvent en visionner des extraits sur notre site Internet (rubrique Multimédia).
5 décembre 2017

mardi 22 août 2017

:: Juillet 1967 : la révolte noire de Detroit

La fin du mois de juillet 1967 était marquée dans plus d'une centaine de villes des États-Unis par le soulèvement de la population noire. C'est à Newark (non loin de New York) et surtout à Detroit (Michigan), capitale de l'industrie automobile, que ces véritables insurrections urbaines furent les plus puissantes.
Cet été 1967 était le quatrième au cours duquel des Noirs américains s'insurgeaient et affrontaient la police, la Garde nationale ou l'armée, et fut le point culminant de ces manifestations. C'était le signe visible de la radicalisation d'un mouvement qui avait débuté douze ans plus tôt pour exiger l'égalité des droits entre Noirs et Blancs.

De Newark à Detroit

À Newark, près de New York, les émeutes durèrent du 12 au 17 juillet 1967, transformant une ville de 400 000 habitants en un champ de bataille. Les autorités firent appel à la Garde nationale. Au total, il y eut 23 morts et 2 000 blessés. 1 500 Noirs furent jetés en prison et des engins blindés patrouillèrent la ville pour y ramener le calme. L'émeute s'étendit à plusieurs villes proches.
Une semaine plus tard, elle gagnait Detroit, ville jugée si prospère, y compris pour les Noirs, que les autorités locales s'étaient vantées qu'aucune émeute ne pouvait s'y produire. Avec 1,6 million d'habitants, dont 35 % de Noirs, Detroit était la cinquième ville des États-Unis. C'était aussi la capitale de l'industrie automobile.
Les affrontement éclatèrent dans la 12e rue, une rue où la population, majoritairement noire, s'entassait et où la densité de population était le double de celle du reste de la ville. Les affrontements durèrent du 24 au 28 juillet et dépassèrent en ampleur toutes celles que les États-Unis avaient pu connaître jusqu'alors. Elle touchèrent également les villes proches. On s'attaqua aux magasins, ce que la population, goguenarde, appelait « faire ses courses à l'oeil ». Des Blancs des quartiers pauvres, dont les conditions de vie n'étaient pas meilleures que celles des Noirs, se joignirent au mouvement. La production automobile des trois « grands » (Chrysler, Ford et General Motors) fut stoppée. Toute l'activité du centre-ville fut paralysée. Les manifestants s'affrontèrent avec les forces de l'ordre avec des pierres, des bouteilles vides, des cocktails molotov, et parfois des fusils. Il fallut la police, la Garde nationale, les chars et deux divisions de parachutistes qui avaient participé à la guerre du Viêtnam, en tout 20 000 hommes, pour reconquérir la ville, rue par rue. Au total, 4 000 personnes furent arrêtées, dont 10 % de Blancs. La répression fit 43 morts et 2 000 blessés. Il y eut 1 500 magasins pillés et 1 200 incendies. 2 000 bâtiments furent détruits. Les dégâts furent évalués à 7 milliards de dollars.

Une population noire exaspérée


En 1964, une nouvelle loi pour l'égalité des droits avait été adoptée, mais elle n'avait pas effacé les inégalités sociales, et notamment le fait que le chômage frappait deux fois plus les travailleurs noirs que les blancs. La population noire était d'autant plus exaspérée que la jeunesse noire payait un lourd tribut dans la guerre du Viêtnam.
Les racines de la révolte étaient à rechercher plus loin. C'est parce qu'ils appartenaient à une minorité opprimée que la majorité des Noirs américains étaient surexploités, devaient occuper les pires emplois, être les premiers licenciés et vivre dans des taudis. Mais c'est parce que la société est divisée en classes qu'existent les emplois mal payés, le chômage et les logements insalubres.
Depuis 1963, une partie du mouvement noir cherchait à aller plus loin que là où les dirigeants modérés, comme Martin Luther King, entendaient le canaliser. Il se trouva des dirigeants radicaux, comme Malcolm X et d'autres, pour faire planer la menace d'une destruction de la société par les Noirs si on n'en finissait pas avec le racisme. Mais aucun d'entre eux n'arriva vraiment à conclure qu'il fallait abattre le capitalisme, et mobiliser pour cela les ouvriers, y compris les ouvriers blancs.
La lutte des Noirs américains réussit finalement à faire disparaître les traits les plus voyants du racisme. Les politiciens blancs gérant les villes comportant une importante communauté noire furent remplacés par des politiciens noirs. En même temps un plus grand nombre de postes de fonctionnaires, de professions libérales ou d'encadrement des entreprises s'ouvrirent à la petite bourgeoisie noire et à d'autres minorités.

