mardi 29 novembre 2011

:: La bourgeoisie capitaliste, une classe parasitaire

Le rôle croissant de l’Etat souligne par la même occasion le caractère de plus en plus parasitaire du capitalisme. Les plus grands groupes capitalistes, quand il y a des risques à prendre, les rejettent généralement sur l’Etat. Même pour conquérir des marchés nouveaux, c’est l’Etat qui se porte garant contre les risques éventuels de pertes. C’est du capitalisme assisté. Par l’intermédiaire de l’Etat, les pertes des grands groupes capitalistes sont socialisées alors que les profits, eux, demeurent privés.
Le remplacement de l’organisation capitaliste de la société par une autre organisation plus rationnelle, plus juste, n’est pas une nécessité seulement pour le prolétariat. La société est inhumaine pour tout le monde.
Comment ne pas ressentir, même pour ceux des bourgeois petits ou moins petits qui ont un peu de dignités humaine, les retours en arrière de la société capitaliste vers la barbarie sur le plan moral, intellectuel, culturel, et l’antisémitisme, le racisme, la misogynie, l’obscurantisme croissant de l’époque actuelle.
Et puis, les Etats-Unis ou l’Europe occidentale ont beau s’entourer d’un cordon sanitaire pour sauvegarder un paradis capitaliste où les magasins sont pleins, les routes en bon état, l’eau potable, les hôpitaux équipés, les épidémies éradiquées ; ils ont beau transformer les pays du tiers monde en camps de concentration pour pauvres, quitte à ce que ceux –ci s’entretuent dans des guerres nationales, tribales, ethniques ou religieuses, sous la surveillance des kapos de leurs propres Etats, ponctuellement dépannés pour la répression par des unités d’intervention envoyées des métropoles impérialistes ; ils ont beau se préparer à rebâtir un rideau de fer, tant leurs idéologues les plus imbéciles fantasment déjà devant les « hordes » de Polonais, de Roumains, d’Albanais et, pis encore, demain de Russes, susceptibles d’envahir leurs sanctuaires : cela ne les sauve pas de la pauverté car les capitalistes de ces pays recréent la pauverté chez eux en écrasant le niveau de vie de leur propre classe ouvrière, en supprimant kes protections sociales ou en laissant les services publics se dégrader ! Et, plus cette dégradation se poursuit, plus, aux frontières entre pays riches et pays pauvres, sur le Méditerranée, sur le Rio Grande ou aux confins orientaux de l’Europe, s’ajouteront d’autres frontières qui pesseront entre ghettos pauvres, laissés à la loi de la jungle, de la drogue et de la criminalité, et quartiers riches, encadrées de gardiens de l’ordre officiels et officieux.
Non ! L’avenir de la société ne peut pas être cela.

Extrait de l'intervention d'Arlette Laguiller du vendredi 14 février 1992 à la Mutualité : "Le communisme est toujours l'avenir du monde !"


Lire les autres extraits :

:: Le communisme, seul avenir de la société #5

:: La capacité du prolétariat à prendre la direction de la société #4

:: L'avenir communiste #3

:: Le remplacement de l'économie capitaliste, une nécessité inscrite dans son propre développement #1

:: Le remplacement de l'économie capitaliste, une nécessité inscrite dans son propre développement

