vendredi 3 septembre 2010

:: Le 3 septembre 1938 : proclamation de la quatrième Internationale

Ci-dessous, trois textes.

Le dernier chapitre du « Programme de Transition », rédigé par Trotsky début 1938, et qui fût le « Manifeste » de la nouvelle Internationale.

Sous le drapeau de la IVe Internationale

Des sceptiques demandent : mais le moment est-il venu de créer une nouvelle Internationale ? Il est impossible, disent-ils de créer une Internationale « artificiellement »; seuls, de grands événements peuvent la faire surgir, etc. Toutes ces objections démontrent seulement que des sceptiques ne sont pas bons à créer une nouvelle Internationale. En général, ils ne sont bons à rien.

La IVe Internationale est déjà surgie de grands événements : les plus grandes défaites du prolétariat dans l'Histoire. La cause de ces défaites, c'est la dégénérescence et la trahison de la vieille direction. La lutte des classes ne tolère pas d'interruption. La Troisième Internationale, après la Deuxième, est morte pour la révolution. Vive la IVe Internationale !

Mais les sceptiques ne se taisent pas : « Est-ce déjà le moment de la proclamer maintenant ? » La IVe Internationale, répondons-nous, n'a pas besoin d'être « proclamée ». ELLE EXISTE ET ELLE LUTTE. Elle est faible ? Oui, ses rangs sont encore peu nombreux, car elle est encore jeune. Ce sont, jusqu'à maintenant, surtout des cadres. Mais ces cadres sont le seul gage de l'avenir. En dehors de ces cadres, il n'existe pas, sur cette planète, un seul courant révolutionnaire qui mérite réellement ce nom. Si notre Internationale est encore faible en nombre, elle est forte par la doctrine, le programme, la tradition, la trempe incomparable de ses cadres. Que celui qui ne voit pas cela aujourd'hui reste à l'écart. Demain, ce sera plus visible.

La IVe Internationale jouit dès maintenant de la haine méritée des staliniens, des sociaux-démocrates, des libéraux bourgeois et des fascistes. Elle n'a ni ne peut avoir place dans aucun des Fronts populaires. Elle s'oppose irréductiblement à tous les groupements politiques liés à la bourgeoisie. Sa tâche, c'est de renverser la domination du capital. Son but, c'est le socialisme. Sa méthode, c'est la révolution prolétarienne.

Sans démocratie intérieure, il n'y a pas d'éducation révolutionnaire. Sans discipline, il n'y a pas d'action révolutionnaire. Le régime intérieur de la IVe Internationale est fondé sur les principes du centralisme démocratique : liberté complète dans la discussion, unité complète dans l'action.

La crise actuelle de la civilisation humaine est la crise de la direction du prolétariat. Les ouvriers avancés réunis au sein de la IV° Internationale montrent à leur classe la voie pour sortir de la crise. Ils lui proposent un programme fondé sur l'expérience internationale de la lutte émancipatrice du prolétariat et de tous les opprimés du monde. Ils lui proposent un drapeau que ne souille aucune tache.

Ouvriers et ouvrières de tous les pays, rangez-vous sous le drapeau de la Quatrième Internationale !
C'est le drapeau de votre victoire prochaine !

Extrait de La Lutte de classe n°30 (juillet 1975) :

Reconstruire la quatrième internationale

Rappeler les conditions extraordinairement difficiles dans lesquelles naquit et se développa l’Opposition de Gauche, puis la IVe Internationale, ne suffit pas à expliquer son isolement persistant. Le poids des conditions historiques est considérable, mais les révolutionnaires ne peuvent s’en servir comme alibi. Le fatalisme est à l’opposé de la pensée militante.

Isolée à sa fondation à cause des conditions objectives, la IVe Internationale n’existait, selon le mot de Trotsky lui-même, que comme « avant-garde de l’avant-garde ». En 1938, l’Internationale était proclamée, mais ses sections n’avaient, dans la plupart des cas, qu’une existence embryonnaire. Sa force était dans l’avenir, elle donnait aux futurs cadres du mouvement ouvrier un programme et un espoir, elle assurait, en la personne de Léon Trotsky, le lien vivant avec le passé révolutionnaire et la tradition bolchevique. L’Internationale décapitée par l’assassinat de Trotsky pouvait et devait survivre, mais il fallait donner chair et vie au programme. Il fallait que les sections se consacrent en priorité, et c’était ce préalable qui conditionnait tout le reste, à la construction d’organisations en contact réel et suffisamment important avec la classe ouvrière.

