lundi 13 août 2012

:: Seule la classe ouvrière est une classe révolutionnaire

Il est bien difficile de briser ces barrières, et la classe ouvrière n'y parvient qu'à des périodes exceptionnelles, à des périodes de crises sociales profondes qui ne se produisent que deux ou trois fois par siècle. Mais si, pour tous les marxistes, la classe ouvrière est la seule classe révolutionnaire d'aujourd'hui, au sens historique du terme, c'est qu'elle est la seule force sociale capable de saisir ces occasions exceptionnelles pour bouleverser le fondement même de l'économie capitaliste, c'est-à-dire la propriété privée des moyens de production à laquelle rien ne l'attache.
Aujourd'hui, les grands partis qui se revendiquent de la classe ouvrière ne se situent nullement dans cette perspective. Leur objectif politique se limite à l'accession au gouvernement, pour gérer en loyaux serviteurs, les affaires de la bourgeoisie.
Voilà pourquoi il faut s'élever même contre ce rejet plus subtil de la révolution russe qui vient de ceux qui continuent à se revendiquer du communisme et qui consiste à se référer à Marx mais à rejeter Lénine et le parti bolchévik.
Réduire le marxisme et le communisme à la seule condamnation de la société actuelle, c'est les transformer en une sorte de religion civile qui promet des lendemains qui chantent mais sans donner à la classe ouvrière les moyens de les réaliser.
Oui, il faut de nouveaux partis socialistes et communistes révolutionnaires. Oui, il faut comprendre pourquoi c'est seulement dans un pays où existait un parti comme le parti bolchévik que le prolétariat a pu prendre le pouvoir. Oh, un parti de même nature que le Parti bolchévik en Russie ne serait pas une copie conforme de celui-ci. Le prolétariat en France n'a pas les mêmes traditions, les bonnes comme les mauvaises, et il est plus cultivé que le prolétariat russe. Mais il faut un parti qui ait la même fidélité aux idées et au programme de transformation sociale que le Parti bolchévik, le même dévouement à la classe ouvrière et aussi la même cohésion.
Le premier journal du courant bolchevik naissant avait pour titre Iskra, c'est-à-dire L'Etincelle, et portait comme devise "De l'étincelle jaillira la flamme". Cela semblait à l'époque, c'est-à-dire en 1902, bien présomptueux de la part d'un petit groupe de femmes et d'hommes face à ce mastodonte qu'était l'Etat tsariste, et pourtant c'est cette devise qui annonçait l'avenir.
Alors, nous ne savons pas en quel point du globe et quelle fraction de la classe ouvrière retrouvera en premier le chemin de la conscience de son rôle historique irremplaçable. Nous ne pouvons pas prévoir dans quelle crise sociale, à travers quels combats politiques, elle renouera avec le combat engagé en 1917.
Mais nous savons que l'avenir de la révolution sociale et, par conséquent, l'avenir de l'humanité est dans la direction indiquée le 7 novembre 1917, il y a quatre-vingt ans, par la Révolution russe qui nous dit toujours : "Oui, l'avenir de l'Humanité n'est pas le capitalisme, mais le communisme !".

Extrait de : L'actualité du communisme face à la mondialisation capitaliste
7 novembre 1997

:: Aujourd'hui, être communiste révolutionnaire

Être révolutionnaire, c’est évidemment être pour un changement radical de société. Il ne s’agit pas de révolution dans les lettres, les arts, ou les moeurs comme en 1968 et les années qui suivirent, ni d’une « rupture », voire d’un changement de société comme le disent sans rire les dirigeants politiques des grands partis, y compris ceux de droite.
Être révolutionnaire, c’est oeuvrer à un changement aussi radical que le fut la révolution française au XVIIIème siècle et plus profond encore que le fut la révolution russe de 1917 qui se limita à un seul pays et, qui plus est, arriéré à 90 % de son économie et de sa population, et même le plus arriéré d’Europe.
Un tel changement social viserait à la suppression de l’économie capitaliste et de ce qui lui est lié, l’impérialisme et son masque d’aujourd’hui, le « libéralisme » et la « mondialisation ».
Cela signifie la suppression de la propriété privée d’une classe riche de tous les grands moyens de production, de distribution, de transport. Le pire n’est pas qu’elle possède ces instruments de production, le pire est que leur fonctionnement n’est pas cohérent. Il est cohérent à l’intérieur de chaque entreprise mais dans les relations entre ces entreprises et entre les pays, la répartition, les échanges se font d’une façon anarchique. Cela se fait par la recherche du profit le plus élevé possible et la concurrence entre tous au travers du marché capitaliste où la régulation des échanges ne se fait qu’à retardement, par à-coups catastrophiques. Cela aboutit à un énorme gâchis du produit social et à des crises économiques parfois catastrophiques. Ces crises entraînent une surexploitation des travailleurs qui n’est limitée que par les réactions éventuelles de ces derniers. La classe capitaliste enchaînée à son mode de production, de répartition, de régulation par le marché, ne peut qu’exploiter au maximum le monde du travail pour en tirer le plus de profits possible.
Dans les pays économiquement développés, les réactions du monde du travail, concentré, puissant, même s’il n’utilise pas toujours cette puissance, limitent le degré des ponctions du capital sur le produit du travail. Mais même dans les pays pauvres, très pauvres, sous-développés, où le revenu moyen par habitant est souvent cent fois, voire plus, inférieur au revenu par habitant des pays industrialisés, et qui sont des pays où la misère est extrême, où l’espérance de vie est raccourcie de moitié, où la mortalité infantile est catastrophique, le capitalisme mondial est encore capable d’extraire de la plus-value du travail de ces miséreux. Bien moins par tête d’habitant que dans les autres pays, mais il se rattrape sur le nombre.
Un changement de société nécessite d’enlever des mains des conseils d’administration des grandes sociétés, et même des autres, la puissance économique qui leur permet d’exercer une dictature sociale et politique, quelles que soient les formes plus ou moins démocratiques du pays, sur l’ensemble des autres classes.
Être révolutionnaire, c’est oeuvrer à la préparation d’un tel changement de société, d’une telle révolution. Pour cela, il faut des instruments, des partis qui représentent l’expérience des classes populaires, la mémoire de leurs luttes, qui en tirent les leçons, qui forment politiquement leurs membres. Il faut donc créer au moins un tel parti, dont la propagande et l’activité dans le monde du travail consisteront aussi à amener le maximum de travailleurs, jeunes ou moins jeunes, à s’organiser en commun dans le même but.

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