Le changement de l'organisation sociale n'est pas seulement souhaitable du point de vue de la justice, du point de vue de l'humanité, du point de vue de l'égalité entre les hommes. Il est aussi nécessaire. Et cette nécessité est inscrite dans le développement de l’économie capitaliste elle-même.
Il y a plus d’un siècle, l’un des apports de Marx aux idées socialistes, a été précisément de montrer tout ce qui, au sein même de la société capitaliste, annonçait l’avenir communiste.
Car ce ne sont pas les communistes qui ont fait que la production moderne nécessité la coopération de milliers, de dizaines, de centaines de milliers de personnes, de sorte que la production elle-même est socialisée, collective, depuis longtemps. Ce son la propriété et le droit d’en disposer qui restent individuels. Et c’est précisément la soumission du travail de plus en plus collectif aux intérêts privés qui est une des sources principales des désordres économiques de la société actuelle.
Mais la socialisation de la production par le capitalisme lui-même rend en même temps possible et avantageuse l’organisation, la planification de la production.
Ce ne sont pas les communistes, mais le capitalisme qui a fait surgir des multinationales gigantesques dont les activités se déploient dans des dizaines de pays, internationalisant ainsi la vie économique à un degré jamais connu auparavant.
Ce ne sont pas les communistes, mais l’économie capitaliste elle-même, qui a tissé des liens économiques entre les différents pays d’Europe au point que l’économie étouffe dans des frontières nationales surannées et que la nécessité de détruire ces frontières est ressentie par la bourgeoisie elle-même, sans pour autant qu’elle ose supprimer les Etats nationaux à son service qui lui servent de béquilles indispensables.
Ce ne sont pas les communistes qui ont détruit les productions et les cultures locales et qui ont uniformisé à l’échelle du monde les gouts alimentaires ou intellectuels. C’est l’univers entier qui s’est gavé de Mac Donald et de Mac Gyver, aussi bien – ou aussi mal – que de Dallas ou de Coca-cola, pendant que les transistors ont imposé les mêmes tubes de Harlem à Tokyo en passant par Paris ou Abidjan.
En même temps qu’elle développe et élargit ses contradictions à l’échelle de la planète, l’économie capitaliste accumule les moyens qui rendent de plus en plus accessible la mise en place d’une économie plus rationnelle à l’échelle du globe.
Même si l’économie capitaliste tient à l’écart du progrès technique la plus grosse partie de la planète et l’écrasante majorité de sa population, et malgré les limitations imposées par l’économie de profit, les sciences et les techniques ont continué à progresser, en grande partie d’ailleurs, dans cette société démente, grâce à la recherche pour la guerre et donc grâce aux Etats plus qu’à l’initiative privée.
Au cours des trois quarts de siècle qui viennent de s’écouler, l’homme a appris à domestiquer l’énergie nucléaire, a entrepris de conquérir l’espace, et d’immenses champs nouveaux se sont ouverts dans le domaine de la biologie.
Les transports ont été révolutionnés par le développement de l’aviation, et les communications par ce lui de la radio d’abord, puis par la télévision, et enfin par l’informatique et les satellites.
Cela ne rend que plus criante la contradiction entre la capacité croissante de l’homme à dominer les forces matérielles et son incapacité totale à maitriser sa vie sociale.
Les trusts multinationaux, en développant la production et le commerce internationaux suivant la logique du profit, les ont souvent développés en dépit du bons ensemble. Il est par exemple aussi révoltant sur le plan humain que stupide sur le plan économique de créer des plantations capitalistes au Sénégal ou au Burkina, produisant des fraises ou des asperges à contre-saison pour les marchés européens, au détriment de la production vivrière locale. Le luxe artificiel de petits paradis solvables produit dans un océan de misère et de famine : la décadence romaine ne faisait pas pire !
Pour parasiter l’économie, les trusts internationaux ont mis en place des formidables organisations, mobilisant des méthodes technique de pointe qui rendraient l’utilisation des ressources de la planète infiniment facile.
Les satellites utilisés aujourd’hui à surveillés la croissance du blé à l’échelle du monde pour permettre au trusts des industries agroalimentaires de mieux spéculer sur les récoltes de demain, c'est-à-dire de mieux affamer les populations pauvres, pourraient tout aussi bien servir à prévoir et à répartir la récolte mondiale entre les hommes, tous les hommes.
A condition qu’ils soient arrachés aux intérêts privés et qu’ils ne fonctionnement plus suivant la logique du profit et de la concurrence, les systèmes informatiques qui relient instantanément les grandes Bourses du monde les unes aux autres, les grandes banques de tous les pays les unes aux autres, sont un exemple de formidables instruments dont on dispose pour coordonner, pour planifier tout ce qui a besoin d’être coordonné ou planifié à l’échelle du monde.
Le rôle partout croissant de l’Etat, y compris dans les citadelles du capitalisme libéral, est une autre manière, pour l’économie capitaliste, d’exprimer ses profondes insuffisances marquées par la nécessité de la socialisation.
Cela fait longtemps en réalité que la bourgeoisie est incapable de gérer les forces productives modernes qui la dépassent.
Cette économie capitaliste, qui se veut porteuse de l’idée du chacun pour soi, ne pourrait pas fonctionner une minute sans une intervention importante du collectivisme, de ce collectivisme qui est principalement incarné par l’Etat et par tous ces organismes paraétatiques qui, même  simplement pour mieux servir les intérêts généraux de la bourgeoisie, sont obligés d’échappe, dans une certaine mesure, à la logique du produit individuel et à ses impératifs.
Sans l’Etat, il n’y aurait pas, en France, d’éducation, de routes, de système de santé, pas plus que d’aménagement du territoire ou d’urbanisme. Il n’y aurait même pas  de production de charbon, de gaz et d’électricité, de transports publics. Même les Etats-Unis ne font pas confiance aux seules lois du marché pour la conquête de l’espace ou pour les recherches fondamentales.
Oui, la tendance à la collectivisation prend une source dans le développement de l’économie capitaliste elle-même. Mais elle se manifeste de façon contradictoire, insatisfaisante, conflictuelle car, en fin de compte même l’Etat, même les organismes ou les institutions qui sont censés représenter ce qui est, en quelque sorte, collectif dans les intérêts de la bourgeoisie, finissent toujours par se soumettre aux intérêts particuliers.
D’où l’abandon progressif et brutal en cas de difficultés économiques de ce qui n’est pas prioritaire du point de vue des intérêts capitalistes privées : les services publics, les protections sociales en premier lieu.


Extrait de l'intervention d'Arlette Laguiller du vendredi 14 février 1992 à la Mutualité : "Le communisme est toujours l'avenir du monde !"


Lire les autres extraits :

:: Le communisme, seul avenir de la société #5

:: La capacité du prolétariat à prendre la direction de la société #4

:: L'avenir communiste #3

:: La bourgeoisie capitaliste, une classe parasitaire #2