jeudi 30 août 2012

:: Socialisme ou barbarie

Y a-t-il des issues à la crise ? Il y en a bien sûr. Celle-ci n’est pas une fatalité tombée du ciel. La société dispose de toutes les ressources, de tous les moyens techniques, de toutes les connaissances scientifiques, de toutes les ressources naturelles et de tous les moyens humains nécessaires pour répondre à ses besoins. Dans toute l’histoire de l’humanité, celle-ci n’a jamais été aussi riche de connaissances, de possibilités, de moyens. Si crise il y a, c’est une crise de l’organisation sociale, qui s’oppose à l’utilisation rationnelle, à la mise en oeuvre cohérente de tous ces moyens.
C’est la bourgeoisie mondiale, cette classe internationale de collectionneurs de bouts de papier qui, à travers le système financier le contrôle de l’économie, le contrôle de la façon dont est utilisé l’ensemble des moyens, des connaissances, de la force productive et des ressources humaines de la planète. C’est elle qui décide. Mais elle le fait en fonction d’un critère et d’un seul qui est celui de la rentabilité des capitaux individuels, le critère du profit. Et ce qui est rentable pour le capital est rarement la même chose que ce qui est rentable d’un point de vue social, ce qui est rentable du point de vue des intérêts généraux de la société.
Bien sûr qu’il est possible d’utiliser rationnellement les ressources de l’humanité. La bourgeoisie s’est dotée, avec le système financier mondial, d’un outil qui lui permet de ramasser tous les profits possibles d’un bout à l’autre de la planète, de se jeter sur toutes les possibilités de spéculation pour les additionner sur ses comptes en banque. Alors, bien sûr qu’il est possible de faire les comptes ; pas les comptes de la spéculation sur les monnaies ou sur le blé, pas les comptes des profits d’une classe de parasites, mais les comptes des besoins réels de la société l’inventaire de ses ressources, de ses possibilités, de ses richesses accumulées de son savoir faire, de faire en face l’inventaire de ses besoins et d évaluer comment utiliser au mieux les ressources pour assurer au mieux la vie de l’espèce humaine. Il y a déjà bien longtemps que la société a tous les moyens techniques, toutes les possibilités pour pouvoir le faire à l’échelle d un pays comme à l’échelle mondiale.
Alors, bien sûr, le problème est que la classe au pouvoir, la classe qui a le contrôle des moyens de production et d’échange, ne raisonne pas en fonction des besoins de la société. Elle raisonne en fonction de l’intérêt privé, en fonction des nécessités du profit dans son acception la plus vulgaire, la plus bornée, la plus étroite, la plus stupide qui soit. Elle enfonce le monde avec elle dans l’absurdité et la démence. Elle n’accepte pas, elle ne peut pas accepter de raisonner autrement qu’en fonction de ses profits ; mais elle ne se laisse pas non plus dessaisir du contrôle qu’elle exerce sur les moyens de production, sur les échanges, sur les ressources de la planète. Ce contrôle, il faut le lui arracher.
Mais cela, ce n’est plus un problème économique mais un problème politique. C’est bien pourquoi les économistes bourgeois, malgré toutes leurs études, malgré tous leurs travaux, malgré les connaissances qu’ils ont de tous les rouages de l’économie, sont incapables de proposer la moindre solution réelle à la crise. Toutes leurs recommandations, leurs conseils, toutes leurs polémiques ne sont que du bavardage sans aucun effet sur les mécanismes de la crise.
Car ces mécanismes ne se basent pas sur le raisonnement, mais sur la force. Ce sont les mécanismes engendrés par la contrainte qu’une classe de parasites exerce sur le monde entier ; une contrainte qui a pour but de s’approprier la plus grande part possible des richesses produites sur la planète ; une contrainte qui n’est autre que l’expression de la lutte des classes la plus implacable, celle que mène la bourgeoisie pour exploiter l’ensemble des classes opprimées ; une contrainte dont la société ne peut être débarrassée justement que par la lutte des classes, mais cette fois par la lutte de la classe ouvrière, à la tête de toutes les classes opprimées, pour mettre à bas la classe capitaliste.
Cela, ce n’est plus de l’économie, c’est de la politique, et de la politique révolutionnaire. La seule issue à la crise économique qui ne ramène pas le monde entier des années en arrière dans la barbarie sanglante, c’est la réorganisation de fond en comble de l’économie mondiale en fonction des besoins de l’humanité. Cela porte un nom ; c’est le socialisme. La seule façon d’y parvenir, c’est d’arracher le pouvoir, économique et politique, des mains de la bourgeoisie, à l’échelle mondiale. La seule force en mesure de le faire, c’est la classe ouvrière mondiale, celle qui fabrique et contrôle la masse des richesses produites dans le monde entier, qui est concentrée dans les usines et près des centres du pouvoir politique, et sur le travail de laquelle est construite toute la puissance du capital financier.
Et qu’est-ce, au fond, que cette puissance du capital financier ? Lorsque la classe ouvrière s’emparera du pouvoir, il suffira de souffler dessus pour qu’elle s’écroule. Il suffira de proclamer la nullité de ces montagnes de papier, ou de couper le courant aux mémoires d’ordinateur des banques pour que rien n’en subsiste plus. Il ne restera alors plus rien de la dette, plus rien des emprunts, plus rien de ce pseudo-capital qui n’est que le symbole, transformé en chiffres comptables, de la domination de la classe bourgeoise, et qui disparaîtra avec cette domination.
Il y a un exemple historique. Les prolétaires russes, après avoir pris le pouvoir en octobre 1917, ont annulé les dettes du grand capital international par un simple décret. Il n’est plus rien resté de l’emprunt russe qui enchaînait la Russie arriérée au capital financier français. Et près de quatre-vingts ans après, les rentiers français qui ont encore les titres de cet emprunt ne peuvent toujours rien en faire d’autre que de les encadrer sur les murs.
Voilà quel sera le premier acte de la révolution prolétarienne à l’égard du capital financier, comme ce fut le premier acte des prolétaires russes en octobre 1917. Il devient urgent de l’accomplir. Car bientôt peut-être, toute l’économie mondiale, toute la plus-value extorquée aux prolétaires du monde, tous les États, même le plus puissant d’entre eux, n’arriveront plus à soutenir envers et contre tout, le profit du capital financier. Ce sera alors la faillite, le krach, mais un krach aux conséquences bien plus dévastatrices encore que ne l’ont été celles du krach de 1929. Ce sera une faillite qui ne laissera plus d’autre issue au capitalisme que de jeter le monde dans la troisième guerre mondiale, que de le plonger dans la barbarie. Comme il l’a déjà fait deux fois dans ce siècle.
Socialisme ou barbarie, camarades, ce sont les seules issues que la crise du capitalisme laisse à l’humanité. Alors, à bas le capitalisme, vive la révolution prolétarienne mondiale et le socialisme !