Quelques concessions

Il y eut aussi des concessions faites aux travailleurs. Les minorités ne furent plus uniquement condamnées aux emplois les pires et les plus mal payés. Les portes de bien des entreprises s'ouvrirent aux ouvriers noirs. À Detroit, après les émeutes, les firmes automobiles ouvrirent des bureaux d'embauche au coeur du ghetto. Les salaires augmentèrent. Les plus défavorisés purent bénéficier de systèmes d'aide et d'assistance sociale. On créa des tickets d'alimentation et l'aide médicale gratuite. On développa des services publics dans les municipalités.
Ces concessions ne mettaient certes pas fin au capitalisme. Elles ne changeaient même pas fondamentalement le sort des plus pauvres. Cependant, il fallut pour les imposer cette insurrection des couches les plus exploitées, sous la pression d'une colère accumulée, révolte qui avait semblé assez menaçante pour que les responsables politiques cherchent à désamorcer la bombe qu'ils avaient contribué à mettre en place.

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Le 23 juillet 1967, dans la nuit du samedi au dimanche, la police de Detroit fit un raid dans une soirée organisée pour fêter le retour du Vietnam de deux soldats et voulut arrêter 82 personnes, toutes Noires, cela déclencha une rébellion populaire de grande ampleur qui inquiéta la bourgeoisie américaine et les autorités de l’Amérique blanche, jusqu’au président Johnson.
Depuis des décennies, les Noirs subissaient la ségrégation et le racisme des institutions. Ils ne pouvaient loger que dans certains quartiers, les moins enviés. Leurs enfants ne pouvaient fréquenter que certaines écoles, les moins bien dotées. Peu de Noirs pouvaient voter. Des magasins, des restaurants leur étaient fermés. Des équipements publics, bien que financés aussi par leurs impôts, bibliothèques, piscines, parcs, stades, etc., leur étaient inaccessibles.
Cette ségrégation était inscrite dans les lois des États du Sud du pays, anciennement esclavagistes. Dans le Nord, et donc à Detroit au Michigan, elle était appliquée également, sans besoin de textes officiels.
Les patrons, jouant à fond les divisions raciales au sein de la classe ouvrière, discriminaient leurs salariés, réservant les emplois les moins qualifiés, et donc les moins bien payés, aux Noirs. L’industrie automobile, par exemple, ne recrutait massivement des ouvriers noirs que dans les fonderies, où le travail était extrêmement pénible.
Ceux qui n’acceptaient pas ces règles injustes s’exposaient à une violence raciste débridée. Les autorités, la police en premier lieu mais aussi la justice, et les milices comme le Ku Klux Klan, s’entraidaient pour obliger les Noirs à rester à leur place, par la terreur et les meurtres.

Le mouvement noir

Pourtant cette situation d’infériorité dans tous les secteurs de la vie sociale n’avait jamais cessé d’être contestée. À partir des années 1950 la contestation prit une forme de plus en plus massive. Les dirigeants politiques avaient alors promis de s’attaquer aux lois ségrégationnistes mais les présidents démocrates Kennedy, puis Johnson, avaient surtout demandé aux Noirs d’être patients, de ne pas manifester leur colère.
Mais les masses noires ne voulaient plus attendre les hypothétiques fruits de luttes juridiques s’étalant sur des années. Elles ne voulaient plus se contenter de manifestations ­non-violentes qui n’en étaient pas moins violemment réprimées par l’appareil d’État. Vouloir simplement exercer son droit de vote pouvait amener quelqu’un en prison, ou au cimetière...
À partir de 1963, des émeutes avaient éclaté dans les ghettos noirs des villes américaines. Là étaient concentrées la misère, les taudis bondés, le chômage, la malnutrition des enfants. Là vivait le prolétariat noir.

