Il
y a plus d’un siècle, l’un des apports de Marx aux idées socialistes, a été
précisément de montrer tout ce qui, au sein même de la société capitaliste,
annonçait l’avenir communiste.
Car
ce ne sont pas les communistes qui ont fait que la production moderne nécessité
la coopération de milliers, de dizaines, de centaines de milliers de personnes,
de sorte que la production elle-même est socialisée, collective, depuis
longtemps. Ce son la propriété et le droit d’en disposer qui restent
individuels. Et c’est précisément la soumission du travail de plus en plus
collectif aux intérêts privés qui est une des sources principales des désordres
économiques de la société actuelle.
Mais
la socialisation de la production par le capitalisme lui-même rend en même
temps possible et avantageuse l’organisation, la planification de la
production.
Ce
ne sont pas les communistes, mais le capitalisme qui a fait surgir des
multinationales gigantesques dont les activités se déploient dans des dizaines
de pays, internationalisant ainsi la vie économique à un degré jamais connu
auparavant.
Ce
ne sont pas les communistes, mais l’économie capitaliste elle-même, qui a tissé
des liens économiques entre les différents pays d’Europe au point que l’économie
étouffe dans des frontières nationales surannées et que la nécessité de
détruire ces frontières est ressentie par la bourgeoisie elle-même, sans pour autant
qu’elle ose supprimer les Etats nationaux à son service qui lui servent de
béquilles indispensables.
Ce
ne sont pas les communistes qui ont détruit les productions et les cultures
locales et qui ont uniformisé à l’échelle du monde les gouts alimentaires ou
intellectuels. C’est l’univers entier qui s’est gavé de Mac Donald et de Mac
Gyver, aussi bien – ou aussi mal – que de Dallas ou de Coca-cola, pendant que
les transistors ont imposé les mêmes tubes de Harlem à Tokyo en passant par
Paris ou Abidjan.
En
même temps qu’elle développe et élargit ses contradictions à l’échelle de la
planète, l’économie capitaliste accumule les moyens qui rendent de plus en plus
accessible la mise en place d’une économie plus rationnelle à l’échelle du
globe.
Même
si l’économie capitaliste tient à l’écart du progrès technique la plus grosse
partie de la planète et l’écrasante majorité de sa population, et malgré les
limitations imposées par l’économie de profit, les sciences et les techniques
ont continué à progresser, en grande partie d’ailleurs, dans cette société
démente, grâce à la recherche pour la guerre et donc grâce aux Etats plus qu’à
l’initiative privée.
Au
cours des trois quarts de siècle qui viennent de s’écouler, l’homme a appris à
domestiquer l’énergie nucléaire, a entrepris de conquérir l’espace, et
d’immenses champs nouveaux se sont ouverts dans le domaine de la biologie.
Les
transports ont été révolutionnés par le développement de l’aviation, et les
communications par ce lui de la radio d’abord, puis par la télévision, et enfin
par l’informatique et les satellites.
Cela
ne rend que plus criante la contradiction entre la capacité croissante de
l’homme à dominer les forces matérielles et son incapacité totale à maitriser
sa vie sociale.
Les
trusts multinationaux, en développant la production et le commerce
internationaux suivant la logique du profit, les ont souvent développés en
dépit du bons ensemble. Il est par exemple aussi révoltant sur le plan humain
que stupide sur le plan économique de créer des plantations capitalistes au
Sénégal ou au Burkina, produisant des fraises ou des asperges à contre-saison
pour les marchés européens, au détriment de la production vivrière locale. Le
luxe artificiel de petits paradis solvables produit dans un océan de misère et
de famine : la décadence romaine ne faisait pas pire !
Pour
parasiter l’économie, les trusts internationaux ont mis en place des
formidables organisations, mobilisant des méthodes technique de pointe qui
rendraient l’utilisation des ressources de la planète infiniment facile.
Les
satellites utilisés aujourd’hui à surveillés la croissance du blé à l’échelle
du monde pour permettre au trusts des industries agroalimentaires de mieux
spéculer sur les récoltes de demain, c'est-à-dire de mieux affamer les
populations pauvres, pourraient tout aussi bien servir à prévoir et à répartir
la récolte mondiale entre les hommes, tous les hommes.
A
condition qu’ils soient arrachés aux intérêts privés et qu’ils ne
fonctionnement plus suivant la logique du profit et de la concurrence, les
systèmes informatiques qui relient instantanément les grandes Bourses du monde
les unes aux autres, les grandes banques de tous les pays les unes aux autres,
sont un exemple de formidables instruments dont on dispose pour coordonner,
pour planifier tout ce qui a besoin d’être coordonné ou planifié à l’échelle du
monde.
Le
rôle partout croissant de l’Etat, y compris dans les citadelles du capitalisme
libéral, est une autre manière, pour l’économie capitaliste, d’exprimer ses
profondes insuffisances marquées par la nécessité de la socialisation.
Cela
fait longtemps en réalité que la bourgeoisie est incapable de gérer les forces
productives modernes qui la dépassent.
Cette
économie capitaliste, qui se veut porteuse de l’idée du chacun pour soi, ne
pourrait pas fonctionner une minute sans une intervention importante du
collectivisme, de ce collectivisme qui est principalement incarné par l’Etat et
par tous ces organismes paraétatiques qui, même
simplement pour mieux servir les intérêts généraux de la bourgeoisie,
sont obligés d’échappe, dans une certaine mesure, à la logique du produit
individuel et à ses impératifs.
Sans
l’Etat, il n’y aurait pas, en France, d’éducation, de routes, de système de
santé, pas plus que d’aménagement du territoire ou d’urbanisme. Il n’y aurait
même pas de production de charbon, de
gaz et d’électricité, de transports publics. Même les Etats-Unis ne font pas
confiance aux seules lois du marché pour la conquête de l’espace ou pour les
recherches fondamentales.
Oui,
la tendance à la collectivisation prend une source dans le développement de
l’économie capitaliste elle-même. Mais elle se manifeste de façon contradictoire,
insatisfaisante, conflictuelle car, en fin de compte même l’Etat, même les
organismes ou les institutions qui sont censés représenter ce qui est, en
quelque sorte, collectif dans les intérêts de la bourgeoisie, finissent
toujours par se soumettre aux intérêts particuliers.
D’où
l’abandon progressif et brutal en cas de difficultés économiques de ce qui n’est
pas prioritaire du point de vue des intérêts capitalistes privées : les
services publics, les protections sociales en premier lieu.
Extrait de l'intervention d'Arlette Laguiller du vendredi 14 février 1992 à la Mutualité : "Le communisme est toujours l'avenir du monde !"
Lire les autres extraits :
Extrait de l'intervention d'Arlette Laguiller du vendredi 14 février 1992 à la Mutualité : "Le communisme est toujours l'avenir du monde !"
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