mardi 14 août 2012

:: Le défi que nous avons à relever

Le défi que nous, révolutionnaires internationalistes actuels, avons à relever : enflammer pour nos idées internationalistes toute cette génération combattante, qui malgré l’épreuve de l’histoire et des révolutions nationales fourvoyées, a acquis artificiellement une nouvelle tradition selon laquelle le nationalisme serait progressif.
Du temps des IIe et IIIe Internationales, l’internationalisme, comme la conscience de classe, c’étaient les organisations ouvrières qui le véhiculaient. Aujourd’hui, ce sont les conditions techniques et économiques de l’impérialisme qui rendent la nécessité du combat internationaliste plus évidente que jamais. Mais plus que jamais aussi, il est rejeté par les appareils militaires ou bureaucratiques qui encadrent les masses ou se précipitent à leur tête.
En fait, le problème n’est pas tout-à-fait nouveau. Lénine aussi, en son temps, bien avant 1917, avant 1905, dut combattre la politique de ces « libéraux armés de bombes » , comme il disait, de ces militants étrangers au prolétariat même si pour se mettre au goût de l’époque ils s’intitulaient socialistes-révolutionnaires, et qui voulaient faire le bonheur du peuple malgré lui.
Aujourd’hui, là précisément où la révolution est à l’ordre du jour dans bien des pays du monde, nous avons à combattre la politique des mêmes libéraux bourgeois, non seulement armés de bombes, mais disposant désormais de petits appareils militaires et bureaucratiques, et surtout, surtout, y compris quand ils ne disposent pas encore de tels appareils, d’un savoir-faire dans l’art d’encadrer les masses et l’art d’en prendre la direction sans craindre qu’elles les débordent.
Notre tâche, c’est d’acquérir le savoir-faire inverse. « L’émancipation des travailleurs sera l’oeuvre des travailleurs eux-mêmes ». C’est cette conviction profonde qui doit guider nos interventions politiques et militantes. Partout où nous sommes. En quelques circonstances que ce soit, y compris au cours des luttes les plus modestes, ici même.
L’une de nos tâches, c’est de permettre aux masses dès lors qu’elles se mettent en mouvement, et elles se mettent en mouvement dans bien des pays, et elles se mettront en mouvement ici aussi, d’apprendre à déborder leurs appareils réformistes ou nationalistes, ou tout simplement les hommes qui se sont empressés de se mettre à leur tête.
Car ces gens-là, immanquablement, inévitablement, leur disent à un moment ou à un autre au nom d’un prétendu intérêt supérieur, celui de la nation, de l’économie de la nation, de la religion de la nation, qu’elles doivent rentrer dans le rang, dans le rang de l’ordre bourgeois.
La tâche paraît grande, en regard des faibles forces des trotskystes et parmi eux, de ceux qui ont conscience de cette tâche. Mais sa réalisation est peut-être plus proche que jamais. Car les circonstances objectives ne nous sont pas défavorables, bien au contraire. Elles sont au moins aussi favorables qu’elles l’étaient pour Lénine en 1902.
Et puis, il y a des circonstances où le problème n’est pas d’être nombreux, mais d’être là, seulement lié à sa classe, et de savoir ce qu’on veut.
Prenez les grèves polonaises du mois d’août.
Walesa avait jusque-là toute la confiance de la classe ouvrière en lutte contre le régime de Jaruzelski. Et puis on a vu comment Walesa, qui n’a pas trop perdu de temps pour assimiler les leçons des bureaucraties ouvrières occidentales a pris sa lance à incendies et est allé faire le tour des chantiers, des mines et des usines en grève pour faire reprendre le travail.
Il restait au moins 20 000 grévistes dans le pays, dont Walesa avait dit lui-même qu’ils étaient très déterminés, des jeunes de 20 ans dont Walesa disait quelques jours auparavant qu’ils étaient bien plus combatifs que ceux de 1980. Il n’empêche. Walesa a finalement réussi à faire reprendre le travail, sans rien en échange, comme tout le monde l’a vu.
Mais si les grévistes ont quand même repris le travail, ce n’est pas parce qu’ils faisaient encore confiance à Walesa. Non. Partout où Walesa est passé, au mieux, c’est un silence glacial qui l’a accueilli. Et plus souvent, c’étaient les protestations, les injures, les silences hostiles ou la colère rentrée, et les cris de « trahison ».