Le soulèvement de Detroit

Il n’est pas surprenant qu’un raid policier ait été à l’origine du soulèvement de Detroit, une ville de 1,6 million d’habitants dont un tiers étaient noirs, mais où 93 % des policiers étaient blancs. Une enquête officielle, commanditée par la Maison Blanche après coup, révéla que 45 % des policiers affectés dans les quartiers noirs de Detroit étaient « violemment anti-Noirs », flanqués de 34 % de collègues ayant simplement des « préjugés » racistes.

Le harcèlement brutal des Noirs était quotidien, mais les autorités pensaient ainsi prévenir tout soulèvement. C’est le contraire qui se produisit dans la foulée du raid policier du 23 juillet. Assez rapidement, le dimanche matin, les magasins furent pillés. Les gens pouvaient enfin emmener chez eux de la nourriture ou des fournitures auxquels ils n’avaient pas accès faute d’argent. Des Blancs pauvres se joignirent également à cette appropriation de biens de première nécessité.
Des armureries furent attaquées et des armes à feu disparurent dans la foule. Il était évident que les autorités réprimeraient violemment la population de Detroit, comme elles le faisaient systématiquement lors des émeutes urbaines comme des simples manifestations pacifiques. De plus en plus d’habitants étaient décidés à ne plus se laisser faire : s’armer était un premier pas.

La répression

Le dimanche 23 juillet au soir, le couvre-feu fut déclaré à partir de 19 h : un quart d’heure plus tard la première victime tombait, c’était un adolescent noir de seize ans abattu par la police de Detroit. Mais celle-ci était incapable d’en finir avec ce qu’elle avait elle-même provoqué.
Le lundi 24 juillet le gouverneur fit donner les agents du shérif du comté et ceux de la police de l’État du Michigan. Il y eut 1 800 arrestations ce jour-là. Mais les dizaines de milliers de personnes ayant pris le contrôle des rues d’une bonne partie de la ville et les centaines de milliers qui les approuvaient ne rentraient pas dans le rang.
Pire pour les autorités : de proche en proche les habitants des autres quartiers noirs de Detroit se soulevaient, sans forcément avoir connaissance de l’incident de départ. Il en allait de même dans d’autres villes du Michigan et du pays, deux douzaines en tout, montrant à quel point les ghettos noirs étaient prêts à exploser.
Un des rares députés noirs, élu à Detroit, roula à travers les quartiers en rébellion en implorant au mégaphone les gens de rentrer chez eux. Il dut abandonner, sa voiture étant caillassée. Le gouverneur républicain du Michigan et le président démocrate Johnson mobilisèrent alors, à partir du mardi 25 juillet, 8 000 hommes de la garde nationale du Michigan et 5 000 parachutistes des divisions aéroportées. C’est avec des tanks et des mitrailleuses qu’ils purent reprendre le contrôle de la ville. Il y eut 7 000 personnes arrêtées : beaucoup d’hommes subirent la vengeance des policiers en étant tabassés. Des femmes subirent des attouchements. Même des propriétaires new-yorkais blancs, venus à Detroit au mauvais moment pour inspecter leurs immeubles, furent battus si fort par la police que « leurs testicules étaient encore noirs et bleus deux semaines après. »

Quarante-trois personnes perdirent la vie entre le 23 et le 25 juillet 1967 à Detroit. La plupart étaient de jeunes hommes noirs tués par les forces de répression.

