mardi 29 novembre 2011

:: Le remplacement de l'économie capitaliste, une nécessité inscrite dans son propre développement

Le changement de l'organisation sociale n'est pas seulement souhaitable du point de vue de la justice, du point de vue de l'humanité, du point de vue de l'égalité entre les hommes. Il est aussi nécessaire. Et cette nécessité est inscrite dans le développement de l’économie capitaliste elle-même.
Il y a plus d’un siècle, l’un des apports de Marx aux idées socialistes, a été précisément de montrer tout ce qui, au sein même de la société capitaliste, annonçait l’avenir communiste.
Car ce ne sont pas les communistes qui ont fait que la production moderne nécessité la coopération de milliers, de dizaines, de centaines de milliers de personnes, de sorte que la production elle-même est socialisée, collective, depuis longtemps. Ce son la propriété et le droit d’en disposer qui restent individuels. Et c’est précisément la soumission du travail de plus en plus collectif aux intérêts privés qui est une des sources principales des désordres économiques de la société actuelle.
Mais la socialisation de la production par le capitalisme lui-même rend en même temps possible et avantageuse l’organisation, la planification de la production.
Ce ne sont pas les communistes, mais le capitalisme qui a fait surgir des multinationales gigantesques dont les activités se déploient dans des dizaines de pays, internationalisant ainsi la vie économique à un degré jamais connu auparavant.
Ce ne sont pas les communistes, mais l’économie capitaliste elle-même, qui a tissé des liens économiques entre les différents pays d’Europe au point que l’économie étouffe dans des frontières nationales surannées et que la nécessité de détruire ces frontières est ressentie par la bourgeoisie elle-même, sans pour autant qu’elle ose supprimer les Etats nationaux à son service qui lui servent de béquilles indispensables.
Ce ne sont pas les communistes qui ont détruit les productions et les cultures locales et qui ont uniformisé à l’échelle du monde les gouts alimentaires ou intellectuels. C’est l’univers entier qui s’est gavé de Mac Donald et de Mac Gyver, aussi bien – ou aussi mal – que de Dallas ou de Coca-cola, pendant que les transistors ont imposé les mêmes tubes de Harlem à Tokyo en passant par Paris ou Abidjan.
En même temps qu’elle développe et élargit ses contradictions à l’échelle de la planète, l’économie capitaliste accumule les moyens qui rendent de plus en plus accessible la mise en place d’une économie plus rationnelle à l’échelle du globe.
Même si l’économie capitaliste tient à l’écart du progrès technique la plus grosse partie de la planète et l’écrasante majorité de sa population, et malgré les limitations imposées par l’économie de profit, les sciences et les techniques ont continué à progresser, en grande partie d’ailleurs, dans cette société démente, grâce à la recherche pour la guerre et donc grâce aux Etats plus qu’à l’initiative privée.
Au cours des trois quarts de siècle qui viennent de s’écouler, l’homme a appris à domestiquer l’énergie nucléaire, a entrepris de conquérir l’espace, et d’immenses champs nouveaux se sont ouverts dans le domaine de la biologie.
Les transports ont été révolutionnés par le développement de l’aviation, et les communications par ce lui de la radio d’abord, puis par la télévision, et enfin par l’informatique et les satellites.
Cela ne rend que plus criante la contradiction entre la capacité croissante de l’homme à dominer les forces matérielles et son incapacité totale à maitriser sa vie sociale.
Les trusts multinationaux, en développant la production et le commerce internationaux suivant la logique du profit, les ont souvent développés en dépit du bons ensemble. Il est par exemple aussi révoltant sur le plan humain que stupide sur le plan économique de créer des plantations capitalistes au Sénégal ou au Burkina, produisant des fraises ou des asperges à contre-saison pour les marchés européens, au détriment de la production vivrière locale. Le luxe artificiel de petits paradis solvables produit dans un océan de misère et de famine : la décadence romaine ne faisait pas pire !
Pour parasiter l’économie, les trusts internationaux ont mis en place des formidables organisations, mobilisant des méthodes technique de pointe qui rendraient l’utilisation des ressources de la planète infiniment facile.
Les satellites utilisés aujourd’hui à surveillés la croissance du blé à l’échelle du monde pour permettre au trusts des industries agroalimentaires de mieux spéculer sur les récoltes de demain, c'est-à-dire de mieux affamer les populations pauvres, pourraient tout aussi bien servir à prévoir et à répartir la récolte mondiale entre les hommes, tous les hommes.
A condition qu’ils soient arrachés aux intérêts privés et qu’ils ne fonctionnement plus suivant la logique du profit et de la concurrence, les systèmes informatiques qui relient instantanément les grandes Bourses du monde les unes aux autres, les grandes banques de tous les pays les unes aux autres, sont un exemple de formidables instruments dont on dispose pour coordonner, pour planifier tout ce qui a besoin d’être coordonné ou planifié à l’échelle du monde.
Le rôle partout croissant de l’Etat, y compris dans les citadelles du capitalisme libéral, est une autre manière, pour l’économie capitaliste, d’exprimer ses profondes insuffisances marquées par la nécessité de la socialisation.
Cela fait longtemps en réalité que la bourgeoisie est incapable de gérer les forces productives modernes qui la dépassent.
Cette économie capitaliste, qui se veut porteuse de l’idée du chacun pour soi, ne pourrait pas fonctionner une minute sans une intervention importante du collectivisme, de ce collectivisme qui est principalement incarné par l’Etat et par tous ces organismes paraétatiques qui, même  simplement pour mieux servir les intérêts généraux de la bourgeoisie, sont obligés d’échappe, dans une certaine mesure, à la logique du produit individuel et à ses impératifs.
Sans l’Etat, il n’y aurait pas, en France, d’éducation, de routes, de système de santé, pas plus que d’aménagement du territoire ou d’urbanisme. Il n’y aurait même pas  de production de charbon, de gaz et d’électricité, de transports publics. Même les Etats-Unis ne font pas confiance aux seules lois du marché pour la conquête de l’espace ou pour les recherches fondamentales.
Oui, la tendance à la collectivisation prend une source dans le développement de l’économie capitaliste elle-même. Mais elle se manifeste de façon contradictoire, insatisfaisante, conflictuelle car, en fin de compte même l’Etat, même les organismes ou les institutions qui sont censés représenter ce qui est, en quelque sorte, collectif dans les intérêts de la bourgeoisie, finissent toujours par se soumettre aux intérêts particuliers.
D’où l’abandon progressif et brutal en cas de difficultés économiques de ce qui n’est pas prioritaire du point de vue des intérêts capitalistes privées : les services publics, les protections sociales en premier lieu.


Extrait de l'intervention d'Arlette Laguiller du vendredi 14 février 1992 à la Mutualité : "Le communisme est toujours l'avenir du monde !"


Lire les autres extraits :

:: Le communisme, seul avenir de la société #5

:: La capacité du prolétariat à prendre la direction de la société #4

:: L'avenir communiste #3

:: La bourgeoisie capitaliste, une classe parasitaire #2

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