lundi 19 décembre 2011

:: Les perspectives communistes sont-elles plus utopiques qu'au temps de Marx ?


Les perspectives communistes sont-elles plus utopiques qu'au temps de Marx ? Sûre­ment pas !
Les conditions matérielles du communisme sont plus mûres aujourd'hui que jamais. Les capacités productives de l'humanité sont infiniment plus grandes non seulement qu'au temps de Marx mais même qu'au temps de Lénine.
La production est depuis longtemps internationalisée. Pour coordonner les activités de leurs entreprises ou pour des opérations financières spéculatives, les grands trusts et les grandes banques ont mis en place des moyens techni­ques et organisationnels considérables. Une centralisation à l'échelle du monde. Des satellites pour surveiller la végétation et prévoir les récoltes. Un réseau dense de moyens de transport. Des moyens de communication puis­sants, permettant de transmettre instantanément une quantité colossale d'in­formations d'un bout à l'autre de la Terre.
Les trusts l'ont fait pour piller la planète.
Mais les mêmes instruments, sous le contrôle du prolétariat, pourraient constituer un formidable instrument d'organisation économique.
Oui, l'humanité n'a jamais autant eu la possibilité matérielle de se donner une organisation sociale où l'égalité ne soit plus un mot mensonger pour masquer la toute-puissance de l'argent. Sa réalisation dépend exclusivement de la rapidité avec laquelle le prolétariat retrouvera sa confiance en lui-même, sa combativité et la conscience de son rôle historique.
Œuvrer pour cela, voilà la tâche fondamentale du mouvement commu­niste.
Et j'ai confiance en sa renaissance. Il renaîtra pour la bonne raison que l'idéal communiste n'est pas mort. Il existait avant l'Union soviétique et, si elle meurt vraiment, il lui survivra.
L'idéal communiste est vivant, de toute façon dans le cœur des hommes, dans leur sens de la justice sociale, même s'ils n'appellent pas cela «commu­nisme», même s'ils n'en tirent pas toutes les conséquences politiques.
Ces sentiments sont ceux de la solidarité, de la fraternité et du collecti­visme. Le communisme, ce n'est pas seulement une façon d'organiser l'éco­nomie. C'est surtout une autre façon de vivre.
Un des pires méfaits du capitalisme, c'est qu'il démolit le sens de la col­lectivité, qu'il fait de l'individualisme, de l'égoïsme, du «chacun pour soi», du «que le plus fort gagne», les vertus cardinales de la société.
Le communisme, c'est lorsque l'homme pourra vivre pleinement comme membre d'une collectivité où chacun aura droit à la solidarité et à la fraterni­té, où les individus trouveront d'autant plus facilement leur place qu'ils sont différents et donc complémentaires. Et c'est cette vie collective qui permettra d'utiliser toutes les intelligences, toutes les compétences, et qui provoquera un essor de la culture et de la civilisation humaines, dont on ne peut avoir aujourd'hui qu'une très vague idée.
Et le prolétariat qui fera triompher un jour l'idéal communiste, n'est pas moins nombreux que dans le passé. Il est, au contraire, plus nombreux car il y a aujourd'hui des prolétaires partout dans le monde.
Le prolétariat n'a pas perdu, non plus, sa force sociale, sa concentration, sa position au cœur de la production capitaliste, partout, dans l'industrie, sur les chantiers, dans les transports, dans les banques. Collectivement, la classe ouvrière est en situation de tout contrôler et diriger.
Alors, la remontée de la combativité ouvrière est inévitable. Regardez d'ailleurs comment les hommes politiques de la bourgeoisie deviennent pru­dents dès que s'amorcent des mouvements susceptibles d'échapper au con­trôle des centrales syndicales. Car ils ne peuvent pas savoir si des coups de colère même sporadiques et limités n'annoncent pas une future explosion sociale.
Que les bourgeois, que ceux qui fabriquent l'opinion, qu'ils soient payés pour cela ou simplement stupides, continuent donc à enterrer et réenterrer le communisme, comme ils le font d'ailleurs depuis des dizaines d'années, qu'ils s'amusent à parler de vieilleries à propos d'idées qui ont pourtant été engendrées par ce même capitalisme qu'ils trouvent tellement moderne !
Oui, le communisme se fraiera un chemin. C'est inscrit dans l'évolution de l'économie comme de la société. Il le fera au travers des hommes car ce sont les hommes qui font leur propre histoire.
Pour notre part, nous avons fait le choix de rester fidèles à ces idées communistes, même pendant cette période passagère de l'histoire où elles sont très minoritaires. Nous l'avons fait pour les mêmes raisons que des générations successives de militants l'ont fait depuis un siècle et demi.
L'avenir dira si notre génération sera utile à la cause du communisme simplement en transmettant aux générations futures des traditions qui facili­teront les luttes de demain, ou alors si nous aurons la chance d'être les com­battants de ces luttes.
Mais ce que nous savons, c'est que nous travaillons pour l'avenir. Car l'avenir de l'humanité, c'est le communisme.

[extrait de : "L'avenir de l'humanité, c'est le communisme". Meeting d'Arlette Laguiller novembre-décembre 1993]


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