Les suites de la rébellion

Le mouvement de Detroit fut le plus massif et le plus profond de toute la période. L’été 1967 avait vu la population noire se soulever dans plus d’une centaine de villes, dont Newark, une banlieue de New York où 26 personnes avaient perdu la vie quelques jours avant que n’éclate le soulèvement de Detroit. Les dirigeants américains intensifièrent la répression contre les militants et les mouvements qui, au travers du slogan Black power, incitaient les Noirs à s’armer pour contrôler eux-mêmes leurs quartiers.
Cependant, pour la bourgeoisie américaine, l’alerte avait été grave. Parallèlement, craignant que les masses noires n’évoluent encore plus vers une voie révolutionnaire, elle se décidera à mettre réellement un frein à la ségrégation.
La bourgeoisie craignait aussi que ces soulèvements, mobilisant le prolétariat noir là où il vivait, ne touche ses usines. Les constructeurs automobiles embauchèrent des Noirs à tous les postes d’ouvriers, mais aussi à des postes de professionnels ou de petite maîtrise donnant accès à des salaires meilleurs. Les autorités investirent des moyens dans les écoles et les logements des quartiers pauvres. Des programmes sociaux soulagèrent la misère. Toute la classe ouvrière allait ainsi bénéficier provisoirement du soulèvement de sa partie noire.
Le racisme ne disparut pas, bien sûr, de la société américaine. Il ne pourra disparaître vraiment qu’avec la fin du système capitaliste, tant le mépris envers les pauvres et le racisme s’entremêlent. Mais la révolte des ghettos noirs fit suffisamment peur aux capitalistes et à leur gouvernement pour qu’ils deviennent plus prudents pour toute une période.

:: Il y a 70 ans, l'indépendance de l'Inde #archiveLO [22 août 1987]


jeudi 13 avril 2017

:: Le programme de Lutte Ouvrière (présidentielle 2017) - Le camp des travailleurs avec Nathalie Arthaud


Interdiction des licenciements,
répartition du travail entre tous

Il faut en premier lieu stopper l’hémorragie d’emplois en interdisant les licenciements et les suppressions d’emplois, en commençant par les entreprises qui font des bénéfices.

Le chômage est une catastrophe sociale, qui touche déjà six millions de personnes dans le pays et qui menace tous les travailleurs. Ce chômage de masse entraîne vers la misère, exclut et marginalise une partie des familles populaires. Il pèse sur l’ensemble de la société, pousse à l’individualisme en mettant les travailleurs en concurrence entre eux. La pression du chômage entraîne aussi la multiplication de formes d’emploi de plus en plus précaires, de l’intérim généralisé aux travailleurs indépendants ou auto-entrepreneurs condamnés à des paies de misère sans même les quelques garanties attachées au salaire.

Le chômage n’a rien d’inévitable. Ce n’est pas le travail qui manque. Le chômage résulte de la guerre que livre le patronat pour maintenir et augmenter ses profits. Le trust pharmaceutique Sanofi vient de distribuer 6,6 milliards d’euros à ses actionnaires, après avoir supprimé 4 000 emplois en sept ans, et il annonce la suppression de 650 emplois de plus  Il faut retirer leur pouvoir de nuisance à ces grands groupes, en les contraignant à ne supprimer aucun emploi, sous peine de réquisition s’ils ne s’y plient pas.

Parallèlement, il faut aussi créer des millions d’emplois pour les jeunes qui arrivent sur le marché du travail et pour tous ceux qui n’ont droit qu’à quelques heures de boulot ici et là. C’est possible immédiatement, en imposant que le travail soit réparti entre tous. Ce serait une mesure salutaire pour l’ensemble du monde du travail.

En utilisant l’argent actuellement versé à fonds perdus aux entreprises, l’État devrait embaucher massivement dans tous les services publics où le personnel manque cruellement, dans les hôpitaux, dans l’éducation, les transports… Il manque des millions de logements dans ce pays. L’État devrait les construire en embauchant lui-même le personnel nécessaire, sans passer par les capitalistes du bâtiment. Il devrait ainsi les louer à prix coûtant et garantir des loyers accessibles aux classes populaires.

Dans toute la société, il y a un grand nombre de besoins à satisfaire et donc autant d’emplois à créer. Faire disparaître le chômage, c’est possible et nécessaire 