En fait, les organisations trotskystes officielles allaient se révéler incapables de se lier aux masses. Non parce qu’elles se réclamaient du trotskysme, mais parce que leur pratique organisationnelle, leur conception même du travail nécessaire, était étrangère aux traditions révolutionnaires du bolchevisme, leur composition petite-bourgeoise, circonstancielle et même inévitable à une époque donnée, allait devenir un élément permanent, caractérisant la nature de ces organisations.

Ce comportement, cette pratique organisationnelle ont marqué l’activité et les méthodes de travail, aussi bien dans la construction des organisations nationales qu’internationales.

Cela s’est traduit par une activité essentiellement proclamatoire. Plusieurs organisations aujourd’hui revendiquent le titre de IVe Internationale sans qu’aucune ne se posé réellement le problème de sa construction. A quoi bon puisqu’elles sont la IVe Internationale. Pourtant, s’il fallait une preuve que cette Internationale n’existe pas aujourd’hui, qu’il nous faut oeuvrer à la constituer dans les faits, on la trouverait dans l’éparpillement même du mouvement trotskyste en plusieurs tendances rivales. C’est la preuve même qu’il n’existe nulle part une véritable direction internationale, éprouvée, sélectionnée dans la lutte, jouissant d’un capital de confiance suffisant auprès de l’ensemble’ des militants pour disposer de l’autorité nécessaire.

Mais cela n’empêche pas les organisations qui s’intitulent IVe Internationale de se donner un mode de fonctionnement complètement inadapté à ce qu’elles sont réellement, et qu’elles justifient en se présentant comme des directions réelles du prolétariat international.

Ces règles de fonctionnement vidées de tout contenu, deviennent alors des recettes mécaniquement appliquées, qui servent à masquer la réalité du mouvement trotskyste officiel, mais qui, en aucune façon, ne le transforme en mouvement réel. Il ne s’agit pas de nier la valeur des principes. Mais les principes seuls sont insuffisants. Ainsi, par exemple, les organisations qui se sont proclamées « IVe Internationale » ont un mode de fonctionnement aujourd’hui, qui découle, prétendent-elles, des principes du centralisme démocratique. C’est-à-dire qu’elles imposent aux différentes sections qu’elles se soumettent aux décisions de la majorité.

C’est certes une règle indispensable pour qu’existe une direction digne de ce nom, capable de jouer pleinement son rôle. Mais la règle ne suffit pas pour qu’existe cette direction. Le fait de se réclamer du centralisme démocratique n’a en lui-même, aucun pouvoir créateur, le centralisme démocratique est au contraire une création vivante du développement organisationnel et politique d’un groupe. S’il en indique l’architecture générale et les proportions, il ne saurait être le ciment de l’organisation. Le ciment, c’est l’indispensable confiance que les militants manifestent entre eux et surtout vis-à-vis de leur direction. Le centralisme démocratique, la discipline qui en découle, ne peuvent exister sur des bases purement juridiques. Car pour qu’une minorité accepte de se plier, aux règles de discipline générale, aux décisions de la majorité encore faut-il qu’elle ait un minimum de confiance dans cette majorité. Aucun statut n’institue cette confiance Elle se gagne et elle se perd.

Or la formation d’une direction compétente n’est pas le produit d’un règlement. Elle est le fruit de luttes, d’expériences, de vérifications multiples. Son autorité trouve son fondement dans la justesse de la ligne politique suivie, c’est-à-dire, en dernière analyse, dans sa compétence. C’est ainsi que la direction bolchevique avait réussi à acquérir l’autorité qui fut la sienne au lendemain de la Révolution Russe, sur l’ensemble du mouvement communiste, non pas dans les statuts, tout formels à ses débuts, de la IIIe Internationale, mais dans sa capacité de mener le prolétariat russe à la victoire en 1917. C’est cette référence concrète qui. devait asseoir l’autorité de la direction du parti bolchevik sur l’ensemble de l’Internationale.

Le mouvement trotskyste, dans la période actuelle, est loin de disposer d’un tel capital, et aucune section nationale n’en dispose, ne serait-ce que partiellement. Il ne faut pas chercher plus loin l’explication de son éclatement en de multiples tendances. Quelle « minorité » accepterait la loi absolue d’une majorité dont elle ne reconnaît pas la compétence ? Chacune des tendances préfère alors scissionner et fonder sa propre organisation, au sein de laquelle elle sera soumise à sa discipline propre.

