samedi 5 septembre 2015

:: 27 juillet 1953 : fin de la guerre de Corée. La partition de la péninsule imposée par les États-Unis

Le 27 juillet 1953, la signature d'un simple armistice mettait fin à la guerre de Corée en confirmant la division de la péninsule en deux territoires. Elle avait commencé trois ans plus tôt, quand la Corée du Nord comme celle du Sud entendaient imposer par la force la réunification du pays. Mais ce conflit Nord-Sud était dominé par d'autres enjeux, ceux du conflit entre les États-Unis et l'URSS qui menaçait de se transformer en un conflit mondial.
 
Sous la férule impérialiste

En 1916, les États-Unis avaient garanti leur mainmise sur les Philippines en abandonnant la Corée au Japon, qui en avait fait sa colonie. L'impérialisme japonais en avait pillé les matières premières, mais il y développa des industries, si bien qu'en 1945 la Corée était devenue la seconde économie d'Asie.
Le peuple coréen, comme d'autres peuples à la sortie de la guerre, aspirait à l'indépendance. Mais à la conférence de Yalta, en février 1945, le président américain Roosevelt avait imposé que la Corée reste sous « administration conjointe » des États-Unis et de l'URSS, alors alliés. Six mois plus tard, pour limiter l'influence de l'URSS, Washington imposait la partition de la péninsule en deux zones, de part et d'autre du 38e parallèle.

Dès la défaite du Japon, la République populaire fut proclamée à Séoul. Les États-Unis tentèrent de reprendre le contrôle du sud, où ils rétablirent l'administration et la police de l'époque japonaise. Ils interdirent les comités populaires, les organisations communistes, les syndicats et arrêtèrent en masse leurs militants. Ils installèrent la dictature de Syngman Rhee avec l'accord des grands propriétaires. En 1946, pendant des mois, l'armée américaine réprima sans ménagement le soulèvement des ouvriers et des paysans.

Au nord, le régime de Kim Il-sung, soutenu par l'URSS, puis par la Chine à partir de 1949, lança une réforme agraire et nationalisa les industries japonaises, tandis qu'au sud le régime défendait les grands propriétaires et réprimait la contestation populaire.

Les conflits frontaliers entre les dictatures du Nord et du Sud étaient incessants. La guerre éclata le 25 juin 1950 avec l'invasion de la Corée du Sud par les troupes nordistes. Pour se justifier, les dirigeants nord-coréens arguèrent d'une attaque du Sud quelques jours avant. Syngman Rhee n'était en effet pas avare de déclarations va-t-en-guerre.

Quant aux États-Unis, ils soufflaient le chaud et le froid. On était au début de la guerre froide. La politique américaine était celle du containment (l'endiguement), visant à empêcher toute avancée du « communisme ».

Le déroulement de la guerre

De juin à août 1950, l'offensive nordiste balaya les forces sud-coréennes et américaines, les repoussant jusqu'à la ville portuaire de Pusan à l'extrême sud-est de la péninsule. Mais les États-Unis, mandatés par l'ONU, réagirent. Le 15 septembre, à la tête d'une coalition de seize pays, dont la France, le général MacArthur lançait la contre-offensive. Avec le soutien de son aviation et de sa marine, il débarqua des troupes à Inchon, non loin de Séoul. Le 28 septembre, Séoul était repris, et le 30 les Nord-Coréens reculaient au-delà du 38e parallèlle, repoussés jusqu'au fleuve Yalou, frontière naturelle entre la Chine et la Corée du Nord.

MacArthur vit dans cette facile reconquête l'occasion d'infliger une défaite totale au « communisme ». Il plaida auprès de l'administration du président Truman le droit de franchir la frontière chinoise et de lancer des bombes atomiques sur le territoire de la Chine. On craignit alors une nouvelle guerre mondiale.
La Chine de Mao ZeDong réagit et mobilisa des centaines de milliers de soldats. Le 4 janvier 1951, les forces sino-coréennes reprenaient Séoul pour un temps. En mars-avril 1951, on était revenu au point de départ. MacArthur fut destitué. Des négociations s'ouvrirent qui allaient piétiner pendant deux ans, tandis que les opérations militaires se poursuivaient de part et d'autre. Finalement, l'armistice du 27 juillet 1953 reconfirma pour l'essentiel l'existence de deux Corée séparées par une zone démilitarisée au niveau du 38e parallèle.

Au moins un million de Coréens, et certainement bien plus, périrent durant cette guerre. La péninsule était dévastée, et particulièrement le Nord, qui supporta des bombardements incessants de l'aviation américaine. Près de 9 000 usines furent détruites, plus de 600 000 maisons, 6 000 écoles et hôpitaux, les ponts, les routes. On estime que 40 % du potentiel industriel de la Corée du Nord, plus industrialisée que le Sud, alors plutôt agricole, auraient été ainsi détruits.

À partir de là, et avec le soutien financier massif des États-Unis, la Corée du Sud distança le Nord, d'autant plus que ce dernier subissait un embargo l'isolant du marché mondial. La Corée du Nord survécut un temps avec l'aide de la Chine et des pays d'Europe de l'Est. Mais le rétablissement de relations entre la Chine et les États-Unis, puis la fin des régimes staliniens en Europe rendirent la situation dramatique pour la Corée du Nord. La pénurie énergétique entrava le fonctionnement des infrastructures. De mauvaises récoltes entraînèrent de graves pénuries alimentaires. Tout cela n'empêche pas Washington, jusqu'à aujourd'hui, de présenter ce pays exsangue comme une menace pour le monde entier !

Jacques FONTENOY (LO n°2350)

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