lundi 22 novembre 2010

   22 novembre 1918 : écrasement du Soviet de Strasbourg 
  Jack London : Le peuple de l'Abîme, le texte en .pdf : http://bit.ly/ceVDE8
"Comment je suis devenu socialiste" (Jack London, 1902)

:: LE VRAI VISAGE DU "COMITE FRANCAIS DE LIBERATION NATIONALE"

Après de longs et pénibles marchandages, qui ont duré plus de six mois, les émigrés gaullistes à Londres et les généraux de la défaite et du système vichyssois en Afrique du Nord sont arrivés à un compromis.

Giraud et son équipe parmi laquelle on comptait jusqu'hier encore en service actif les Peyrouton, les Noguès, les Boisson, les Pucheu, etc... représentent sur le terrain politique la tendance la plus réactionnaire de la bourgeoisie française de la Métropole et des colonies. La fraction Giraudiste par son passé et sa mentalité est entièrement dans la ligne de la politique de la "révolution nationale" vichyssoise, avec laquelle par ailleurs elle n'a rompu qu'au moment où l'évolution de la guerre mettait toutes les chances du côté de l'impérialisme anglo-saxon.

La fraction gaulliste représente l'autre côté de la médaille, la tendance "démocratique" de la bourgeoisie française, qui tente de gagner la guerre et la paix capitalistes en faisant "miroiter" aux masses laborieuses de France la résurrection de feu la IIIème République sur une base constitutionnelle et parlementaire. Elle est la fraction politique du capitalisme français la plus habile, la plus démagogique et par conséquent la plus dangereuse. Ayant exploité à fond les sentiments d'indignation, de colère et le désir ardent de liberté suscités par l'occupation brutale du pays qui souffre et qui saigne sous la botte de l'impérialisme allemand, le "Gaullisme" veut regrouper les classes laborieuses françaises, en déguisant sa physionomie capitaliste sous le masque trompeur du "libérateur national". Il est devenu ainsi, grâce surtout à la complicité criminelle des dirigeants staliniens, le principal courant politique en France qui cherche à substituer à la lutte de classes l'"union sacrée" contre l'ennemi extérieur : les "Boches".

De Gaulle, dans ses pourparlers avec Giraud, se montra plusieurs fois intransigeant, sachant bien les sentiments qui animent les classes laborieuses de France envers les généraux et les politiciens qui jusqu'à hier défendaient en Afrique du Nord la politique réactionnaire de Vichy.

La composition définitive du "Comité français de libération nationale" et les remplacements qui ont précédé et suivi sa constitution (renvoi de Peyrouton, Noguès, etc...) marquent dans les cadres du compromis une première victoire gaulliste. Pour qu'elle soit cependant complète, elle doit être couronnée par la main-mise gaulliste sur l'armée en Afrique du Nord qui constitue pour le moment la force essentielle de la fraction Giraudiste, et qui tranchera aussi en définitif la question de l'influence politique prépondérante. En tout cas, les nécessités imposées par la guerre, empêcheront très probablement une aggravation de la crise et maintiendront l'équilibre établi sur la base du compromis entre les deux généraux. Par ailleurs, la pression de l'impérialisme anglo-saxon s'exerce dans la même direction actuellement.

Les patriotes généraux et politiciens de Londres et de l'Afrique du Nord multiplient leurs appels, leurs promesses et leurs encouragements.

Patientons, "ils" viendront bientôt. Mais c'est la partie du capitalisme français liée économiquement avec l'impérialisme anglo-saxon qui se prépare à venir, et c'est pour restaurer l'ordre bourgeois d'avant-guerre sur une base matérielle et politique infiniment plus restreinte pour les prolétaires de France. Derrière le drapeau national du "Comité" français , derrière son armée et les armées "alliées" de l'impérialisme anglo-saxon, viendra la capitalisme et seulement le capitalisme, frère siamois du régime social de Vichy. Les prolétaires de France, comme par ailleurs les prolétaires de tout le continent, ne changeront que de maîtres par l'arrivée des "alliés".

Les prolétaires et les couches pauvres de paysans et de petits-bourgeois des villes aspirent à un changement radical de la situation, qui devient de plus en plus intenable sous le régime capitaliste. Mais rêver le retour de la "belle vie" de jadis avec les Daladier, les Blum, les Herriot, et les autres marionnettes "démocratiques" du capitalisme français  qui se sont vantés à Riom d'avoir brisé le mouvement prolétarien de 34 à 1939 et qui ont préparé la guerre, c'est oublier que la situation d'aujourd'hui est le résultat de toute la politique du capitalisme français sous la IIIème République. Le retour aux même conditions, que nous promet maintenant le "Comité français de libération nationale", signifiera le retour aux mêmes causes organiques qui, à travers une attaque frontale du capitalisme contre les positions économiques et politiques du prolétariat français ont provoqué la présente guerre.

La volonté des masses est autre, DOIT être autre : faire la Révolution socialiste, qui est la seule solution radicale, la seule issue, la seule chance de salut pour le prolétariat et les autres couches exploitées du pays. Face aux préparatifs fébriles des généraux et politiciens au service de l'impérialisme, qui oppriment l'Afrique du Nord et s'en font un tremplin pour rétablir la position privilégiée du capitalisme français face au drapeau tricolore des exploiteurs, le prolétariat activera sa lutte de classe et S'APPRETERA A HISSER SON DRAPEAU ROUGE DE LA REVOLUTION SOCIALISTE. En tendant la main aux ouvriers d'Allemagne, d'Italie et des Balkans, les ouvriers français libéreront d'un seul coup le pays de ses ennemis capitalistes intérieurs et extérieurs, en édifiant en commun l'ordre socialiste basé sur l'union fraternelle des peuples du continent, LES ETATS-UNIS SOCIALISTES D'EUROPE.

Barta, 13 juin 1943