vendredi 7 juin 2013

:: La nécessité d’un parti pour la classe ouvrière

Les menaces qui pèsent sur la classe ouvrière pendant la période à venir sont à la fois matérielles et politiques. Les deux sont étroitement liées.
Le nouveau gouvernement continue rigoureusement la même politique que les précédents. [...]
La situation matérielle de fractions croissantes de la classe ouvrière est déjà dramatique. Mais cela continuera à s’aggraver s’il n’y a pas, rapidement, des mesures radicales. L’influence de l’extrême droite sur une partie des classes populaires est une conséquence de la misère croissante. Mais cette influence, déjà néfaste, pourrait devenir un facteur rendant les luttes de la classe ouvrière bien plus difficiles, aggravant la misère.
Tout se tient. Ceux qui font la réclame pour toutes sortes de potions magiques contre Le Pen en "oubliant" d’où sort son influence mentent comme ils ont menti lorsque, au gouvernement ou le soutenant, ils ont appuyé des politiques appauvrissant la classe ouvrière. Ils portent une responsabilité écrasante dans le fait que la classe ouvrière, trompée, trahie, dépourvue de perspectives n’était pas en situation de faire face aux dangers qui menacent.
La classe ouvrière réagira, tôt ou tard. L’incroyable cynisme du patronat qui continue à licencier, à sortir des plans sociaux même en cette période où ses affaires vont bien ; le culot de Gandois - un patron social, disait-on pourtant ! - et de ses semblables à réclamer plus, toujours plus du gouvernement, tout cela finira par faire exploser la colère.
Cette explosion de la colère ouvrière est indispensable. Sans elle, sans que le patronat ait vraiment peur, rien ne changera. 

Mais cela ne suffit pas. 

Il faut que la classe ouvrière réagisse sur le plan politique. Il lui faut un parti politique. Pas un parti électoral, mais un parti qui soit présent dans les luttes, qui les impulse, qui sache et veuille les organiser, les unifier, les rendre victorieuses, en faisant des grèves, des manifestations des travailleurs, consciemment, une arme politique.
Ce parti n’existe pas. Le PCF n’est plus réformable depuis longtemps, même si nombre de ses militants ouvriers trouveront leur place dans le futur parti représentant réellement les intérêts politiques de la classe ouvrière. Le Parti socialiste, n’en parlons même pas.
Quant aux groupes d’extrême gauche, ils sont trop faibles en nombre, en présence dans les entreprises ou dans les différentes régions pour pouvoir prétendre être le parti, sans même parler du fait que certains d’entre eux, à force de suivisme envers les modes politiques dominantes dans la petite bourgeoisie, ont oublié ce qu’est le communisme révolutionnaire et ce qu’est un parti pour la classe ouvrière.
[...]
Un parti politique pour la classe ouvrière n’est pas seulement une nécessité historique - elle l’est depuis des décennies ! - mais une nécessité à court terme pour faire face aux menaces qui pèsent sur les travailleurs.

[LO, Lutte de Classe, Série actuelle (1993 - ) n°14 (Été 1995)]