PME, un prétexte pour protéger les gros 

Quand Nathalie Arthaud défend des mesures vitales pour les travailleurs, interdire les licenciements ou augmenter les salaires, les journalistes lui objectent la situation des petites entreprises qu’elle « pousserait vers la faillite ». Le fait que des millions de travailleurs privés d’emploi, ou qui survivent avec des salaires ou des retraites de misère, soient en faillite chaque mois, ne les émeut pas. Pour eux, il est dans l’ordre des choses que les classes populaires fassent tous les sacrifices et soient servies en dernier. L’argument des petites entreprises est fallacieux. S’il y a 3,5 millions d’entreprises en France, 95 % d’entre elles ont moins de 10 salariés. À l’inverse, moins de 5 000 entreprises emploient la moitié des salariés du privé de ce pays. Et, parmi elles, 243 grandes entreprises emploient le tiers des salariés. Celles-ci dominent l’économie, les autres n’étant que leurs sous-traitants, fournisseurs et prestataires. Ces entreprises, LVMH, L’Oréal, PSA, Bonduelle, etc. appartiennent à des familles richissimes, comme Arnault, Bettencourt, Peugeot, qui ont accumulé, année après année, des fortunes invraisemblables, fruit de la sueur et de la compétence des travailleurs. Selon une récente enquête du Monde, 143 familles bourgeoises françaises contrôlent 22 % de la Bourse de Paris, avec un capital cumulé de 445 milliards d’euros. Il faut commencer par le haut ! En piochant dans ces fortunes, on pourra embaucher des millions de travailleurs, augmenter les salaires, les pensions, financer les écoles ou les hôpitaux. En contrôlant les comptes de toutes les entreprises, on vérifiera laquelle est réellement indépendante et laquelle est une filiale d’une plus grosse. Si une PME a une trésorerie si maigre qu’elle ne peut augmenter les salaires, il faut imposer que sa maison mère, son donneur d’ordres ou sa banque soient mis à contribution à sa place. C’est en faisant payer l’ensemble de la classe capitaliste qu’on évitera à celle des travailleurs de plonger dans la misère.


Augmentation des salaires

Pas un salaire et pas une pension de retraite à moins de 1 800 euros

300 euros d’augmentation pour tous !

L’autre mesure indispensable est l’augmentation des salaires et des pensions. Le patronat, relayé par le monde politicien, explique que les entreprises ne peuvent augmenter le smic. Et pour cause, cela voudrait dire faire passer les besoins vitaux des travailleurs avant leurs profits, avant la fortune personnelle de leurs patrons et actionnaires, avant les sommes invraisemblables que tout ce petit monde considère comme un minimum pour vivre.

Ceux qui nous prêchent la modération salariale, ce sont ces grands PDG dont les salaires ont augmenté de 65 % en dix ans pendant que le smic progressait de 15 % seulement  ou ces politiciens à l’image de Fillon, qui a largement entretenu sa petite famille avec des sommes qu’un ouvrier ne gagne pas dans toute sa vie.

N’importe quelle famille ouvrière au smic peut le constater en faisant ses comptes  après avoir payé les frais fixes, loyer, transport, gaz, électricité, assurances, impôts, etc., il ne reste presque rien pour la nourriture, les vêtements, les loisirs.

Il faut un minimum de 1 800 euros net par mois pour les salaires et les pensions et une augmentation de 300 euros de tous les salaires. Cela ne représenterait qu’un rattrapage après des années de blocage. Quant aux allocations, aux minima sociaux, ils doivent être transformés en salaire. Chacun a droit à un travail utile à la société, adapté à ses capacités. Ce n’est pas une aumône pour vivoter en marge de la société que les travailleurs réclament  c’est au contraire la possibilité d’y trouver leur place, de contribuer à son fonctionnement et de pouvoir en retirer de quoi vivre dignement, sans se priver et sans compter chaque sou.

Et, pour que ce rattrapage ne soit pas réduit à rien par l’augmentation des prix, il faut imposer l’indexation des salaires et des pensions sur le coût de la vie.


Contrôle des travailleurs sur les entreprises

Quand les patrons prétendent ne pas avoir les moyens d’embaucher ou d’augmenter les salaires, ils mentent. Ces mêmes PDG qui imposent aux travailleurs des plans de compétitivité avec blocage des salaires, heures supplémentaires gratuites, ne se gênent pas pour s’accorder des salaires extravagants.

Il faut imposer la transparence des comptes des entreprises, lever le secret bancaire et le secret des affaires que le patronat défend bec et ongles parce qu’ils lui permettent de travestir la réalité ou de cacher aux travailleurs des décisions qui menacent leur avenir, des agissements contraires à l’intérêt des populations ou de l’environnement.