En fin de compte, la référence mécanique au centralisme démocratique, loin d’être un instrument d’efficacité, devient dans ces conditions au contraire un instrument bureaucratique destiné. à empêcher que les débats puissent avoir lieu au sin de l’organisation. Ce n’est pas un facteur de cohésion, mais un élément de division.

Certes il ne s’agit pas pour nous de reprocher aux organisations qui se réclament du trotskysme, et nous-mêmes en faisons partie, leur faiblesse numérique, ni de renoncer, à cause d’elle, à une organisation internationale des communistes révolutionnaires. Nous pensons au contraire qu’il faut construire l’Internationale, et que cette Internationale ne peut être construite que sur la base du programme trotskyste, sur les bases du programme de fondation de la IVe Internationale.

Mais pour ce faire, il faut en finir avec les illusions, avec les rodomontades et avec le bluff qui ne sont qu’un aspect des moers et des pratiques organisationnelles petites-bourgeoises. La Quatrième Internationale n’existe plus organisationnellement. C’est un fait qu’il faut reconnaître ouvertement. Cela signifie qu’il faut la reconstruire. Et pour cela, il ne s’agit pas d’abandonner tout travail international, mais au contraire faire ce travail au niveau des hommes et des organisations tels qu’ils existent aujourd’hui.

A l’heure actuelle, seule aurait un sens, parce qu’elle permettrait de travailler plus efficacement à la reconstruction de la IVe Internationale, une organisation internationale reconnaissant le droit de fraction, admettant en son sein toutes les organisations se réclamant du trotskysme, même s’il y en a plusieurs dans un même pays, une direction qui ne se prétendrait pas « direction internationale » parce qu’elle ne le serait pas, mais qui serait le lieu de confrontation pour tous les militants qui combattent sous le drapeau de la IVe Internationale.

C’est au sein d’une telle organisation, à travers une telle confrontation, que pourrait se qualifier et se sélectionner peu à peu une direction internationale reconnue. C’est ainsi que pourrait se forger une organisation internationale pour laquelle le centralisme démocratique ne serait pas une simple prétention, mais serait une réalité.

Ces propositions, nous les avons défendues publiquement à maintes reprises. A chaque fois que l’occasion s’en est présentée, nous avons fait des propositions en ce sens. C’est ainsi par exemple que nous posions le problème lors des pourparlers qui eurent lieu entre Lutte Ouvrière et la Ligue Communiste en 1972. Elles se sont à chaque fois heurtées à une fin de non-recevoir, plus ou moins ouverte.

En faisant de telles propositions, cela ne signifiait nullement, encore une fois, que nous renoncions à une Internationale centralisée, nécessaire état-major de la révolution mondiale. Mais nous pensions, et nous continuons à penser, que ce n’est pas en se fondant sur des fictions, sur des faux-semblants, sur une apparence de direction que nous pourrons un jour donner corps à cette direction véritable.

La Quatrième Internationale n’existe plus. Mais le trotskysme n’a pas fait faillite. Et le fait que, près de soixante ans après la Révolution Russe, ce soit la seule tendance qui existe à l’échelle internationale en est la meilleure preuve.

Mais pour que cette reconstruction devienne possible, il faut savoir faire en toute lucidité le bilan, sans concession, sans faiblesse, sans accommodement diplomatique et complaisant avec la réalité, de l’histoire du mouvement trotskyste. Il faut rompre avec les moers et les méthodes actuelles. Ce n’est qu’à ce prix que peut commencer cette oeuvre de reconstruction. Mais y renoncer serait renoncer à faire lucidement ce bilan, ce serait renoncer à la reconstruction de la Quatrième Internationale, et en même temps renoncer à la perspective de la révolution.

Extrait du l'exposé du Cercle Léon Trotsky n° 27 du 30 septembre 1988 :

50 ans après la fondation de la IVe Internationale. Quelles perspectives pour les militants révolutionnaires internationalistes ?

C'est à nous, trotskystes, tels que nous sommes, autant que nous sommes aujourd'hui, que revient la tâche de faire retraverser aux vieilles expériences révolutionnaires, c'est-à-dire au savoir-faire prolétarien et internationaliste, le no-man's land entre les générations militantes, pour permettre enfin au mouvement ouvrier mondial de redémarrer sur des bases politiques supérieures à celles des années 30.