Mais voilà, et c’est souvent comme ça que les choses se passent : même avec des larmes de rage, les ouvriers polonais ont quand même arrêté leur grève. Car si leur leader le plus populaire les trahissait, ils n’avaient pas d’autres dirigeants, plus proches d’eux, qu’ils contrôlaient mieux, prêts à se saisir de la direction de la continuation de la grève.
A Gdansk, il y avait sans doute des centaines de jeunes grévistes prêts à tout. Mais il n’y avait pas, sinon on l’aurait vu, cette dizaine de jeunes ouvriers, soudés, organisés entre eux, avertis des retournements possibles d’un Walesa, liés par les mêmes idées prolétariennes fièrement proclamées, connus de leurs camarades de travail pour ces idées, mais aussi pour les critiques qu’ils avaient à faire à la direction de Solidarité.
Bref, cette dizaine de gars-là n’était pas là au moment où Walesa se retournait contre la base ; ils n’étaient pas là pour s’avancer et se porter eux-mêmes candidats à la direction de la grève et pour dire : « Nous proposons un nouveau comité de grève pour la continuation de la grève, et nous appelons tous les camarades des autres usines à nous envoyer, comme en 1980, leurs représentants au nouveau comité de grève ».
Ils n’étaient pas là, car en Pologne, il n’y a pas d’organisation révolutionnaire prolétarienne, même minoritaire, pour instruire l’avant-garde la plus combative et la plus consciente de telles tâches. Alors, les grévistes polonais ont repris le travail, parce qu’ils n’ontt pas trouvé en leur sein une nouvelle direction de rechange. Mais peut-être que si ces hommes-là s’étaient proposés, tout le poids de la direction de Solidarité sur ses cinq millions de membres aurait volé en éclats en quelques jours...
Car c’est toujours la même histoire. C’est quand les travailleurs sont forts, comme les ouvriers polonais l’étaient encore en août, qu’ils sont en grand danger d’être trahis.
Mais c’est aussi alors la chance des révolutionnaires, même minoritaires jusque-là, mais sachant tirer partie de cette force des travailleurs quand ils sont mobilisés et déterminés, de savoir préserver bec et ongles cette force des travailleurs, en leur donnant des objectifs qui leur permettent de vaincre, et en leur désignant tous ceux qui veulent briser cette force. C’est un peu cela aussi l’art de la prise du pouvoir à la tête des masses, avec les masses.
Notre tâche peut nous paraître parfois démesurée en regard de la force des appareils réformistes comme du crédit de leurs dirigeants. Mais il arrive toujours un moment, une situation critique où l’objectif passe à portée de la main, parce que la force des travailleurs qui entrent en lutte dépasse celle des appareils. Et ceux qui militent au sein de la classe ouvrière et ne savent pas se saisir de telles situations, n’ont pas encore vraiment appris le métier de révolutionnaire.
Tout cela, bien sûr, s’est passé en Pologne. Mais ce qui s’est passé en Pologne est ce qui peut se passer ici, en France, demain.
Ici aussi des grèves qui se généralisent sur les salaires, comme en Pologne, peuvent survenir et faire peur à l’ensemble du patronat et de son personnel politique. Ici aussi, il y aura alors un Krasucki, un Maire, un Bergeron, ou leurs successeurs, pour dire comme Walesa que réflexion faite, la grève n’est pas vraiment la bonne chose à faire. Ici aussi il y aura des cartes syndicales qui voleront et des cris de trahison. Mais ça ne suffira pas.
Contrairement à ce qui s’est passé en Pologne, il faudra que les révolutionnaires aient eux aussi la volonté de diriger, l’audace d’y aller, de foncer, de prendre leurs responsabilités devant leurs camarades de travail. Car c’est dans ces circonstances-là, justement, que loin d’être un obstacle, nos idées nous permettent d’aller jusqu’au bout de la situation.
Oui, c’est possible, si nous avons suffisamment confiance en nos propres idées, pour être convaincus comme Marx nous l’a appris, que les idées deviennent des forces quand elles s’emparent des masses. Mais pour qu’une telle réaction en chaîne se produise encore faut-il que ceux qui détiennent ces idées n’y renoncent à aucun prix.
Première chose, donc, tenir à nos propres idées, plus qu’à tout :