Le groupe Vivarte a annoncé que les enseignes André et Naf Naf étaient à vendre, que La Halle aux vêtements et La Halle aux chaussures allaient fermer des dizaines de magasins et que 2 000 emplois pourraient disparaître. Qu’est-ce qui est responsable de cela ? Sûrement pas les salaires  Un gérant de magasin y est payé 1 400 euros net, tous les autres employés sont autour du smic. Ce qui a tué Vivarte, ce sont des fonds capitalistes qui ont siphonné les bénéfices et ont forcé le groupe à leur emprunter de l’argent à un taux d’intérêt de 11 ou 12  %. Et maintenant ces mêmes fonds veulent détruire le groupe, vendre ce qui peut l’être et empocher l’argent pour continuer ailleurs leurs sales opérations.

Si les salariés du groupe Vivarte avaient connu ces manœuvres financières, ils auraient pu davantage anticiper, s’organiser pour les dénoncer et se défendre.

Il faut permettre aux comptables, aux secrétaires, aux magasiniers, à tous les travailleurs, de communiquer et de centraliser les informations dont ils disposent. Ils pourraient ainsi constater que les licenciements et les suppressions d’emplois sont le plus souvent le résultat d’une politique et d’un choix, celui des capitalistes de privilégier leurs profits au détriment des emplois et des salaires. Les travailleurs pourraient alors imposer que soient préservés les emplois et les salaires, en prenant sur les profits des entreprises et sur les dividendes des actionnaires. Avec les 56 milliards de dividendes versés par les 40 plus grosses entreprises en 2016 à leurs actionnaires, il aurait été possible de créer 1,5 million d’emplois payés 1 800 euros net par mois, cotisations sociales comprises.

En imposant une véritable transparence de tous les comptes, il serait possible de suivre la circulation de l’argent et de mettre en évidence la façon dont les fortunes d’une minorité de riches bourgeois sont alimentées par l’exploitation des travailleurs.

Pour créer les emplois nécessaires et augmenter les salaires, il faudra prendre sur ces fortunes, se saisir de leurs comptes en banque, de leurs patrimoines immobiliers, de leurs châteaux, de leurs hôtels particuliers, de leurs forêts domaniales. Priver de quelques dizaines de milliards Bernard Arnault ou Liliane Bettencourt ne les réduirait pas à la famine. Par contre, ces milliards pourraient servir à financer la répartition du travail entre tous, sans diminution des salaires.

Le secret commercial, le secret bancaire et le secret des affaires font partie des armes du grand capital pour imposer sa domination sur l’ensemble de la société. La levée de ces secrets doit faire partie du programme des travailleurs.


Un programme pour les luttes à venir

Notre programme n’est pas un catalogue de promesses qu’un vote suffirait à faire appliquer. Constitué des objectifs nécessaires à la survie des travailleurs, sa mise en œuvre nécessite de s’en prendre aux profits de la bourgeoisie et de remettre en cause sa domination sur l’économie. C’est un programme de lutte.

Contrairement aux autres candidats, nous ne considérons pas le marché et la concurrence comme des lois de la nature, mais comme les bases d’un système qui ne fonctionne que pour une minorité.

Nous sommes pour mettre fin, par l’expropriation de la grande bourgeoisie, à la dictature que cette minorité capitaliste exerce sur l’économie. La société devrait être organisée sur des bases collectives. Les grands moyens de production, les usines, les banques, devraient appartenir à l’ensemble de la société, afin de les faire fonctionner dans l’intérêt de tous et pas pour le profit d’une petite minorité.

Il ne suffit pas d’un programme pour déclencher les luttes nécessaires pour renverser le rapport de forces dans la guerre sociale que la bourgeoisie mène contre les travailleurs. Mais, lors des prochains coups de colère, lors des prochaines mobilisations, les travailleurs devront avoir des objectifs communs, une politique permettant d’unifier leurs combats. Populariser un tel programme, discuter des moyens d’imposer nos intérêts vitaux, se mettre en ordre de marche, au moins dans nos têtes, c’est le début du combat.