Une gageure ? Oui, sans doute. Comme toutes les entreprises humaines qui valent la peine qu'on se batte pour elles. Mais une gageure en effet. Car cet héritage politique que nous a légué Trotsky avant son assassinat et dans lequel les différents groupes trotskystes ont puisé plus ou moins partiellement, n'est pas simplement une doctrine ou un programme de formules toutes faites à adapter au goût du jour.

Le bolchévisme, disait Trotsky pour son propre compte, «n'est pas une doctrine, mais un système d'éducation révolutionnaire pour l'accomplissement de la révolution prolétarienne ». Nous pouvons en dire tout autant du trotskysme.

Et toute la question est là : nous, les trotskystes, aurons-nous la volonté, l'âpreté, l'audace intellectuelle et politique et l'acharnement humain pour retrouver, pour réinventer dans l'action militante et l'action révolutionnaire, ce système d'éducation révolutionnaire dont parlait Trotsky, afin de le communiquer à toute la génération combattante qui surgit aujourd'hui dans les rangs des opprimés ?

Un défi à relever

Voilà le défi que nous, révolutionnaires internationalistes actuels, avons à relever : enflammer pour nos idées internationalistes toute cette génération combattante, qui malgré l'épreuve de l'histoire et des révolutions nationales fourvoyées, a acquis artificiellement une nouvelle tradition selon laquelle le nationalisme serait progressif.

Du temps des IIe et IIIe Internationales, l'internationalisme, comme la conscience de classe, c'étaient les organisations ouvrières qui le véhiculaient. Aujourd'hui, ce sont les conditions techniques et économiques de l'impérialisme qui rendent la nécessité du combat internationaliste plus évidente que jamais. Mais plus que jamais aussi, il est rejeté par les appareils militaires ou bureaucratiques qui encadrent les masses ou se précipitent à leur tête.

En fait, le problème n'est pas tout-à-fait nouveau. Lénine aussi, en son temps, bien avant 1917, avant 1905, dut combattre la politique de ces «libéraux armés de bombes», comme il disait, de ces militants étrangers au prolétariat même si pour se mettre au goût de l'époque ils s'intitulaient socialistes-révolutionnaires, et qui voulaient faire le bonheur du peuple malgré lui.

Aujourd'hui, là précisément où la révolution est à l'ordre du jour dans bien des pays du monde, nous avons à combattre la politique des mêmes libéraux bourgeois, non seulement armés de bombes, mais disposant désormais de petits appareils militaires et bureaucratiques, et surtout, surtout, y compris quand ils ne disposent pas encore de tels appareils, d'un savoir-faire dans l'art d'encadrer les masses et l'art d'en prendre la direction sans craindre qu'elles les débordent.

Notre tâche, c'est d'acquérir le savoir-faire inverse. «L'émancipation des travailleurs sera l'oeuvre des travailleurs eux-mêmes». C'est cette conviction profonde qui doit guider nos interventions politiques et militantes. Partout où nous sommes. En quelques circonstances que ce soit, y compris au cours des luttes les plus modestes, ici même.

L'une de nos tâches, c'est de permettre aux masses dès lors qu'elles se mettent en mouvement, et elles se mettent en mouvement dans bien des pays, et elles se mettront en mouvement ici aussi, d'apprendre à déborder leurs appareils réformistes ou nationalistes, ou tout simplement les hommes qui se sont empressés de se mettre à leur tête.

Car ces gens-là, immanquablement, inévitablement, leur disent à un moment ou à un autre au nom d'un prétendu intérêt supérieur, celui de la nation, de l'économie de la nation, de la religion de la nation, qu'elles doivent rentrer dans le rang, dans le rang de l'ordre bourgeois.

***

La tâche paraît grande, en regard des faibles forces des trotskystes et parmi eux, de ceux qui ont conscience de cette tâche. Mais sa réalisation est peut-être plus proche que jamais. Car les circonstances objectives ne nous sont pas défavorables, bien au contraire. Elles sont au moins aussi favorables qu'elles l'étaient pour Lénine en 1902. Et puis, il y a des circonstances où le problème n'est pas d'être nombreux, mais d'être là, seulement lié à sa classe, et de savoir ce qu'on veut.

[...]

Oui, c'est possible, si nous avons suffisamment confiance en nos propres idées, pour être convaincus comme Marx nous l'a appris, que les idées deviennent des forces quand elles s'emparent des masses. Mais pour qu'une telle réaction en chaîne se produise encore faut-il que ceux qui détiennent ces idées n'y renoncent à aucun prix.