- Seul le prolétariat peut être l’artisan de la révolution socialiste communiste.
- La classe ouvrière, la classe des prolétaires, celle de ceux qui n’ont rien à perdre, qui n’ont ni patrie, ni propriété à défendre, est la seule classe révolutionnaire jusqu’au bout.
- Le prolétariat devra certes s’allier à d’autres classes sociales pour remporter la victoire, mais il ne devra pas être à leur remorque, même quand il participera à des combats communs.
- La révolution socialiste peut éclater dans un seul pays. Mais aucun pays ne peut vivre par lui-même. Car le rôle historique de la bourgeoisie, son seul rôle progressif en fait, c’est, on le voit encore aujourd’hui, d’avoir créé une économie qui fait éclater les frontières.
Et le socialisme qui veut survivre à l’intérieur de certaines frontières, que ce soit celles de l’URSS immense, du continent chinois, ou de la minuscule Cuba, ne peut être qu’un socialisme de la misère et au bout du compte une utopie réactionnaire.
- Cela fait près d’un siècle que le capitalisme arrivé à son stade impérialiste se survit en passant d’une crise à l’autre, d’une guerre mondiale à l’autre, sans résoudre aucune de ses contradictions.
Cela fait depuis le début du siècle que la crise du capitalisme est plus ou moins permanente et le monde plus ou moins vivable. Car s’il vaut sans doute mieux vivre aujourd’hui à Berlin qu’à Mexico, entre 1944 et 1945, quand l’aviation alliée bombardait les villes allemandes, il valait sans doute mieux vivre à Mexico qu’à Berlin. Aucun endroit du monde n’est épargné. Même pas ces Iles Malouines, au bout du monde, on l’a vu il n’y a pas si longtemps.
Il n’y a pas d’évasion possible.
- Toutes les revendications prolétariennes restent à l’ordre du jour. Seul le prolétariat mondial sera en mesure de faire sauter les chaînes des frontières nationales.
- Seule une économie planifiée à l’échelle mondiale sur la base de la technologie la plus avancée, permettra à l’Humanité de franchir un nouveau pas dans la maîtrise de son histoire et de son évolution. Cela signifiera une production non pas pour le profit, mais une production pour les besoins dans la limite de ces besoins, en trouvant un équilibre entre les besoins matériels et l’exploitation des ressources naturelles de la planète, tout en permettant enfin l’essor illimité des besoins intellectuels et artistiques de l’ensemble de l’Humanité.
La société impérialiste, elle, n’est capable que de créer une abondance à caractère pathologique à un bout, la misère et le dénuement concentrationnaire à l’autre. On ne peut pas imaginer que l’Humanité puisse continuer à vivre ainsi : avec la famine au Soudan et la jachère en Europe ; avec une saison de sécheresse aux États-Unis qui a fait la fortune de quelques exportateurs de blé en Argentine, alors même qu’en Argentine la misère s’installe brutalement avec la nouvelle dévaluation de la monnaie qui suit plusieurs années d’inflation galopante.
Toutes ces inégalités, ces injustices : les restaurants du coeur et la charité pour la recherche médicale, mais les impôts pour fournir des armes lourdes aux dictateurs qui envoient leurs peuples s’entretuer, sans parler de ces frontières nationales qui dans certains endroits font revenir les peuples au Moyen Age, tout cela ne durera pas. Cela ne peut pas durer.
Et c’est là où le rôle des individus, de quelques dizaines de milliers d’individus à l’échelle de la planète, peut être déterminant. Car justement, un parti révolutionnaire ne peut pas être un parti de masse. Il ne peut l’être seulement qu’au travers de la révolution. Et en dehors de telles crises révolutionnaires, le rôle des individus, des militants, du volontarisme, est un rôle important, déterminant. Les classes dominantes l’ont su elles qui ont toujours tenté de se protéger de ces minorités révolutionnaires dans les périodes critiques.
Un parti révolutionnaires, une Internationale, c’est cela, une organisation de quelques dizaines de milliers d’individus : pas n’importe qui, des gens qui se sont donné un but véritable dans la vie, en un mot, une organisation qui est capable, quand elle devient une organisation de masse, de vaincre là où d’autres ont dégénéré.
Voilà notre ambition.
Vive l’Internationale du prolétariat !
Vive la IVe Internationale !

