mercredi 24 novembre 2010

:: "Nombres d’intellectuels croient encore que la révolution provient de la diffusion d’idées révolutionnaires..."

"Nombres d’intellectuels croient encore que la révolution provient de la diffusion d’idées révolutionnaires qui s’emparent finalement des masses et les poussent à l’action décisive. Dans cette optique, la culture serait génératrice de la révolution, ou du moins, la novation culturelle engendrerait, à plus ou moins long terme, le processus révolutionnaires ; par là même, les intellectuels auraient une mission capitale dans un tel développement historique [...]. Pour le matérialisme historique, [...] la révolution surgit spontanément du mouvement des masses lorsqu’il en vient à se heurter frontalement aux institutions existantes et, à travers elles, au pouvoir de la classe dominante. Certes, Marx a écrit dans une œuvre de jeunesse : « la théorie devient force matérielle dès qu’elle pénètre les masses ». Mais il a de multiples fois précisé qu’une telle théorie ne pouvait germer que sur le terrain constitué par les intérêts, les revendications et les aspirations de classe des masses exploitées et opprimées. De plus, il a consacré, à partir des années 1846-1847, toute son énergie à la construction du parti ouvrier révolutionnaire mondial destiné à transformer la prolétariat de « classe-en-soi » – exploitée et idéologiquement dominée par la bourgeoisie – en « classe-pour-soi » – capable de renverser le mode de production capitaliste et de construire ensuite la société sans classe et sans Etat du communisme. [...] Pour le matérialisme historique, la conscience révolutionnaire, loin de provenir de la propagation d’idées révolutionnaires, résulte d’un effort incessant pour les acquérir en liaison étroite avec le travail de construction d’une organisation de combat".
[Pierre Fougeyrollas, Sciences sociales et marxisme]

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