***

Première chose, donc, tenir à nos propres idées, plus qu'à tout :
— Seul le prolétariat peut être l'artisan de la révolution socialiste communiste.
— La classe ouvrière, la classe des prolétaires, celle de ceux qui n'ont rien à perdre, qui n'ont ni patrie, ni propriété à défendre, est la seule classe révolutionnaire jusqu'au bout.
— Le prolétariat devra certes s'allier à d'autres classes sociales pour remporter la victoire, mais il ne devra pas être à leur remorque, même quand il participera à des combats communs.
— La révolution socialiste peut éclater dans un seul pays. Mais aucun pays ne peut vivre par lui-même. Car le rôle historique de la bourgeoisie, son seul rôle progressif en fait, c'est, on le voit encore aujourd'hui, d'avoir créé une économie qui fait éclater les frontières. Et le socialisme qui veut survivre à l'intérieur de certaines frontières, que ce soit celles de l'URSS immense, du continent chinois, ou de la minuscule Cuba, ne peut être qu'un socialisme de la misère et au bout du compte une utopie réactionnaire.
— Cela fait près d'un siècle que le capitalisme arrivé à son stade impérialiste se survit en passant d'une crise à l'autre, d'une guerre mondiale à l'autre, sans résoudre aucune de ses contradictions. Cela fait depuis le début du siècle que la crise du capitalisme est plus ou moins permanente et le monde plus ou moins vivable. Car s'il vaut sans doute mieux vivre aujourd'hui à Berlin qu'à Mexico, entre 1944 et 1945, quand l'aviation alliée bombardait les villes allemandes, il valait sans doute mieux vivre à Mexico qu'à Berlin. Aucun endroit du monde n'est épargné. Même pas ces Iles Malouines, au bout du monde, on l'a vu il n'y a pas si longtemps.

Il n'y a pas d'évasion possible.

— Toutes les revendications prolétariennes restent à l'ordre du jour. Seul le prolétariat mondial sera en mesure de faire sauter les chaînes des frontières nationales.
— Seule une économie planifiée à l'échelle mondiale sur la base de la technologie la plus avancée, permettra à l'Humanité de franchir un nouveau pas dans la maîtrise de son histoire et de son évolution. Cela signifiera une production non pas pour le profit, mais une production pour les besoins dans la limite de ces besoins, en trouvant un équilibre entre les besoins matériels et l'exploitation des ressources naturelles de la planète, tout en permettant enfin l'essor illimité des besoins intellectuels et artistiques de l'en-semble de l'Humanité.

La société impérialiste, elle, n'est capable que de créer une abondance à caractère pathologique à un bout, la misère et le dénuement concentrationnaire à l'autre. On ne peut pas imaginer que l'Humanité puisse continuer à vivre ainsi : avec la famine au Soudan et la jachère en Europe ; avec une saison de sécheresse aux Etats-Unis qui a fait la fortune de quelques exportateurs de blé en Argentine, alors même qu'en Argentine la misère s'installe brutalement avec la nouvelle dévaluation de la monnaie qui suit plusieurs années d'inflation galopante.

Toutes ces inégalités, ces injustices : les restaurants du cœur et la charité pour la recherche médicale, mais les impôts pour fournir des armes lourdes aux dictateurs qui envoient leurs peuples s'entretuer, sans parler de ces frontières nationales qui dans certains endroits font revenir les peuples au Moyen Age, tout cela ne durera pas. Cela ne peut pas durer.

***

Et c'est là où le rôle des individus, de quelques dizaines de milliers d'individus à l'échelle de la planète, peut être déterminant. Car justement, un parti révolutionnaire ne peut pas être un parti de masse. Il ne peut l'être seulement qu'au travers de la révolution. Et en dehors de telles crises révolutionnaires, le rôle des individus, des militants, du volontarisme, est un rôle important, déterminant. Les classes dominantes l'ont su elles qui ont toujours tenté de se protéger de ces minorités révolutionnaires dans les périodes critiques.

Un parti révolutionnaires, une Internationale, c'est cela, une organisation de quelques dizaines de milliers d'individus : pas n'importe qui, des gens qui se sont donné un but véritable dans la vie, en un mot, une organisation qui est capable, quand elle devient une organisation de masse, de vaincre là où d'autres ont dégénéré.

Voilà notre ambition.

Vive l'Internationale du prolétariat !
Vive la IVe Internationale !