lundi 13 août 2012

:: Seule la classe ouvrière est une classe révolutionnaire

Il est bien difficile de briser ces barrières, et la classe ouvrière n'y parvient qu'à des périodes exceptionnelles, à des périodes de crises sociales profondes qui ne se produisent que deux ou trois fois par siècle. Mais si, pour tous les marxistes, la classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire d'aujourd'hui, au sens historique du terme, c'est qu'elle est la seule force sociale capable de saisir ces occasions exceptionnelles pour bouleverser le fondement même de l'économie capitaliste, c'est-à-dire la propriété privée des moyens de production à laquelle rien ne l'attache.
Aujourd'hui, les grands partis qui se revendiquent de la classe ouvrière ne se situent nullement dans cette perspective. Leur objectif politique se limite à l'accession au gouvernement, pour gérer en loyaux serviteurs, les affaires de la bourgeoisie.
Voilà pourquoi il faut s'élever même contre ce rejet plus subtil de la révolution russe qui vient de ceux qui continuent à se revendiquer du communisme et qui consiste à se référer à Marx mais à rejeter Lénine et le parti bolchévik.
Réduire le marxisme et le communisme à la seule condamnation de la société actuelle, c'est les transformer en une sorte de religion civile qui promet des lendemains qui chantent mais sans donner à la classe ouvrière les moyens de les réaliser.
Oui, il faut de nouveaux partis socialistes et communistes révolutionnaires. Oui, il faut comprendre pourquoi c'est seulement dans un pays où existait un parti comme le parti bolchévik que le prolétariat a pu prendre le pouvoir. Oh, un parti de même nature que le Parti bolchévik en Russie ne serait pas une copie conforme de celui-ci. Le prolétariat en France n'a pas les mêmes traditions, les bonnes comme les mauvaises, et il est plus cultivé que le prolétariat russe. Mais il faut un parti qui ait la même fidélité aux idées et au programme de transformation sociale que le Parti bolchévik, le même dévouement à la classe ouvrière et aussi la même cohésion.
Le premier journal du courant bolchevik naissant avait pour titre Iskra, c'est-à-dire L'Etincelle, et portait comme devise "De l'étincelle jaillira la flamme". Cela semblait à l'époque, c'est-à-dire en 1902, bien présomptueux de la part d'un petit groupe de femmes et d'hommes face à ce mastodonte qu'était l'Etat tsariste, et pourtant c'est cette devise qui annonçait l'avenir.
Alors, nous ne savons pas en quel point du globe et quelle fraction de la classe ouvrière retrouvera en premier le chemin de la conscience de son rôle historique irremplaçable. Nous ne pouvons pas prévoir dans quelle crise sociale, à travers quels combats politiques, elle renouera avec le combat engagé en 1917.
Mais nous savons que l'avenir de la révolution sociale et, par conséquent, l'avenir de l'humanité est dans la direction indiquée le 7 novembre 1917, il y a quatre-vingt ans, par la Révolution russe qui nous dit toujours : "Oui, l'avenir de l'Humanité n'est pas le capitalisme, mais le communisme !".

