mardi 6 septembre 2011

:: 6 septembre 1976 : décès de David Korner dit Barta

Né le 19 octobre 1914 à Buhusi, en Roumanie, David Korner (dit Barta, Albert ou A.Mathieu) sympathise au début des années 30 avec le parti communiste roumain.

Venu en France à l'automne 1933, il rejoint la Ligue Communiste Internationaliste, c'est à dire le mouvement trotskyste. Il partage son temps entre Paris et Bucarest où il participe en 1935 à la création d'un Groupe Bolchévik-Léniniste roumain. On n'en sait guère que ce qu'il mentionne dans deux rapports à la LCI et dans deux lettres à Trotsky.

A la fin de l'année 1936, il quitte la Roumanie avec trois camarades, dont Louise (la future Irène de l'Union Communiste) pour rejoindre la révolution espagnole. Bloqués en France, ils militent au Parti Ouvrier Internationaliste (POI) trotskyste.

Début 1939 il rejoint le Parti Socialiste Ouvrier et Paysan (PSOP) avec la fraction Rous-Craipeau, à la direction de laquelle il appartient. Il rompt avec les Comités Pour la Quatrième Internationale en septembre 1939. Avec Louise il édite jusqu'en janvier 1940 trois numéros du journal internationaliste clandestin L'Ouvrier.

En novembre 1940 il rédige sa brochure « La lutte contre la deuxième Guerre impérialiste mondiale », seul manifeste authentiquement internationaliste en France à l'époque. De 1942 à 1944, publication de 34 numéros de La Lutte de Classes et construction d'un petit groupe qui rejette la réunification car le Parti Communiste Internationaliste (PCI) - section française de la Quatrième Internationale - refuse d'analyser les causes des errements nationalistes du début de la guerre. En septembre 1944, Mathieu Bucholtz, l'un des principaux militants du groupe, est assassiné par les staliniens.

De 1944 à 1947, travail d'implantation systématique dans la classe ouvrière rendu d'autant plus vital que, pour la première fois, apparait une fracture durable entre la conscience ouvrière et le parti communiste français (PCF) dont les ministres et les militants harcèlent la classe ouvrière de leur zèle productiviste.

Cette activité débouche sur la grève Renault d'avril-mai 1947 dirigé par l'Union Communiste au travers de Pierre Bois, son principal militant dans l'usine. Ce mouvement était le fruit d'un travail long et patient : « Si nous nous sommes trouvés à la tête de la grève Renault d'avril 1947, c'est que l'ensemble de notre orientation (syndicale et politique) nous y avait menés. » Un succès donc. Mais aussi un échec en ce sens que la grève générale qu'ils avaient espéré déclencher ne survient pas. Du moins pas tout de suite. Le PCF réussit à l'endiguer, la transformant en la grève générale larvée de fin 1947 et 1948.

Exclus de fait de la Confédération Générale du Travail (CGT), quelques centaines d'ouvriers de chez Renault se retrouvent au sein du Syndicat Démocratique Renault (SDR), structure qui devient pratiquement la seule forme d'organisation de l'Union Communiste et absorbe toutes ses forces. Outre le climat de liberté que la grève et sa création ont imposé dans l'usine, le SDR rencontre un certain nombre de succès: reconnaissance de sa représentativité légale et celle, politique, de la CGT qui doit, en 1949, en plein stalinisme, accepter la présence de trotskystes à la tribune d'un meeting commun.

Pourtant, en 1949 une scission se produit et l'organisation - qui n'a jamais compté plus de deux dizaines de membres - n'y survit pas. Barta cesse de militer en 1951.

Le groupe Voix Ouvrière (puis Lutte Ouvrière) s'est inscrit dès sa création (1956) dans la continuité de l'U.C. bien que, malgré plusieurs tentatives, les relations avec Barta n'aient jamais été renouées durablement.