Extrait de : L'actualité du communisme face à la mondialisation capitaliste
7 novembre 1997

:: Aujourd'hui, être communiste révolutionnaire

Être révolutionnaire, c’est évidemment être pour un changement radical de société. Il ne s’agit pas de révolution dans les lettres, les arts, ou les moeurs comme en 1968 et les années qui suivirent, ni d’une « rupture », voire d’un changement de société comme le disent sans rire les dirigeants politiques des grands partis, y compris ceux de droite.
Être révolutionnaire, c’est oeuvrer à un changement aussi radical que le fut la révolution française au XVIIIème siècle et plus profond encore que le fut la révolution russe de 1917 qui se limita à un seul pays et, qui plus est, arriéré à 90 % de son économie et de sa population, et même le plus arriéré d’Europe.
Un tel changement social viserait à la suppression de l’économie capitaliste et de ce qui lui est lié, l’impérialisme et son masque d’aujourd’hui, le « libéralisme » et la « mondialisation ».
Cela signifie la suppression de la propriété privée d’une classe riche de tous les grands moyens de production, de distribution, de transport. Le pire n’est pas qu’elle possède ces instruments de production, le pire est que leur fonctionnement n’est pas cohérent. Il est cohérent à l’intérieur de chaque entreprise mais dans les relations entre ces entreprises et entre les pays, la répartition, les échanges se font d’une façon anarchique. Cela se fait par la recherche du profit le plus élevé possible et la concurrence entre tous au travers du marché capitaliste où la régulation des échanges ne se fait qu’à retardement, par à-coups catastrophiques. Cela aboutit à un énorme gâchis du produit social et à des crises économiques parfois catastrophiques. Ces crises entraînent une surexploitation des travailleurs qui n’est limitée que par les réactions éventuelles de ces derniers. La classe capitaliste enchaînée à son mode de production, de répartition, de régulation par le marché, ne peut qu’exploiter au maximum le monde du travail pour en tirer le plus de profits possible.
Dans les pays économiquement développés, les réactions du monde du travail, concentré, puissant, même s’il n’utilise pas toujours cette puissance, limitent le degré des ponctions du capital sur le produit du travail. Mais même dans les pays pauvres, très pauvres, sous-développés, où le revenu moyen par habitant est souvent cent fois, voire plus, inférieur au revenu par habitant des pays industrialisés, et qui sont des pays où la misère est extrême, où l’espérance de vie est raccourcie de moitié, où la mortalité infantile est catastrophique, le capitalisme mondial est encore capable d’extraire de la plus-value du travail de ces miséreux. Bien moins par tête d’habitant que dans les autres pays, mais il se rattrape sur le nombre.
Un changement de société nécessite d’enlever des mains des conseils d’administration des grandes sociétés, et même des autres, la puissance économique qui leur permet d’exercer une dictature sociale et politique, quelles que soient les formes plus ou moins démocratiques du pays, sur l’ensemble des autres classes.
Être révolutionnaire, c’est oeuvrer à la préparation d’un tel changement de société, d’une telle révolution. Pour cela, il faut des instruments, des partis qui représentent l’expérience des classes populaires, la mémoire de leurs luttes, qui en tirent les leçons, qui forment politiquement leurs membres. Il faut donc créer au moins un tel parti, dont la propagande et l’activité dans le monde du travail consisteront aussi à amener le maximum de travailleurs, jeunes ou moins jeunes, à s’organiser en commun dans le même but.

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